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La Dimension du sens que nous sommes

Je suis debout, Lucien Suel

19 Mars 2015 , Rédigé par texte critique Publié dans #poésie

 

lucien-suel-debout.jpgCut-up. Et puis toutes les formes possibles de l’art poétique pour évoquer d’abord les paysages du Nord, des terrils aux bocks de bière, de la Beat génération à la génération sms. Recueil inauguré par de la prose : les mines de charbon comme une histoire que l’on pourrait, que l’on devrait raconter, tenir, penser. Et bien au-delà, les corons de Transvaal, les mines du roi Salomon ou celles de Johannesburg, tous les crassiers du monde convoqués, Dylan pour mémoire : «How many years», etc. … Schiste rouge, schlamm noir, on tourne la page et le poème s’écrit en pyramide, le terril lui-même, monument de papier avant de revenir au récit de l’antan ouvrier, les rails disparus, l’acier démonté, fondu, recyclé. Avec tout autour la vie disparue, celle des usines, des bars, du cinéma de quartier.  «Le terril est devenu un temple maya fréquenté par des lapins». C’est superbe, jamais gratuit, ludique et grave, prenant, poignant, profond et impalpable, pesant de tout son poids de conscience sociale. Avec en arrière-plan désormais un paysage recouvré en espaces de loisir qu’il se refuse à abandonner. Les formes du dire démultipliées pour raconter ce qui n’est plus, tenter de faire ré-advenir à l’être une émotion, alors que les autorités n’ont songé qu’à déblayer le terril pour combler les ornières des routes inutiles. Plus loin la liste des mineurs morts dessous la terre, le rock en arrière-fond, comme leur écho rebelle. Lucien Suel déambule. Sa vie, ses lectures, Bukowski en sonnet, Guy Debord, insatiable promeneur. De l’humour à revendre qui ouvre aux libertés que le langage autorise, creusant l’âpre d’un mot, le gourmand d’une rime, la fébrile fissure du poème laissant derrière elle cette longue traînée dont nous ferons ou non une émotion. Tout une vie plus qu’un monde, à observer les choses dans leur heureuse cacophonie.

  

Je suis debout, Lucien Suel, La Table ronde, coll. Vermillon, mars 2014, 150 pages, 16 euros, isbn : 978-2710370796.

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L
Un simple merci pour avoir partagé votre enthousiasme à la lecture de "Je suis debout", et mes amitiés. L.S.
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T
<br /> <br /> que répondre à un poète tel que vous ? Merci à vous d'avoir écrit !<br /> <br /> <br /> <br />