PALESTINE : UNE NATION EN EXIL (1/2).
C’est la question à laquelle le poète palestinien Mahmoud Darwirch s’est affronté pendant plus de vingt ans, et dont cet ouvrage est le dépositaire.
Tout commença au début des années 80.
Mahmoud Darwich quittait Beyrouth sous les bombes (en 1982, Israël envahi le Liban) pour Tunis, où il rencontra l’algérien Koraïchi, pour entamer avec lui une longue collaboration artistique autour du projet Une Nation en exil.
Il y venait avec ses poèmes écrit depuis l’année 1966 et dans sa chair déjà, ceux qu’il devait écrire pour nourrir cette association.
Koraïchi, lui, avait pour tâche non pas d’illustrer, mais de chercher des correspondances graphiques, ou plutôt un langage visuel donnant corps à ce projet hors norme.
Il s’agissait pour lui, comme il l’exprime si bien, de «saisir esthétiquement l’émotion à la naissance du poème».
L’édition originale sortit à Madrid, sous la forme de treize premiers folios dont dix furent remis à Arafat en cadeau au Peuple Palestinien.
En 1984, le projet s’enrichit d’une nouvelle collaboration : la calligraphie fut confiée à l’irakien Hassan Massoudy. D’autres artistes devaient les rejoindre jusqu’en 91, date à laquelle, à Paris cette fois, la série dite La Qasida de Beyrouth fut confiée à l’égyptien Kamel Ibrahim.
Les éditions Actes Sud présentent ici l’ensemble de cette œuvre unique, singulière, incomparable : poèmes en arabe et en français, eaux-fortes, calligraphies, peinture, etc., un livre d’une richesse déconcertante, la poésie logée dans sa demeure intime, donnant à toucher pour ainsi dire la Terre du poème dans la simplicité et la grandeur de rencontres sûres entre des artistes convoqués par une nécessité tout à la fois intérieure et justiciable du devenir d’un Peuple. Une œuvre portée par un souffle collectif autour du grand poète palestinien Mahmoud Darwich, lui-même habité par le clair pouvoir des mots pour se faire amant de la lente venue de la Palestine à la vie.
Comment fonder poétiquement une nation en exil ?
De cette composition de signes, de formes, d’idéogrammes, de pictogrammes, de cette mise en scène saisissante de la langue arabe convoquée au chevet d’une nation en exil, de cette composition démultipliant à l’envi les registres d’interprétation, foisonnant de sens et comme fécondant tous les cadres qui pouvaient lui être offerts, chant gravé, peinture, monogrammes monumentaux offrant la scénographie d’une civilisation forte du signe, le lecteur non arabophone sort désemparé. Oui, désemparé.
Je songeais en ouvrant l’ouvrage au Livre du Pèlerin Polonais, d’Adam Mickiewicz, et comment ce poème du génial poète polonais avait porté à bout de bras la nation polonaise à une époque où celle-ci avait été rayée de la carte. Mais c’était autre chose que j’avais sous les yeux, quelque chose de plus ample, de plus considérable, mettant en jeu toutes les dimensions de l’esprit pour les nicher dans une loge charnelle où vivre le monde et non plus l’observer, où l’appréhender à travers un système infiniment plus riche, loin de l’opposition classique qu’une civilisation telle que la nôtre a pu établir par exemple entre le visible et le lisible. Alors désemparé, oui, de ne pouvoir interpréter avec d’autres notions que celle d’une esthétique trop pauvre une œuvre qui à bien des égards transcende les catégories habituelles de la représentation, et pour laquelle il faudrait inventer une approche nouvelle, tant les formes, imaginaires ou non, qui s’agencent en elle finissent par construire une géométrie débordant, envahissant, débridant les frontières du sens pour l’ouvrir à autre chose encore que l’on devine sans pouvoir y accéder. Autre chose qui paraît convoquer dans la même saisie l’entrelacement du signe et de la forme, sémiologie de l’image et sémantique du signe en un seul déploiement multiple, pour former la cartographie où trois civilisations s’étreignent. Un nomadisme fascinant, et déroutant. Et qu’il s’agisse de la Palestine en tant que question d’art, voilà qui pose à l’art une question essentielle, tout comme à la poésie, qui subit ici des transformations qui ne nous sont pas accessibles.
Reste pour nous, qui ne lisons pas l’arabe, un mode mineur de lecture : le poème, tel que nous avons appris à le circonscrire.—joël jégouzo--.
La Mort n°18 :
L’Oliveraie était toujours verte
Etait, mon amour ;
Cinquante victimes
L’ont changée en bassin rouge au couchant…
>Cinquante victimes
Mon amour…
Ne m’en veux pas…
Ils m’ont tué…
Tué
Et tué…
Une nation en exil : hymnes gravés , Suivi de La qasida de Beyrouth Mahmoud Darwich, Rachid Koraïchi, traduction Abdellatif Laâbi et Elias Sanbar, Actes Sud, mars 2010, 140 pages, isbn : 978-2-7427-8722-7.
PERDRE DES THEORIES (LITTERAIRES)…
La littérature, il la voit tout d’abord comme la tentative de l’humanité de se comprendre soi-même. Occupant ainsi presque tout l’espace réflexif disponible entre «nous». Pourquoi pas ? Même si l’on peut contester pareille assertion: aurait-elle vraiment à voir d’aussi près avec la question du sens et surtout, d’une façon aussi «privilégiée» ?
N’est-ce pas lui prêter beaucoup ?
Et pour des raisons qui ne seraient peut-être pas toutes avouables ?
Car curieusement, Enrique Vila-Matas assimile d’emblée le langage à la littérature.
Subsumant tout le dicible sous le lisible, qui marquerait le vrai commencement de tout ce que l’on saurait dire, et non un simple moment dans la manière de dire les choses du monde. Comme si au fond tout langage entre nous tenait son secret mot d’ordre d’un ordre littéraire pas du tout évident en réalité dans son rapport au monde, aux hommes, à la condition même de cette humanité qui ne construisit pas toujours un mode d’être scriptural, sans pour autant cesser d’être humaine – songez aux civilisations orales…
Mais qu’importe : c’est donc dans l’espace de l’écrit, romanesque qui plus est, qu’Enrique Vila-Matas a choisit de camper. Retournant bientôt la proposition de départ pour faire de la réalité de son passage à Lyon une fiction.
Agrippé par son attente (sinon "à") –personne n’est venu l’accueillir-, Enrique Vila-Matas prend alors des notes, vagabonde, jette sur le papier le projet d’écrire une théorie générale de la littérature et construit un double fictionnel de lui-même pour servir ce dessein (un topos de la littérature du début du XXe siècle, au demeurant, que celui du double). Il attend. Que les organisateurs du symposium se manifestent. Il attend et raconte cette attente, rapporte ses sorties dans Lyon -la nouvelle que l’on découvre-, dessinant au passage les traits qui façonnent le roman contemporain : l’intertextualité, sa connexion avec la «haute poésie», la victoire du style sur l’intrigue, la conscience d’un paysage moral délabré. Et voit dans Le Rivage des Syrtes de Gracq, l’incarnation la plus efficiente des critères avancés. Avec au cœur de tout la question de l’attente. Non plus seulement comme esthétique, mais condition de toute vie humaine. Si convaincante enfin dans sa forme artistique chez Gracq ou Kafka. Attendre. Mais quoi ? Telle qu’exhortée par Blanchot : une affirmation de la vie et du présent ?
Enrique Vila-Matas se rappelle aussi que dans les années 70 la théorie envahissait tout. Partout le roman devait s’en «farcir», sous peine de sombrer dans la vulgarité. Pourtant, tout au long de ces années, affirme-t-il, la seule vertu des théories aura été d’affirmer très banalement que tout changeait… La théorie au fond, c’est là le plus intéressant, n’aura été qu’un vernis réflexif saupoudrant le roman et l’aidant, peut-être, à moins claudiquer -pour autant que sans elle il ait été bancal. Exit ce vernis depuis lors. On l’aura compris, même si Enrique Vila-Matas déplore qu’on ait aussi sombré depuis dans l’excès inverse -et de stigmatiser ces créateurs qui fuient naïvement les théories.
Le Rivage des Syrtes aura donc prophétisé notre présent, énonce Enrique Vila-Matas. Pas seulement littéraire au demeurant : notre présent tout court. Récit d’une attente et annonce d’un lendemain qui n’arrive jamais, on songe à un Godot sécularisé… Mais avant tout une histoire d’initiation qui aura permis à la littérature de s’affirmer non pas «dans», mais «sur» le monde. Un monde décadent –le mot importe ici : il pointe l’orée chimérique. Et puis, tout est fiction, dans un monde décadent. Qui serait donc le nôtre (pour mieux servir la fiction ?). Le nôtre et pas seulement : le monde ici tout entier assimilé au nôtre (l’Europe). Un tour de passe-passe en somme...
Enrique Vila-Matas parle à son propos de décadence vénitienne. L’image se forme, plus littéraire que jamais. Décadence «vénitienne» d’un Occident où tout, déjà, aurait eu lieu. L’histoire de l’Europe serait en quelque sorte une histoire achevée, campant désormais sur son vide : les distinctions de l’esthétique. Mais cette dernière proposition n’est pas de Enrique Vila-Matas qui, libéré du poids des théories, libéré du poids des réalités, voyage loin du monde peut-être, dans le seul univers qui lui semble valoir la peine d’être «supporté» : celui de l’aventure littéraire. Et achève sa démonstration en l’enfermant dans les codes d’un récit littéraire.
En perdant de son poids le monde est devenu fiction. En perdant de leurs poids, les théories sont devenues des fictions. Il n’y a pas de recul possible : le tout-est-fiction a consommé l’ensemble des marques du présent. La perte, ici, est réconfort. Qui campe cependant sur une contradiction : à vouloir s’imposer au monde, la fiction est devenue le monde. Nous ne disposons plus que de sa seule réalité. Mais nous disposons d'une réalité... Enrique n’a fait que déplacer la question, sans y répondre. Mais sa réponse est habile, élégante, plaisante à lire, non sans rappeler le dilemme des romantiques allemands : devant l’impossibilité à dire quoi que ce soit sans retomber aussitôt dans des contradictions, il ne resterait donc que la solution poétique ?…--joël jégouzo--.
Perdre des théories, de Enrique VILA-MATAS, traduit de l'espagnol par André Gabastou, Christian Bourgois éditeur, mars 2010, 64 pages, 7 euros, isbn : 978-2-267-02084-7.
DANS LA SOLITUDE DES HAUTS PLATEAUX ALGERIENS
Morgan Sportès écrivit Siam dans les hauts plateaux algériens.
Solitudes en raconte la nécessité.
A l’époque, la peur de rater sa vie intellectuelle l’avait conduit là.
Méprisant soudain la servilité de l’écriture journalistique, il s’était imposé l’ascétisme de vivre une année entière dans une petite ville - Ksar Saïda- qui ne comptait pas plus de 5000 habitants.
Journal de bord, Solitudes ne raconte rien du paysage des Hauts Plateaux algériens, ni de l’œuvre naissante (Siam). Sportès y décrit plutôt sa confrontation aux quelques objets qui meublent son univers. C’est cette matière si ténue qui forme paradoxalement la richesse de son inspiration. Une cafetière récalcitrante, la corvée des ordures. Mais presque rien du paysage algérien. Comme si ce paysage époustouflant n’était pas digne de devenir un objet littéraire. Un "presque-rien" si peu rassurant qu’il ne parvient pas à l’accepter dans son univers lettré. Citations savantes, exergues obsédantes, grammaire sophistiquée, Sportès convoque Pascal, Saint Augustin, Rilke, comme si l’épate intellectuelle justifiait, seule, la nécessité d’écrire. Et quand il ne reste que le silence, le sable et quelques mouches pour briser le mutisme des Hauts Plateaux, au fond l’essentiel, Sportès croit devoir encore sauver son geste en glosant sur la difficulté d’écrire. Or il n’est convaincant que mobilisé par les milles détails auxquels s’accroche sa vie, quand presque tout lui manque. Dans ce dépit il découvre, après Virginia Woolf, que ce n’est pas autre chose le vrai lieu de l’écriture, et nous enchante d’écrire sans n’avoir plus aucune raison d’en nourrir le projet – le paysage algérien, finalement, a opéré un secret retour pour traverser l’œuvre de part en part, la trouer et la vider de ses vaines prétentions.—joël jégouzo--.
Solitudes, Morgan Sportès, éd. Du Seuil, sept 2000, 160p., 13,60 euros, isbn : 2-02-033746-0
Image : les Hauts Plateaux au nord de Biskra.
EXOTISME ET NATIONALISME
Laurent Cassagnau et Gérard Raulet observent tout d’abord qu’en ce qui concerne les consciences culturelles, au fond, le cadre à l’intérieur duquel s’exprimait les conflits de pouvoirs symboliques relevait toujours d’une sorte de querelle des Anciens et des Modernes, particulièrement sensible dans le champ littéraire. Les Modernes l’emportèrent, on le sait, mais en traçant un singulier périmètre autour d’eux : on avait d’un côté la référence d'un modèle culturel universel qui fondait la norme de l’humanisme occidental, et de l’autre, la poussée d'un relativisme culturel précisément né dans le sillage de l'exotisme.
Le colonialisme hébergea un temps ce paradoxe. Mais, tentative de conciliation de la contradiction qui s’était fait jour entre particularisme et universalisme, et fruit d’une conception "éclairée" de la raison héritée du Printemps des Peuples, il subit avec la guerre de 14-18 un revers sérieux, les puissances coloniales laissant éclater au grand jour leur nature très peu « civilisatrice ». A la fin des années 1920, nombre d’auteurs, tels Antonin Artaud, René Daumal, Paul Nizan, Hermann Hesse, E.M. Forster et tant d’autres, ouvrirent de sérieuses brèches dans la confiance de l’Occident en lui-même, donnant à entendre que l’Orient n’avait pas de leçon à recevoir, et peut-être même, à l’inverse, que nous avions beaucoup à gagner à l’écouter. Les parcours d’écrivains comme Keyserling, Guénon, Daumal, Hesse, etc., qui tentèrent de donner forme à ce genre d’écoute, en témoignèrent avec force.
La mise en question des ré-assurances identitaires prit par la suite un tour plus radical, battant presque en brèche la philosophie occidentale de l’Histoire. «Presque» : car si le long débat entre particularisme et universalisme, qui occupa l’Europe tout au long du XIXème siècle et une bonne partie du XXème semblait prendre fin, c’était pour réactualiser ses prémisses dans l’opposition construite à sa suite entre multi-culturalisme et mondialisation. Un faux débat caractérisé, nous disent nos auteurs, par «l'acceptation simultanée d'une référence unitaire en matière de science et de technologie et d'un "humanisme" éclaté, décentré, qui admet certes que l'individu se construise en empruntant à plusieurs cultures», mais sans réelle traduction dans la pensée politique.
La culture politique française, imprégnée par le multiculturalisme hérité de la "communauté française" du temps des colonies, devait ainsi rester fidèle à sa très vieille pente identitaire. L'épopée coloniale avait reconstruit un récit intraitable qui enfouissait sous son discours d’autorité la diversité qui avait un tant menacé de faire éclater la logique univoque de l'histoire universelle. La défaite, en définitive, qu’un pays tel que le nôtre n’a pas su dépasser, c’est que le colonialisme n’a pu relever le défi de la diversité qu’au prix de l’affirmation du nationalisme et qu'il a ainsi fortement contribué à dresser les esprits les uns contre les autres. Fondant in fine, pour les années à venir – les nôtres- cette pseudo alternative qu’affronte aujourd’hui la philosophie politique contemporaine dans le débat biaisé entre multi-culturalisme et mondialisation. Car au fond, ce qui est réellement en jeu ici, c'est la capacité de la pensée politique contemporaine à maîtriser la complexité du monde et sa polyphonie. Challenge que nos auteurs, à partir de la relecture du complexe historisme / nationalisme, entendent relever, dans une réflexion épistémologique de fond sur le discours philosophico-politique contemporain. Des auteurs à suivre, donc !.—joël jégouzo--.
EXOTISME ET NATIONALISME, de Laurent Cassagnau, Gérard Raulet.
On peut lire leur stravaux sur le site de la revue Caïrn, revue de sciences huimaine set sociales, à l’adresse suivante :
http://www.cairn.info/
« Chaque époque devra de nouveau s’attaquer, à cette rude tâche : libérer du conformisme une tradition en passe d’être violée par lui » (« sur le concept d’histoire » in Ecrits français, Folio, 1992, p. 436).
Passagen, de Walter Benjamin, sous la direction de Gérard Raulet, Suhrkamp Verlag Kg, août 2007, (langue : allemand), 455 pages, 15 euros, ISBN-13: 978-3518294390.
L’exotisme de l’intérieur Tentative d’état des lieux épistémologique
par Gérard RAULET, L'Harmattan, revue L'Homme et la société, 2003/3 - N°149
ISSN 0018-4306 | ISBN 2747555445 | pages 75 à 103.
La fin de l'exotisme : Essais d'anthropologie critique, de Alban Bensa, éditions Anacharsis, mars 2006, coll. Essais, 364 pages, 21 euros, ISBN-13: 978-2914777247
LA LONGUE MARCHE DE LA MEMOIRE CHINOISE...
Mémoire ambitieuse donc, résolue, rien moins que cela, à forcer la vieille «culpabilité» chinoise venue du fond des siècles, pour dire une autre histoire que celle des musées anthropographes… Travaillant au corps cette culpabilité surgie à la suite d’une réforme juridique qui, dès le IIème siècle, étendit la faute à la famille du criminel. Par parenthèse, cette idée de la responsabilité collective dans le droit pénal fut introduite en France en 1670 par le roi louis XIV, avant d’être de nouveau abrogée, pour ressurgir aujourd’hui dans le débat parlementaire, en particulier au cœur d’un prétendu discours sur l’éducation, à propos de l’absentéisme scolaire…
Mémoire difficile, affrontant des siècles d’inhibitions savamment orchestrées. Travail de Mémoire plutôt que Devoir de Mémoire, scrutant avec force un passé ravagé par la Révolution Culturelle, revisitée aujourd’hui par toute une nation un peu trop prompte à se moquer des idéaux des générations précédentes.
Un travail de mémoire pour établir des vérités, les explorer du moins, dans un livre tendu en miroir à la nation chinoise, l’un de ces ouvrages que l’on aimerait voir surgir chez nous, à propos de « Nous »…
Les témoins proposés dans l’ouvrage ont ainsi plus de 70 ans. Des bandits de la Route de la Soie aux rescapés de la Longue Marche, ils confessent ce que furent leurs temps, marqués par l’un des plus grands événements du siècle : la Révolution maoïste.
Comme celui de la Longue Marche. Ouvert par le puissant témoignage de M. Changzheng, né en 1916, qui participa d’un bout à l’autre au périple, aujourd’hui disqualifié, nombre de jeunes chinois se demandant même si cette Longue Marche a eu lieu, et si elle fut vraiment aussi longue qu’on l’a prétendue : plus de 12 000 kilomètres…
A ces deux questions, les historiens répondent oui. Mais il vaut la peine d’entendre ce témoignage pour comprendre que loin de l’historiographie officielle, elle fut à bien des égards moins un événement fondateur qu’une tragédie pour les centaines de milliers de chinois qui y ont pris part.
Rappelons en à grands traits les moments. Dès 1933, le Guomindang mobilisait 1 millions de soldats pour attaquer chacune des bases rurales de la guérilla communiste et 500 000 supplétifs pour lancer leur attaque sur le soviet du Jiangxi.
A cette époque, le secrétaire du PCC, Qin Bangxian, se rallia à la stratégie de Li De (l’allemand Otto Braun), qui préconisait une attaque frontale du Guomindang. Attaque qui échoua : Otto braun ne disposait que de 100 000 hommes mal équipés et 30 000 guérilleros. Si bien que l’année suivante, l’Armé Rouge ne savait plus que faire, ni où aller. Les officiers, désemparés, ordonnèrent un repli désordonné, véritable fuite hagarde au gré de décisions contradictoires. Ainsi démarra la Longue Marche, en une fuite éperdue, incohérente, en incessants allers-retours, jusqu’en janvier 1935, date à laquelle, seulement, les choses s’organisèrent un peu mieux, Zou Enlai reprenant le commandement militaire tandis que Mao devenait son second. Un Mao qui ne devait pas y prendre part en fait, contrairement à ce que l’Histoire officielle martela pendant des années…
Rares en sont les survivants aujourd’hui, et rares ceux qui l’ont faite en entier, et à pieds : les officier montaient des chevaux.
Quelle vision ce témoignage nous offre-t-il alors, d’une marche insensée, folle à bien des égards, hallucinée et terriblement coûteuse en vies humaines. Ils furent des milliers à fuir leurs colonnes, errants, jetés dans les campagnes sans plus savoir que faire. Comme ces hommes venus du Nord du Sichuan, une région dans laquelle on ne mangeait pas à sa faim, et qui ne s’étaient enrôlés que parce que l’Armée Populaire promettait de les nourrir. Des femmes aussi, des enfants essaimés sur le bord des chemins. Et des milliers de disparus, des milliers d’égarés dans les franchissements douloureux des pics enneigés (le mont Jiaping culminant à plus de 4000 mètres, franchi dans tous les sens en allées et venues dispersées, ses sentiers jalonnés des morts des précédentes ascensions). La pluie, la grêle, la neige, la glace, le froid, les steppes marécageuses, hommes et femmes épuisés, affamés, mangeant l’herbe des routes, les racines des buissons et le cuir de leurs ceintures, marchant souvent en une longue file de somnambules accrochés à la queue leu leu dans le brouillard. Des témoignages poignants, fascinants, une époque livrée sans fard à notre compréhension avec en arrière-plan une Chine surprenante, celle d’aujourd’hui, à scruter aussi résolument son Histoire.–joël jégouzo--.
Mémoire de Chine, de Xinran, éd. Philippe Picquier, janvier 2010, Collection GRAND FORMAT, 672 pages, 23,50 euros, ISBN-13: 978-2809701494
PRAGUE, de PETR KRAL
«Prague tout entière tient peut-être dans cette plainte commune du métal et de la pierre, qui simultanément la résume et l’annonce comme une ville à venir».
Capitale à fleuves et collines, cette ville naturellement baroque s’offre au visiteur dans l’exubérance de ses formes.
Elle est comme un joyau nous invitant à frôler son essence, partout et comme toujours à portée de main. Mais cette essence ne cesse de se dérober. Tout comme son centre, partout possible dirait-on : de la Place de l’Horloge aux rives de la Vlata. Le centre de l’Europe n’aurait-il pas de centre ?
Du pont Charles à la place Venceslas, un souffle passe sur ses toits de schistes et de nacres que l’auteur restitue. Avec toujours l’écho d’une scène burlesque. Hašek est tout près, ou bien Kafka, tempérant son image d’un grand rire cristallin. Mais où la saisir ? Král nous promène dans ses coulisses, arpente des lieux insoupçonnés. Gravissant l’envolée d’un escalier, il paraît livrer sa formule définitive : quelque square de buissons frileux, frémissant en marge des rails et de la ville. Mais non : il faut se perdre encore pour toucher au plus vrai. L’intimité pragoise ne se dévoile qu’en s’y perdant par temps de nuit, l’hiver, quand l’atmosphère floconneuse nous la dérobe à la vue. Car ce plus vrai n’est autre que la littérature, que Petr Král saisit à la faveur de cet écart incomparable du grand poète qu’il est.
Je me rappelle son séminaire à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Il était l’un des ces Professeurs associés qui n’aurait pu, dans le climat délétère de la France du début du XXIème siècle, se voir offrir une chaire d’où parler intimement de l’Autre Europe et nous éveiller à un timbre plus rare et plus précieux que celui de l’inculte caquet des faiseurs de patrie. Intelligent, curieux, volontiers disert sans sombrer dans la suffisance d’une science barricadée de certitudes navrantes, il écoutait longuement ses étudiants venir du monde entier débattre auprès de lui de l’honneur de l’Esprit. Esprit que, dès lors qu’il était levé, Petr Král obligeait à suivre jusqu’au bout. –joël jégouzo--.
Prague, Petr Král, éd. Champ Vallon, coll. Des Villes, avril 2000, 116p., 11 euros, ISBN-13: 978-2876730021
UN AIR DE NEW YORK (E.B. White), POUR EN FINIR AVEC LES EXOTISMES BALOURDS…
Un été 48 à New York, devenue alors "la Capitale de Tout".
A l’origine, une commande passée par un magazine.
C’est l’époque où la presse américaine lance dans le monde ses reporters, bien souvent des écrivains, des poètes, plus ouverts au monde tel qu’il va, qu’attirés par un stupide exotisme.
La littérature américaine de voyage explose alors, encouragée par la montée en puissance du dollar et de sa civilisation.
White vit dans le Maine. Il exècre les voyageurs et croit prendre le contre-pied d’une littérature dont il ne comprend pas les enjeux. Peu importe : si les écrivains américains reconstruisent le genre, lui-même y participe à son insu.
Il accepte donc de vivre l’été 48 à New York. De fait, il se bornera surtout à évoquer Manhattan, à travers une poétique de la ville qui rappelle le Berlin de Walter Benjamin.
En poète, White décrit New York comme une ville déterminée, détruisant les individus autant qu’elle les magnifie, qu’ils sachent ou non saisir les occasions qu’elle leur offre. Et insiste beaucoup sur ce caractère d’occasion à saisir - le Kaïros des grecs -, dans lequel se régénère la civilisation américaine. New York est la ville des occasions, du Kaïros, occasions qu’elle démultiplie à l’infini en séparant les individus des événements. On peut donc ne jamais rien y voir, aucun événement n’étant assez fédérateur pour mobiliser toutes les populations qui y vivent.
Ecrit dans une prose superbe et simple, White y paraît cependant nostalgique. Mais saisi à son tour, le récit finit par s’installer dans le présent de la narration, pour ramener à la surface, entre autres, la vision d’un vieux saule rafistolé de bouts de ferrailles, extraordinairement édénique.--joël jégouzo--.
Un air de New York, E. B. White, traduit de l’américain par Martine Leroy-Battistelli, préface de Roger Angell, éd. Buchet-Chastel, avril 2001, 76p., ISBN-13: 978-2283018569, épuisé.
UN GENTLEMAN EN ASIE, Somerset Maugham
Jamais titre n’aura été plus approprié. Somerset Maugham, plus attaché aux conventions de sa classe que curieux des paysages qu’il découvre, n’a pas vu l’Asie, ou pas grand chose. C’est à peine s’il a jeté un œil maussade sur ces paysages souvent plombés par la chape grise du soleil des tropiques. Dès le premier chapitre, le ton est donné. Il s’émerveille de l’élégance du point-virgule, de la discrétion de la parenthèse et s’emporte contre le trop brouillon et fruste tiret. Certes, accordons-lui quelques notations vraiment biens senties sur des points essentiels de l’art de ponctuer un texte. Mais le voyage dans tout cela ? Refusant de tomber dans la facilité du pittoresque, Maugham ne veut consommer que des plaisirs intellectuels, autrement plus satisfaisants à ses yeux que les médiocres aventures dans lesquelles ces terres lointaines prétendent vous jeter. La jungle n’est enivrante qu’élever à la dignité du poème. Quant aux villes… Saigon lui rappelle une modeste bourgade française, Hanoï l’ennuie. Lorsqu’il débarque dans la baie de Tourane, proche de la capitale impériale de l’Annam (Hué), il n’en veut conserver qu’une impression fugace, celle d’un premier contact énonçant plus de promesses que la ville n’en saurait tenir. Haïphong lui paraît plus médiocre encore et il refuse tout net de se rendre dans la baie d'A-Long, lui préférant sa recension dans un numéro de l’Illustration, assis confortablement dans un bar huppé de Haïphong. Pour délaisser évidemment bien vite les pages consacrées au pittoresque de l’Asie du sud-est, et se pencher sur une aventure plus féconde : lire ses contemporains, "occidentaux" s’entend. Et là encore, tout n’est que prétexte à célébrer sa propre indolence désinvolte : Proust l’ennuie, mais à tout prendre, il préfère cet ennui à l’amusement que procurent les autres livres.
Un dandy fumant son cigare avec condescendance dans un wagon de luxe, en définitive. Une idée du voyage tel qu’il se pratiquait dans les hautes sphères de l’intelligentsia européenne, qui a au moins le mérite d’afficher son dédain du monde.–joël jégouzo--.
UN GENTLEMAN EN ASIE, Somerset Maugham, traduit de l’anglais par Joseph Dobrinsky, coll. Domaine étranger, éd. 10-18, novembre 2000, 292p., ISBN-13: 978-2264029195 .
