L’amitié –φιλία-
Le muret, l’arbre Renaissant sur la gauche. Torses penchés - au contrebas de l’esplanade, ce que l’on ne voit pas. La colline sur la droite sous le ciel fissuré, et leurs regards que l’on ne peut scruter mais que l’on imagine, deux amis de dos, leurs regards d’hommes libres aperçus à l'origine de l’œuvre. Ils ne sont plus la proie des choses. Pas même celle du peintre à qui ils tournent le dos. Ils accueillent un événement infime, s’en délectent sans trouble, sereins. Dans cette pleine tranquillité de l’âme -ἀταραξία (ataraxie)-, la vie a pris sens. Ils se tiennent par le bras, bienveillants et intimes - ce qui est la définition même de l’amitié selon Aristote. Leur regard dénombre le monde, un regard tellement effectif en fin de compte, dans sa présence invisible, jamais révélé à notre vue baignant au cœur du silence qui se déploie dans ce moment vacant, le ciel vide, moins démonstratif qu'étendu dans la douceur toscane. Ils ne font rien, qu’être là. Où faire n’entre pas. Détendus. Oisifs.
Le temps perdu engage l’ouvert de l’Homme
ponctué d’instants domestiques, on l’imagine volontiers, avant ou après l’instant pictural, à chiner les boutiques ouvertes sur la rue, le boulanger, le libraire, le fleuriste élevant la vue. L'amitié dans le regard d’un passant,
considérable.
Ils sont amis, pelotonnés dans ce déversement de douceur si dense et si réelle, qui ne se manifeste pourtant ne se déploie jamais aussi pleinement que dans ces ébauches, la touche d'un regard, l’esquisse d'un geste, l'amorce d'un sourire. Jamais aussi présente que dans ce vide entre les corps où s'invente le mouvement par lequel un homme vient à surgir, embrassant bientôt sur le rebord des cils un regard, pour l’exposer à l'injonction la plus intime de son être.
Il n’y a pas d’issue quand il n’y a d’autre issue que soi au monde.
Qui le découvre franchit l’immensité.
L'amitié, contour fécond où prend forme et nom la personne, à travers cet autre qui la regarde et qui la voit, qu’elle accueille et qu’elle convie. Non pas dans ce face à face stérile du dispositif de la conversation française, mais dans cette circulation de la parole qu’énoncerait par exemple le cinéma japonais lorsque, enfin, on se décide à parler "avec" quelqu’un, plutôt qu’à. A côté donc, plutôt que devant. L’amitié comme parole en partage, fragile, offrande mutuelle d'autant plus noble qu'elle est gratuite.
La philia (φιλία), pour tout dire, en ce qu’elle fait l’économie de l’intérêt servile -elle ne manque de rien, puisqu’elle est joie d’aimer dans l’ouverture de soi au monde.
Et puis enjamber les siècles pour croiser Saint Paul, enrichissant la philia de l’agapè -ἀγάπη- qui plus profondément encore est don non contingent, pur lègue au crédit d’une dépense sans retenue. L’agapè dont nous avons perdu le sens, creuset de toute chaleur, qui nourrit le désir de l'ecclesia, cette communauté au sens encore où Saint Paul l'entendait, qui rend la cité enfin possible, dans l'égalité des êtres, cette égalité que les grecs refusaient - et là ça change tout : bras par dessus l’épaule dans la mirée du monde que l’on découvre enfin vraiment. Monde dans lequel désormais mon prochain peut être n'importe qui au sein de l'ecclesia qui se définit comme un monde démocratique et non plus aristocratique - celui des grecs juchant l'amitié sur les épaules du même. Il faut donc croire à ce sourire de l'esprit qui élève l’être, mais y croire dans un horizon qui n'est plus celui des grecs mais celui inventé par les chrétiens des premiers siècles, où l'amitié peut s'énoncer pleinement et pleinement accomplir ce pour quoi on la voulait faite : la foi de l'homme en son humanité. --joël jégouzo--.
Détail, Domenico Ghirlandaio (1449-1494), Visitation de la Vierge à Sainte Elisabeth, Basilique S.M. Novella.
Bonne année, heureuse comme un temps à partager, un moment affectueux - agapètiko.
OTTO GROSS : PSYCHANALYSE ET REVOLUTION
"La psychologie de l’inconscient est la philosophie de la révolution", affirmait le plus tranquillement du monde Otto Gross, l’enfant terrible des pères fondateurs de la psychanalyse viennoise. La psychanalyse, école de la Révolution ? Mais alors : permanente. Presque au sens où un trotskiste saurait l’entendre : Otto Gross était persuadé que toute l’éducation reposait non seulement sur le refoulement, mais sur la soumission des passions, et que ce refoulement était le produit d’un système culturel qu’il fallait d’abord déconstruire si l’on voulait permettre aux individus de libérer en eux l’éros créateur. Il fallait d’abord changer le monde si on voulait changer l’homme. Mais pour y parvenir, il fallait former des caractères anti-autoritaires capables de mettre à bas les structures répressives de la société patriarcale. Pour ce faire, il existait au sens d’Otto Gross deux alliés de premier plan : les femmes tout d’abord, sur qui s’abattait la plus forte répression sexuelle de la société, et les enfants. Les femmes, c’était annoncer là tout le programme de la gauche freudienne des années à venir, qui vit dans la montée en puissance du combat des femmes pour leur émancipation la possibilité concrète d’une révolution non seulement sexuelle, mais sociale.
Les enfants, parce que pour Otto Gross, le vrai problème n’était pas d’ordre sexuel, mais subjectif : la solitude était le vrai lieu de l’aliénation humaine. Parce que l’enfant est tout entier tournée vers la demande de contact, tant physique que psychique, qui le place dans une situation de dépendance totale vis-à-vis d’autrui, la solitude devenait le vrai obstacle à son épanouissement. En elle s’enracinaient toutes les angoisses névrotiques à venir, qui verraient la pulsion du moi se retourner contre elle si rien ne venait lui barrer la route. La sexualité même de l’enfant soumis à la terreur de la solitude pouvait s’égarer dans l’acceptation du chantage affectif, dont la demande morbide pouvait ainsi le conduire à adopter des réponses masochistes, ou sadiques lorsque cette angoisse rencontrait sur son chemin la volonté de puissance. Malades d’une société qui isole, nos enfants oscillaient ainsi fatalement entre masochisme et sadisme. Otto Gross devait non pas en faire la démonstration magistrale, mais l’étude intelligente au travers de ses recherches sur le masochisme féminin. Malades de la société… On voit se profiler là les thèses de Rousseau, Otto Gross les réactualisant pour dessiner assez étrangement les contours d’un âge d’or de l’humanité, situé dans la préhistoire humaine et les vertus d’une sorte de communisme primitif, le conflit intérieur, propre à chacun, s’énonçant finalement comme celui entre l’inné et l’acquis…
Cela dit et malgré cette réserve, on lui doit de superbes pages sur le sens de l’éducation à offrir aux enfants : "L’amour doit être prodigué à l’enfant absolument sans condition et sans aucun lien, même en apparence, avec une exigence de quelque ordre qu’elle soit, comme une pure approbation de l’individualité pour elle-même dans toute son originalité naissante". --joël jégouzo--.
Psychanalyse et révolution, Otto Gross, traduit de l’allemand par Jeanne Etoré, préface de Jacques Le Rider, éd. du Sandre, août 2011, 230 pages, 22 euros, ean : 978-2-35821-061-4.
CYRULNIK, ONFRAY ETLA PSCHYCANALYSE
Etrange échange entre Boris Cyrulnik et Michel Onfray, dans une langue si peu académique. Le ton est léger, presque badin, à micro ouvert devant une salle conquise. Rien de châtié, un témoignage enjambant l’autre, Boris Cyrulnik racontant son entrée en psychanalyse, distillant des souvenirs parfois truculents, les aventures de la psychanalyse en France, à l’époque où elle cherchait à s’inscrire comme discipline plutôt que mouvement, peut-être à tort, songe Cyrulnik. Un Cyrulnik défendant tout de même au plus près de son vécu la psychanalyse, même si elle ne peut se targuer d’être une science, et Freud dans la foulée, malgré ses errements. Les sciences ne démarrent-elles pas toujours dans l’incertitude et dans la tricherie ? On arrondit les angles, on arrange, on exclue des publications ce qui gêne la démonstration… Cyrulnik se fait volontiers taquin à dévoiler les origines éthologiques de la psychanalyse, avant de parcourir avec malice la bibliothèque de Freud, pleine d’ouvrages philosophiques, Schopenhauer à l’évidence, annoté, Freud récupérant le concept d’inconscient de ses lectures, et quand même bien ? Un Cyrulnik décrivant l’histoire de la psychanalyse comme celle d’une passion dont ses acteurs ne se seraient jamais lassés. Ni son public, dès le départ au demeurant, Freud connaissant un succès immédiat et bâtissant ensuite la légende de l’adversité.
Au terme de l’échange, il reste les interventions passionnées de Cyrulnik, livrant presque ici une sorte d’autobiographie parlée. Un Cyrulnik moqueur des dérives que la psychanalyse aura connu, mais soucieux d’en affirmer l’efficacité. Ne serait-elle qu’un mythe, cela suffirait affirme-t-il : elle est à notre mesure et soigne, même si l’on ne sait pas comment. La cure ? une aventure. Une foi si l’on veut à l’entendre, une croyance peut-être, mais on peut guérir d’une dépression. Un changement de représentation de soi peut s’opérer dans cette élaboration qui s’organise lentement autour du tiers analysant. Et qu’importe que ce travail de la cure ne concerne que de très loin celui de la théorie. Elle soigne, rétorque Michel Onfray, à la manière d’un ex-voto confié à quelque chapelle obscure. Mais peut-être moins, croit-on percevoir dans ce discours, que ne le faisait la philosophie de l’Antiquité grecque, que Michel Onfray, dangereusement, définit comme une thérapie. Parce qu’elle produit un discours sur le monde et sur l’homme, et que ce discours peut déclencher de vraie crise de représentation, il ouvre au possible de la conversion. Mais une étrange conversion dans son propos, qui fonde la vie philosophique sur la droiture morale construite en point de fuite à la vision philosophique… "La philosophie n’est pas faite pour les philosophes, elle est faite pour les gens qui veulent construire une existence, qui veulent une existence droite"… (souligné par moi). Quid alors des cyniques grecs, qui se seraient faits volontiers plus chiens encore à l’attendu de ce discours ? Quid de l’école de Platon, si élitiste et si rétive à ce partage du sens philosophique ? Que notre culture ait besoin de psychanalyse, voilà qui nous mettra d’accord avec Cyrulnik. Parce que les lieux où l’on ne sait plus parler, où l’on parle avec difficulté, ceux de la famille en particulier, ont ouvert une béance dans notre relation à nous-même. Et qu’importe, conclue cyrulnik, si une partie de la psychanalyse peut devenir scientifique, alors qu’une autre n’a pas besoin de science pour fonctionner : " c’est avec des récitations partagées qu’on fait de la culture ", la psychanalyse en est l'écho. --joël jégouzo--.
CYRULNIK - ONFRAY / DEFENSE ET CRITIQUE DE LA PSYCHANALYSE, BORIS CYRULNIK - MICHEL ONFRAY, Direction artistique : Lola Caul-Futy Frémeaux, Label : FREMEAUX & ASSOCIES, 2 CD-rom.
QUE DIT L’ŒUVRE DE FREUD SUR LE PLAN DES IDEES ? (LUC FERRY)
C’est sous l’angle de la conception que Freud se fait de la condition humaine et non sous celui de l’étiologie des maladies mentale, que Luc ferry entreprend de comprendre et d’expliquer l’œuvre de Freud. Approche de philosophe donc, contournant les difficultés d’un affrontement à la validité scientifique de l’œuvre, tout comme renonçant à chercher dans l’auteur les raisons de sa démarche. Raisons judicieusement écartées, à l’inverse de Michel Onfray, publié par le même éditeur (Frémeaux), qui s’était ingénié à passer par la biographie pour expliquer l’œuvre, construisant une lecture généalogique souvent douteuse. Car après tout, que Freud ait couché avec sa belle-sœur ne nous dit rien du fond de sa pensée…
Au demeurant, la méthode généalogiste, comme le rappelle intelligemment Luc ferry, n’a jamais réussi à démontrer quoi que ce soit : prétendant bâtir sa légitimité de ce que tout discours ne soit qu’un masque, elle n’est à tout prendre qu’un masque supplémentaire ajouté à ceux qu’elle validait.
Luc Ferry donc, au rebours de Michel Onfray, ne mâche pas ses compliments à l’égard de Freud. Il voit même dans son Introduction à la Psychanalyse un chef-d’œuvre de profondeur philosophique et de pédagogie scientifique.
Dans ce chef-d’œuvre, c’est moins la théorie de l’inconscient dynamique qui le retient, partagée en effet par nombre de contemporains de Freud et devancée par non moins autant de penseurs avant lui, que sa construction des trois instances de la personnalité humaine, à son sens vraie description de notre condition, tragique par excellence dans les convictions de Freud. Au passage, Ferry égratigne encore Onfray en récusant ses réductions de la libido freudienne à la génitalité, le coup de génie de Freud ayant été de décrire la libido dans son développement temporel, ici étonnamment expliqué à travers la métaphore de la migration des peuples : tout au long de son périple, un peuple en migration ne laisse pas que de s’égarer même s’il se reprend continuellement, et en chemin, d’abandonner sur le bord de sa route comme des points de fixation (le stade oral, le stade anal, etc. …) auxquels une partie de la libido va se corréler et vers lesquels le sujet, à l’occasion de l’une ou l’autre des difficultés qu’il pourra rencontrer dans sa vie, s’il ne peut la surmonter, reviendra se fixer, comme dans une régression vers un lieu connu, jouissif, où vivre l’illusion d’un plaisir protecteur.
Philosophe, Luc Ferry relève aussi le défi de penser le sens du vrai en psychanalyse, argumentant ici son approche en l’appuyant sur les deux fondements métaphysiques de la notion de vérité, pour conclure que la psychanalyse si, à l’évidence, ne peut être considérée comme une science exacte, n’en est pas pour autant une métaphysique. Elle ne l’est pas au sens où, par exemple, la vérité se conçoit dans la métaphysique comme adéquation entre la chose et le jugement, bien que l’on puisse déduire de l’autre sens dévolu par la métaphysique à la notion de vérité comme a-léthéia, dans laquelle la dimension du temps entre avec force, un horizon où articuler la question du vrai en psychanalyse : la temporalité de l’analyse induit en effet l’idée d’une part qu’il ne peut y avoir de dévoilement sans la venue en présence du temps et que d’autre part, et parce qu’il ne peut y avoir de savoir absolu, l’analyste n’est pas placé dans la situation de révéler une vérité quelconque sur l’être, mais de placer une interprétation révélante. L’être n’étant pas un prédicat du concept, et parce que nous ne serons jamais dans la parfaite adéquation avec nous-même, aucun discours ne pouvant se clore dans un discours achevé, le tirer au clair de la cure ne peut fonctionner que comme une entrée en analyse, au creux de laquelle la guérison ne peut être perçue que comme un idéal régulateur.
Balayant enfin la fortune de la psychanalyse après Freud, balayage largement consacré au décryptage des discours de Lacan, Luc Ferry revient heureusement aux différences qui fondent les écarts entre le discours de la psychanalyse et celui de la philosophie. La philosophie grecque tentait de prendre soin de l’âme, non des âmes en particulier. Un soin articulé à celui de la pensée, du jugement. Un soin tentant de fonder une réflexion sur le sens et les dimensions de la Vie Bonne, mais à la différence de la psychanalyse, un soin qui n’était pas consacré aux âmes, en ce sens que la psychanalyse, elle, lutte contre des angoisses pathologiques qui naissent de conflits psychiques. Et si les philosophes semblent eux aussi s’occuper de certaines de nos angoisses, c’est exclusivement dans leur dimension métaphysique, comme dans la question de la finitude de l’existence humaine. Une angoisse, certes, mais qui n’est en rien pathologique, même si elle peut s’actualiser dans une angoisse psychologique. --joël jégouzo--.
SIGMUND FREUD, UN COURS PARTICULIER DE LUC FERRY, LA PENSÉE PHILOSOPHIQUE EXPLIQUÉE, LUC FERRY, Direction artistique : CLAUDE COLOMBINI FREMEAUX, Label : FREMEAUX & ASSOCIES, 3 CD
ONFRAY : LA PSYCHANALYSE N’EST PAS UNE SCIENCE…
Michel Onfray déplorait que Freud n’ait pas enfermé son inconscient dans une définition formaliste. Il dénonçait aussi les maladresses de Freud : ce dernier avait cherché, cru trouvé, s’était repris, etc. Mais à vrai dire, il n’y avait là rien de bien nouveau pour le milieu scientifique, où la bonne compréhension n’est jamais l’état naturel dans lequel se trouve le chercheur à l’orée de vérifier ses hypothèses. En outre, du point de vue de la conscience historique, il paraît aujourd’hui difficile d’en faire le reproche à Freud : nous ne sommes plus au XVIIIème siècle, qui se plaisait à construire des systèmes rationnels auxquels prêter une validité universelle. Un Dilthey en avait déjà ruiné l’illusion : les notions de causalité ne sont guère que des résidus d’abstraction. Et si l’univers n’est pensable, ce n’est pas parce qu’il serait essentiellement raison, mais bien plutôt parce que nous lui cherchons des raisons d’être ce qu’il est. Raisons qu’il n’est enfin pas si aisée d’établir : les catégories de cause ne sont jamais totalement claires à l’intelligence. Ainsi, la validité des déductions logico-mathématiques doit-elle être proposée avec humilité, une instance non rationnelle se trouvant toujours dissimulée dans le concept de rationalité, ainsi que l’avait démontré Heidegger.
Reste à savoir si la psychanalyse est ou peut devenir une science… Non au sens des mathématiques, mais à celui des sciences de la nature, qui s’appuient sur un raisonnement par induction, l’observation, dont on essaie de tirer quelques lois plus générales. De ce point de vue, l’objection de Hume pourrait paraître pertinente, pour qui toute science était une croyance, dans la mesure où elle se fondait sur une expérience qu’elle prétendait ensuite généraliser. Karl Popper, on le sait, avait brillamment contourné l’aporie : le but de la science, énonçait-il, est de faire des hypothèses qu’on essaie ensuite de vérifier et, surtout, de réfuter -ou falsifier plutôt : la falsification ouvre la possibilité de conclusions valant certitudes. Dans ce système de pensée, on le voit, une dissymétrie s'incise entre la certitude qui porte sur la vérité et celle qui porte sur l’erreur : cette dernière est totale. Mettre en place un système de falsification est ainsi constitutif de la vraie démarche scientifique.
Or la psychanalyse n’est pas falsifiable : elle génère toujours des hypothèses ad-hoc a posteriori pour contourner une difficulté, rajoutées ensuite à la théorie pour la vacciner. Comme le suggère Onfray, oui, la psychanalyse a raison à tous les coups. Ce qui la condamne aux yeux d’un Popper, ou du moins, ce qui prouve qu’avec la psychanalyse on n’a pas affaire à une théorie scientifique. Pour autant, cela ne veut pas dire que la psychanalyse soit sans fondement théoriques possibles. Car à ce titre, l’économie également ne serait qu’une métaphysique… Or tout comme dans le cas de l’économie, une grande part des énoncés psychanalytiques ne peuvent être totalement soustraits de leur poids et de leur efficacité. La seule conclusion à tirer, c’est qu’il faut garder une certaine prudence vis-à-vis des énoncés psychanalytiques. Les neurosciences par exemple, ont permis de relativiser les études de Freud sur le lapsus. Mais non de les passer par pertes et profits.
Quant au transcendantalisme de Michel Onfray, qui se complaît à chercher un bruit lointain dans la raison du devenir freudien, pour le dire en employant une image propre au vocabulaire des astrophysiciens, il n’est pas non plus exclu qu’il n’ait quelques raisons de le faire : l’universalisation du modèle psychanalytique répond peut-être à un besoin humain profond dont on aurait sans doute intérêt à comprendre pourquoi il fonctionne sur ce mode et sous ce modèle, plutôt que sous celui de la Tragédie grecque par exemple, ou du discours philosophique. Pour le dire autrement : pourquoi, par exemple, vaut-il mieux que la psychanalyse soit une thérapie, plutôt que la philosophie ? --joël jégouzo--.
CONTRE HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE VOL 15 et VOL 16, FREUD (1) et (2) PAR MICHEL ONFRAY, Direction artistique : PATRICK FREMEAUX
PLATON, PERIPATETICIEN DEGRISE (SLOTERDIJK)
Dans son dernier ouvrage, Sloterdijk ne cache pas les affinités quasi existentielles qu’il entretient avec la pensée de Platon. Un Platon très singulièrement recouvré en réalité, celui dont on il croit devoir ré-avancer que les procédures de pensée sont au fond très proches de celle de la psychanalyse et qu’elles pourraient nous être très utiles aujourd’hui, ne serait-ce que dans la convocation des scènes primitives qui en traversent le théâtre. Tout le monde a en effet à l’esprit le mythe de la caverne de Platon, avec au delà du dispositif, la douloureuse révélation pour l’être humain de devoir toujours compter en toute chose avec un supplément d’obscurité. Car si Platon avait assigné pour tâche à la philosophie d’éclairer la pénombre dans laquelle nous vivons, du moins avait-il aussi consigné la tragédie de ne pouvoir faire mieux qu’éclairer faiblement cette scène sans parvenir jamais à l’éclairer tout à fait. Il nous resterait en somme l’ivresse sobre du philosophe platonicien, cette lucidité critique qui ne cesse de nous conduire de déconvenue en désenchantement, instillant de la lumière, certes, mais comme venue d’un ailleurs inaccessible et fournissant ainsi les arguments au dégoût de la philosophie elle-même, tout comme de l’homme à lui-même –ce même dégoût central dans toutes les doctrines fascistes…
Rien d’étonnant alors à ce que Sloterdijk parle de l’école platonicienne comme celle d’une pédagogie de la distinction. Rien d’étonnant à ce qu’il décrive le projet originel de la philosophie non comme celui d’éduquer mais celui de fabriquer de la distinction entre les êtres. Et qu’il nous décrive la philosophie non comme une source de savoir, mais de conversion. Une conversion au dégrisement : après Platon, que vaudrait la pensée philosophique ? Des bibliothèques de plus en plus nombreuses, certes, mais pas d’illumination. Il faudrait alors, nécessairement, en revenir à Platon qui se tient sur le seuil, entre l’oral et l’écrit, entre la poétique et la poésie, pour évaluer ces certitudes supplémentaires que la philosophie nous aurait apportées, sans aucun savoir nouveau pour les soutenir. Il faudrait recommencer à penser. Depuis Platon. Avec Platon. En disciples. Dégrisés enfin, pour ne pas recouvrir de nos voix bêlantes l'étalage des planètes... --joël jégouzo--.
Tempéraments philosophiques : de Platon à Michel Foucault, de Peter Sloterdijk, traduit de l’allemand par Olivier Mannoni, Libella-Maren Sell Editions, Collection : ESS.DOCUM, nov. 2011, 155 pages, 18 euros, ean : 978-2355800283.
