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La Dimension du sens que nous sommes

Symphonie carcérale, Romain Dutter, Bouqué

24 Janvier 2019 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #en lisant - en relisant, #entretiens-portraits

10 ans en prison. Même du bon côté des barreaux, on n’en sort pas indemne. 10 ans aux côtés des taulards, jour après jour à les écouter, les bousculer, les accompagner. La BD raconte l’itinéraire de Romain Dutter, parti un jour en Amérique du Sud pour se retrouver un beau matin dans les prisons du Honduras qui sont d’énormes camps vitrifiés, où les détenus sont livrés à leur violence, bordée de barbelés et de miradors à l’abri desquels les mâtons peuvent les tirer comme des lapins. Lui, il y va, se jette dans la fosse aux lions pour leur proposer une vie culturelle entre deux épisodes meurtriers. Inénarrable. Retour en France. Ménilmontant, Belleville. Romain Dutter est Médiateur culturel, mais il veut donner du sens à sa vie. Il a en tête cette expérience au Honduras. Et le Californie Concert Folsom de Johny Cash : The Man in Black, donné en prison… Non pas Fresnes, qu’un hasard lui propose. Alors cette fois encore il y va. Pour y écrire les plus belles pages de la musique française en prison. Pas ces pages mainstream qui engourdissent nos oreilles : ce qu’il leur offre, c’est non pas tant de découvrir des groupes différents que de tenter de construire avec eux les raisons d’être du son. 10 ans. Une histoire de la musique en prison, peut-être le meilleur de ce qu’il est possible de faire, en matière de concert live. Car c’est ça la prison, qui vous contraint à vous défaire de tout pour vous exposer à la question du vrai. Car c’est ça la culture en prison, non une quelconque danseuse que l’administration se paierait, mais le risque d’oser « soigner » vraiment les consciences. D’oser les peser pour le seul voyage qui tienne : celui du vivre ensemble. La raison d’être de la culture, plus que sa grandeur. Romain Dutter a passé 10 ans à organiser des rencontres, des concerts, des « animations » dit-on, c’est-à-dire bien plus que cela : à éprouver le sens de ce que culture signifie tout autant que celui d’emprisonner. La culture en prison ? Non pas un moment de distraction –même si-, non pas un outil de distinction, mais un espace-temps où se rencontrer soi-même sans fard et rencontrer l’autre sans faire semblant non plus. Un temps où poser les bonnes questions. Les seules, quand tout le reste est punition sans horizon. Romain Dutter a repris le fil des concerts en prison, se rappelant Trust à Fleury-Mérogis le 24 janvier 1980. Téléphone en 84, ou Barbara, à Fresnes en 1991, laissant là son piano –il y est toujours. Il nous raconte tout, les motivations des musiciens, les cachets, les refus, les engagements. Il nous raconte ses doutes, ses défaites, ses victoires. Qu’est-ce qui compte, quand on parle de culture ? La capacité à être avec l’autre. Ni en face, ni dans ce petit pas de côté que la culture souvent inflige : avec, dans cet être ensemble que toute société devrait viser. Un projet sociétal, en prison… Que pourrions-nous espérer de mieux ? Traité en aplats oranges, lumineux et pourtant bouchant partout des cases comme bouclées, Bouqé a accompagné ce récit d’un dessin magistral. Un trait moins sobre que juste, pour montrer l’essentiel : ces lignes de force qui composent cette histoire unique.

Symphonie carcérale, Romain Dutter, Bouqué, édition Steinfiss, septembre 2018, préface de Philippe Claudel, 174 pages, 20 euros, ean : 9782368461761.

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Versailles, le rêve benêt d’un apprenti dictateur…

22 Janvier 2019 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique

