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La Dimension du sens que nous sommes

pour que le monde puisse encore, là-bas, se jouer

27 Septembre 2024 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #poésie

 

Le texte :

Le petit anthropos se sert de ses mains pour triompher de l’idiotie du réel.

Le petit anthropos est comme ça : il danse, bouge.

Il remue et place toute son attention dans le montage de ce qu’il expérimente : des gesticulations d’abord imprécises, inadéquates, et puis des gestes qui finissent par dessiner un mouvement.

On le voit s’affairer dans le monde avec beaucoup de fébrilité et beaucoup d’obstination. Dès le début.

Bien sûr, ses tentatives se révèlent tout d’abord erratiques. Il tourne autour d’un geste, le pose en équilibre devant lui, le contemple.

Où trouve-t-il la force de parvenir à bâtir avec autant de méthode l’architecture de sa réalité ?

La curiosité de l’enfant devant les gestes que le monde lui offre est à peine croyable.

Plongé dans le bruit de la vie, il n’en finit pas de recomposer en lui ce qui s’est joué à lui d’une façon souvent anodine.

Tout joue devant lui, là-bas, sans que l’on sache si ça joue pour lui ou non, sans que l’on sache si ça joue pour que tout puisse se rejouer ensuite en lui, ou bien s’il ne fait que jouer lui-même dans l’ignorance de ce qui s’est joué, pour que le monde puisse encore, là-bas, se jouer.

Alors il bouge. Et chacun de ses gestes est doublé d’un bruit, peut-être un son, demain un mot qui saura le remplacer. Car les mots proférés vont bientôt creuser son destin et dans leur triomphe, le geste corporel deviendra pour ainsi dire et malheureusement inutile.

Pourtant, ce geste manquant ne cessera d’affleurer, de remonter à la surface pour devenir à son insu la vraie profondeur : la berceuse et son balancement, l’enfant au bout d’un bras, enroulé dans son rythme corporel.

La librairie l'établi (Alfortville) offre à la lecture, en vitrine, des ponctuations urbaines poétiques (PUP Fiction). La première : une méditation poétique d'un père à son fils. Soit un temps de lecture incongru sur le trottoir, dans ces lieux où le pas presse par trop, et au regard distrait des passants une affiche signée par le studio Marguerite de la Friche (d'Alfortville), qui intègre si bien le texte dans son graphisme qu'il passe pour une image forte d'une présence inouïe, où arrêter le temps pour se couler dans la rêverie qu'elle énonce : un lieu où retrouver ce plaisir des attentions flottantes, peut-être, au fond, le lieu où lire revient à se dire.

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