LE TEMPERAMENT POLITIQUE DE PETER SLOTERDIJK
Peter Sloterdijk fait paraître un ouvrage très intéressant, sous le couvert de réflexions philosophiques, pour témoigner, avec toute la force de son autorité de ses convictions politiques. Mais tout en douceur, sinon dissimulation, sous la forme d’une méditation plus que d’une réflexion, émaillées de vignettes philosophiques qui voudraient prendre le contre-pied du genre, se refusant à donner des leçons de philosophie. Il livre tout de même un ouvrage qui permet de parcourir les grandes étapes de la pensée philosophique, antique et moderne, articulées par les principaux auteurs de cette histoire, selon Sloterdijk évidemment, mentionnant un Sartre ou un Foucault mais ignorant Derrida. Un livre donc tout à la fois différent de ce que l’on publie désormais, mais y ressemblant fort, manuel de rattrapage philosophique, d’un niveau certes plus conséquent que ces philosophies pour les nulles qui encombrent les rayons des librairies. Car ce texte est aussi une vraie prise de position, tant philosophique qu’idéologique. Un texte qui se veut donc à contre-courant de ce qui se fait en la matière aujourd’hui, refusant cette littérature secondaire qui prétend discipliner nos esprits navrés, celle des BHL, Onfray, Ferry et on en passe, philosophie de commentaire qui n’a de cesse de faire disparaître les textes originaux sous des gloses plus rutilantes que brillantes. Un livre qui refuse ainsi de s’inscrire dans cette typologie du commentaire, mais qui parfois n’y échappe pas, dès l’entrée Platon par exemple, reconstruit comme à l’accoutumée dans l’après-coup de pseudos lectures chrétiennes, quand il n’y a pas d’anthropologie plus éloignée de la pensée chrétienne que celle de Platon, associant la chute de l’Esprit dans le corps à une Tragédie, là où les chrétiens en firent au contraire un éblouissement. Dommage que Sloterdijk, qui se donne tant de peine à sortir du commun y replonge avec fracas quand il s’agit d’évaluer l’apport de la pensée chrétienne, qui n’est du reste pas du tout l’objet de sa réflexion et dont on ne comprend pas qu’il puisse dans ces conditions l’expédier en poncifs éculés… Car associer le dédain de Platon à la matière au prétendu mépris du christianisme pour cette dernière, c’est non seulement aller vite en besogne mais s’exposer à la raillerie : si Platon opposa bien la matière à l’esprit, hiérarchisant même, à l’intérieur du méprisable, l’immonde de l’animal et de la femme au malheureux de l’être masculin victime de cette chute, le christianisme, lui, du moins celui des origines, aura fait de cette même matière le lieu mystérieux de la consécration et de la rédemption de l’humain. Etonnant même de voir, à ce propos, Sloterdijk déployer tout le vocabulaire de l’Eglise pour tenter de construire, encore une fois, une argumentation dont on se demande bien ce qu’elle vient faire là, sinon, peut-être, disqualifier à l’avance toutes les religions à travers une vision de Platon réduit à n’avoir jouer le rôle que de modernisateur des traditions chamaniques. Mais peut-être cela aura-t-il servi aussi une pensée plus sombre, restée celle-là dans le secret d’un aveu consenti du bout des lèvres, et dont les expressions les plus fortes sont, sous la plume de Sloterdijk, celles qui se rapportent au politique et qui autorisa naguère l’auteur à ne penser l’espèce humaine que sous sa condition disqualifiée au sein du "parc humain" -comme il en va du bétail. Passion au fond que les élites partagent avec lui, dans leur mépris cette fois du Peuple et de ses prétentions démocratiques. Nul n’est en effet plus éloigné que Platon de toute aventure démocratique. Rien d‘étonnant alors à ce que Sloterdijk n’ait à l’esprit que de faire à son tour reposer la vie de la cité sur des rites d’initiation. Rien de tel que de mettre en avant la pensée magique pour aider au renoncement et reconstruire la légitimité de la polis sur le refus de la polémique, du débat, de la diversité. En un mot, on le voit, la cible de cette philosophie politique n’est rien d’autre que le Peuple, auquel on ne saurait décidément confier un quelconque destin dans la cité, sinon celui de la soumission à la sagesse des élites… --joël jégouzo--.
Tempéraments philosophiques : de Platon à Michel Foucault, de Peter Sloterdijk, traduit de l’allemand par Olivier Mannoni, Libella-Maren Sell Editions, Collection : ESS.DOCUM, nov. 2011, 155 pages, 18 euros, ean : 978-2355800283.