«N’hésite pas à t’éloigner, au-delà de toutes les frontières, de toutes les patries, de toutes les croyances» Amin Maalouf. (Métissage culturel et médiation historique)…
Il s’agissait aussi surtout pour elle d’explorer les médiations, la fortune, les usages que le monde contemporain avait fait de ces deux grandes figures, à travers l’écrivain Amin Maalouf pour le cas de Hassan al-Wazzan, l’exemple que j’ai retenu ici.
Avant cela, cette belle et forte conférence, pleine d’espoir et d’enthousiasme à l’époque, convoquait l’écrivain Elias Canetti, évoquant avec nostalgie, au début de ses mémoires, «le mélange qui colorait sa ville natale de Ruschuk», sur les rives du Danube dans les premières années du XXème siècle – bulgares, turcs, sépharades espagnols, grecs, albanais, arméniens, tziganes, roumains, russes et d’autres encore, enrichissant de leur présence un monde qui bientôt allait se fermer. De ce métissage, Canetti comprenait qu’il ouvrait, voire forçait la connaissance à franchir les frontières provocant un chevauchement des valeur et le patchwork des identités, si salutaire quand on y songe.
Toute identité féconde a pour lieu la complexité. Nathalie Zemon-Davis devait aussi rappeler Homi Bhabha révélant dans ses études combien l’hybridité hantait la culture des élites, l’effrayait, tant à ses yeux elle risquait de donner naissance à une culture faite de «brouillages». Brouillons alors, en revant à Hassan et à sa re-médiation sous la plume d’Amin Maalouf.
En 1524, à Bologne, un voyageur lettré venu d’Afrique du Nord achève son dictionnaire arabe-hébreu-latin. Il est né à Grenade, à l’époque de la Reconquête. Au cœur d’un siècle où tout mélange paraissait transgressif, était présenté comme «contre-nature», monstrueux. Natif de Grenade, Hassan s’embarqua pour Fez, dont il devint le diplomate. Puis il inaugura une vie de voyages, vers Tombouctou, Gao, au lac Tchad, l’Egypte, la Mer rouge jusqu’à L’Arabie, son pèlerinage à La Mecque, Istanbul, Tripoli, Tunis. Il enregistra tout, nota tout, témoignant de cette grande curiosité culturelle qu’il partageait avec les autres musulmans lettrés de son époque.
En 1518, de retour d’Egypte, il fut capturé par des corsaires, vendu et incarcéré au Château Saint-Ange. Catéchisé, il finit par recevoir le baptême chrétien à la Basilique Saint-Pierre et devint Johannes Leo Giovani Leone (du nom du pape qui le convertit). On le retrouve ensuite à Bologne, où il travaille à son dictionnaire pour le compte de Maître Jacob ben Simon le Juif. Revenu à Rome, il traduit en italien le grand récit de ses voyages, traduction qu’il achèvera en 1526, date de parution de l’ouvrage. Dans cette première édition, observe Nathalie Zemon-Davis, l’éditeur ré-enracine Hassan/Léon dans le monde chrétien, laissant entendre combien il était attaché à sa foi chrétienne, alors que le manuscrit de ce dernier exprime clairement le désir d’Hassan de pouvoir un jour rentrer en Afrique. Où il mourut du reste, sous le nom d’Hassan al-Wazzan.
La Description de l’Afrique d’Hassan, est le récit d’un métissage culturel, entre Chrétienté et Islam essentiellement, entre Europe et Afrique. Un récit qui invite au fond, nous dit Nathalie Zemon-Davis, à entrer dans une «stratégie» identitaire : peu importait pour Hassan les marques administratives dont on voulait l’affubler : il savait y sacrifier sans renoncer pour autant à la complexité de son identité réelle. De fait, sa relation tranche sur les publications de l’époque. Hassan/Léon y traite des trois religions monothéistes par exemple, avec un souci d’objectivité que l’on ne rencontrait alors pas. Une impartialité mémorable, si l’on songe que son traducteur français crut bon d’en gauchir l’honnêteté, en rajoutant par exemple de l’Islam qu’elle recelait «la damnable secte mahométane»… Hassan, lui, tient balance égale entre l’Europe et l’Afrique. On le voit discourir avec la même ferveur des poètes italiens ou numides par exemple. Et dans cette Description de l’Afrique, bien qu’il s emontre en prise sur plusieurs mondes, rien ne paraît d’aucune manière l’écarteler.
Or dans son roman de 1986, Léon l’Africain, avec Amin Maalouf la prise sur ses mondes ne paraît plus ouvrir à une identité aussi imperturbable. Amin Maalouf dresse cette fois le portrait d’un être écartelé, traversé par des conflits intérieurs. Certes, cela tient à la propre trajectoire de Maalouf, choisissant le français pour raconter le passé et le présent des peuples arabes, mais un français traversé par des conflits intérieurs. Si bien que le roman qu’il consacre à Hassan/Léon le force à ouvrir de nouvelles stratégies identitaires. Maalouf ne peut vivre aussi sereinement qu’Hassan ses multiples identités. Il trouvera la solution dans une nécessaire transcendance.
Dans ce roman, si Maalouf suit au plus près les faits, nous rappelle Nathalie Zemon-Davis, il se croit cependant obliger d’inventer des événements pour donner du sens à la force du personnage dont il veut transposer dans notre siècle l’intelligence. Maalouf le lie de façon passionnelle aux cultures qu’il traverse :des amantes, des épouses, des enfants. Le roman noue alors une tension qui longtemps demeure irrésolue, et finit par trouver son dépassement dans cette identité nomade que Maalouf lui invente. C’est Hassan léguant à son fils imaginaire sa double identité : «A Rome, tu étais fils de l’Africain ; en Afrique, tu seras le fils du Roumi». Et ce conseil, si précieux pour nous désormais, aux yeux de Nathalie Zemon-Davis : «N’hésite pas à t’éloigner, au-delà de toutes les frontières, de toutes les patries, de toutes les croyances».
La voie qu’ouvre ainsi Maalouf, nous convainc Nathalie Zemon-Davis, est celle d’une transcendance : celle de la psychologie de l’homme nomade, celle de l’habitant du désert d’Islam, où l’on peut entendre l’écho du pèlerin chrétien ou de l’exilé juif. Une transcendance dont Nathalie Zemon-Davis affirmait, en 1995, qu’elle lui semblait «pouvoir répondre aux passions et aux revendications de notre fin de siècle.»--joël jégouzo--.
Métissage culturel et méditation historique, Nathalie Zemon-Davis (EHESS), Conférence Marc Bloch du 13 juin 1995. texte intégral :
http://cmb.ehess.fr/document114.html
Léon l'Africain, de Amin Maalouf, LGF, poche, janvier 1987, 346 pages, 6 euros, ISBN-13: 978-2253041931.
Léon L'Africain : Un voyageur entre deux mondes, de Natalie Zemon Davis, traduction Dominique Peters, éd. Payot, avril 2007, Collection : Biographie Payot, 472 pages, 25 euros, ISBN-13: 978-2228901758.
Une édition française est consultable sur le site de la BN Gallica numérique :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1047539.r=l%C3%A9on+africain.langFR
The History and description of Africa, and of the notable things therein contained, written by Al-Hassan Ibn-Mohammed Al-Wezaz Al-Fasi, a Moor, baptised as Giovanni Leone, but better known as Leo Africanus, done into English in the year 1600, by John Pory, and now edited, with an introduction and notes, by Robert Brown (Reliure inconnue), de Hasan ibn Mohammad al-Wazzân al-Fâsî, dit Jean Léon l'Africain (Auteur), Hasan ibn Mohammad al-Wazzân al-Fâsi, dit Léon, introduction Robert Brown et John Pory, édition anglaise : The Hakluyt Society, 1896.
JEAN-LEON L'AFRICAIN, Description de l'Afrique. Nouvelle édition traduite de l'italien par A. Epaulard, Adrien Maisonneuve - Paris – 1980, 2 volumes in-4° . Vol.1 XVI-319 p., cartes. Vol. 2 pag. 320-629, cartes, index, ISBN: 9782720004551.
TWIST TROPIQUE - petite leçon d’anthropologie aux faiseurs d’identité et aux scrutateurs (pressés) des raisons d’être autres…
Un touriste – le plombier Krobba - accompagnera l’expédition. Or l’érudition de ce dernier en matière de singes est à couper le souffle !
La mission porte sur le rire des singes râleurs. Helen, une scientifique du genre gouvernante irlandaise sadique, et son co-équipier, qui ne cesse de loucher sur ses minces appâts, découvrent un groupe de singes particulièrement râleurs au cœur du territoire Vani Vani. Ces derniers, réducteurs de tête et supporters de l’équipe de France de football (à l’époque, il en restait), se trouvent eux-mêmes en manque de subventions. Il s’en suivra, tant du côté des singes que de celui des Vani Vani, un imbroglio invraisemblable au terme duquel notre plombier, initié à l’observation scientifique, fera à vrai dire la plus belle découverte du siècle…
Le roman, mené tambour battant, est servi par une écriture d’une drôlerie peu commune. Mais il est aussi d’une pertinence achevée, le journal de l’anthropologue plombier s’avérant un modèle du genre. Il n’est pas un scientifique qui n’y reconnaisse ses travers, sinon ses méthodes. Une belle leçon de civilisation en outre ! —joël jégouzo--.
Twist Tropique de Francis Mizio, Points, coll. Points Virgule, n°67, mars 2003, isbn : 978-2020591944, épuisé. - 1ère édition, Baleine (au temps où Baleine était Baleine et non Seuil), avril 2001, 220p., ISBN : 2842193199, (couverture du haut).
Il est possible de se procurer l'ouvrage sur le site de l’auteur, à l’adresse suivante :
http://francismizio.blogspot.com/2009/03/o-n-brade-suite-twist-tropique-version.html