Bréviaire des robots (Lem) 11ème voyage : la fable de la soumission…
«Nous sommes tout près d’une grande révolution sociale» (J-P Mustier)
Ce n’est pas moi qui parle, ni Mélanchon, ni un quelconque syndicat révolutionnaire, mais Jean-Pierre Mustier, l’un des barons français de la Finance Internationale. Il n’était pas réapparu en public, le patron de Kerviel à la Société Générale, très exactement depuis le procès de son ex-trader. Et c’est dans le très feutré amphi de l’école des Mines qu’il a choisi de lancer cette déclaration ahurissante, poursuivant du même ton abrupt : "Les banques ont dégagé des taux de rentabilité trop importants" (…), "Notre monde pourrait disparaître"…
Vous avez bien lu : "disparaître"… Stupéfiant même son auditoire, moins d’une centaine de dirigeants et d’étudiants compulsifs triés sur le volet, en ajoutant : "Il faudrait peut-être parler des vrais sujets -en anglais of course, langue obligée de l’école des Mines. Les bonus, c’est bien gentil, mais je crois que vous ne vous rendez pas compte que d’ici deux jours, ou une semaine, notre monde pourrait disparaître. C’est Armageddon"…
Armageddon ! A savoir : la colère définitive des Peuples excédés par tant de gabegies… Dixit un baron de la Finance Internationale…Une révolution sociale… Non pas la misère, mais la chienlit qu’il faudrait redouter ! Une révolution sociale, à notre porte, imminente… de quoi faire pâlir Merkozy et tous les journaleux qui leur servent leur soupe jour après jour, feignant d’ignorer ce genre de déclaration par trop fracassante et criante de vérité, pour nous assommer une fois de plus sous la menace qui pèse sur nos têtes, l’agence de notation Standard & Poor's annonçant dans le même temps qu’elle plaçait sous "surveillance négative" quinze pays de la zone euro, dont les six encore notés "AAA" et qu’au sein de ces six là, la France remportait la palme de la dégradation la plus sévère…
Des journaleux, toute honte bue, qui accourrait à la rescousse de Merkozy pour nous faire avaler la pilule d’un accord terrifiant, au terme duquel, c’est fait, la BCE ne pourra pas se transformer en prêteur du dernier ressort. Ce qui concrètement signifie une chose : nous emprunterons sur les marchés l’argent qu’ils ont perdu, aux taux des marchés. Ces dettes qui ne sont pas les nôtres seront renflouées par l’effort de la Nation et non leurs fauteurs privés…
Mais dans quelle fiction vivons-nous donc ? Quel est le genre de la société française, déclinée comme une fiction qui tient à la fois du roman noir et du roman de famille, au sens où Freud pouvait l’entendre, au sein de laquelle la Parole se déchire et ne sait circuler que sous les auspices des plus fourbes ? Quelle Histoire de France est-on donc en train de nous écrire ?
"L’Histoire, c’est la dimension du sens que nous sommes" (Marc Bloch)
Il faudrait alors recommencer là : dans ce qui fonde ce rapport tout à la fois individuel et collectif au sens. Et chercher à comprendre comment ce sens s’inscrit dans le présent de nos vies individuelles, tout comme dans celui de notre Histoire commune. S’y inscrit ou s’y absente. Et marteler que désormais, seule l’absence du sens est perceptible dans le champ clos de la Nation (f)rançaise (défunte).
Car à l'heure où celle-ci s’enlise dans la misère de masse, s’y englue et se ment, à l’heure où les médias, quasi unanimes, ne savent convoquer que les discours fallacieux des magnats de la Finance et de leurs sbires, sous l’œil vigilant d’intellectuels incapables de dénoncer un tel mépris ; à l’heure où le silence cauteleux des nantis ressemble à un fameux discrédit de la conscience nationale, ne pue-t-elle pas la démission, cette France de Merkozy ?
Et comment ! Le roman noir de la société française, c’est cela : son renoncement aux valeurs de justice et d’équité. Ne parlons même plus de fraternité, il n’y a plus d’instinct pour cela dans notre beau pays, où ne surnage que la cague des mots d’ordre usés jusqu’à la corde -Travailler plus ! pour mémoire, dans un pays incapable de créer des emplois… Des mots d’ordre relayés sans faiblir par des médias qui se sont faits les complices objectifs de cette chape de plomb qui écrase toute vérité sociale sous ses mensonges odieux.
Un scénario si peu convaincant au fond, mais tellement efficace quand il ne s’agit plus d’inventer mais de gérer nos fins.
La France relève désormais de la catégorie du fictionnel. Comment ne pas reconnaître le caractère imaginaire des objets qui nous sont proposés pour "faire France" ? Voyez comme le monde politico-médiatique produit cette fiction, goûtez la merveilleuse manipulation d’une crise dont les conséquences ne portent que sur les 99% de la population qui n’ont pas droit à leur part de gâteau. Ecoutez Monsieur 20 heures à sa télévision, déverser ses vérités dans une énonciation impeccable, la crise des dettes souveraines, les efforts de Merkozy pour nous sauver de la faillite, quand dans le même temps l’homme-tronc escamote les autres indicateurs qui pourraient faire sens -le chômage réel, la pauvreté, la précarité et j’en passe. Que dire de ses bouffées énonciatives, sinon qu’elles jouent bellement de l’effet de réel, mais que dans le même temps, elles ne font que bâtir une fiction qui n’articule qu’un récit hypocrite, criminel, vandale.
Vendue, la journaille !
Oui, car que conclure de la journaille, comme l’appelait Karl Kraus, l’aboyeur autrichien (quand il ne reste en France que des miauleurs), et du rôle essentiel qu’elle joue dans l’entreprise de démolition généralisée des populations françaises ? Rien, sinon qu’une caste acquise à l’économie libérale et au maintien de l’ordre financier barbare précipite la France dans son chaos balourd.
Aujourd’hui, la société politico-médiatique est une vaste conspiration contre toute espèce de vie sociale.
Il nous faudrait alors au plus vite reprendre les leçons d’un Kraus, à qui j’emprunte la formule, pour nous en sauver. A Kraus, oui, qui ne cessait d’alerter ses compatriotes dans l’Allemagne des années 1930, sur la maîtrise gagnée par les nazis dans l’art de "faire passer la bêtise, qui a remplacé la raison, pour de la raison…"
Kraus qui ne cessait de pointer l’horizon de cette entreprise de crétinisation : nous faire perdre le sens des réalités sociales. Car lorsque le discours public ne sert qu’à proférer avec un tel aplomb des arguments aussi spécieux ou à rendre honorables des idées ignobles ("travailler plus", quand il n’y a pas d’emplois), ce qu’il y a au bout, c’est bel et bien la mort collective. --joël jégouzo--.
QUE FAIRE, FACE A UNE CULTURE POLITIQUE MORTIFERE ?
Face à une culture politique qui voit l’Etat confisquer toutes les dimensions du social et du politique aux dépens de toute morale publique, et qu’au mieux l’on dénonce comme une crise normative de la société contemporaine alors qu’elle n’est qu’un accident du politique qui ne cesse de vouloir nous faire prendre son souhaitable pour le réel, que faire ?
Que faire alors que s’annonce la comédie électorale, le bluff des sondages détaillant la vacuité du politique pour ouvrir à l’incertitude d’un changement réel, tant il existe, en France, une vraie incapacité dans la succession politique à produire du neuf, et même si, à tout prendre, Hollande vaut mieux que Sarkozy ?
Changer la vie ? Mais changer la vie ou la société ne veut rien dire. Nous ne pouvons continuer de nous payer de mots quand nos destins se conjuguent au futur antérieur. Quand échanger les rôles, fussent-ils présidentiels, ne sera pas changer la société. Parce que la presse par exemple, ne sera pas davantage demain le lieu d’émergence du vrai.
Que faire alors face à la disparition d’une société que l’on ne peut plus se contenter de décrire, mais que l’on ne sait toujours pas réécrire ?
Que faire quand l’exploration des nouvelles subjectivités collectives ne peut être que le labeur d’un travail organique, souterrain, mené ici et là par des pionniers de l’incertain, du couvert, du ténu ?
Pointer le doigt au loin peut-être, montrer ces luttes nécessaires, signaler les collectifs qui les tressent, les stratégies qu’il nous faudrait inventer pour nous arracher à la fausse fatalité de la Finance et inventer d’autres modes de ré-appropriation créatrice, un autre Vivre Ensemble, déjà…
Que faire de ce symptôme d’une société en décomposition, d’une société traversée souterrainement par des failles dont les observateurs ont tort de croire qu’ils pourront lui trouver des réponses aisément, car peut-être vaudrait-il mieux y voir le début de quelque chose de terrible, indécidable encore.
Peut-être l’éclipse révolutionnaire -(appelons cela comme ça, pourquoi pas)-, inaugure-t-elle d’une sorte de fin de l’éthique du changement social dans la soumission aux Lois du Marché. Ou son abandon sous la pression de l’insécurité qui plombe nos vies, de la fragilité depuis laquelle, désormais, s’énoncent les libertés civiles, de l’absence de ces valeurs de désir qui pourraient orienter ailleurs la production du monde.
Peut-être ne pouvons-nous tout simplement plus comprendre les raisons de nos renoncements -et peu importe que nous sachions décrire à la perfection ce mécanisme subtil qui a fait de l’insécurité le point d’appui fondamental de la gestion du pouvoir politique.
Peut-être n’osons-nous plus organiser de nouvelles subjectivités du changement social parce que le front des luttes à mener est innombrable et qu'il existe une réelle difficulté à réaliser une synthèse idéologique de toutes les révoltes qui émergent ?
Peut-être ne disposons-nous plus de grammaire pour travailler au changement social. De celle qui nous aurait par exemple donné à comprendre qu’il s’opère tout de même un déplacement de l’éthique du changement vers de nouveaux acteurs sociaux et politiques, de nouveaux médias, de nouveaux médiums, sous l’impulsion desquels les lieux de résiliance et de résistance (les réseaux sociaux) seraient en passe de devenir, sans que nous sachions bien comment, des agencements de production de nouvelles réalités sociales et de nouvelles subjectivités collectives.
D’où pourrait surgir les conditions de possibilité d’une intentionnalité collective ? Que faire ? Peut-être simplement commencer là : affirmer ce que nous voulons, sans détail. Et ce que nous voulons n’est rien d’autre que recouvrer notre puissance d’agir. --joël jégouzo--.
image : un tag sur le mur construit par l'Etat d'Israël en Palestine.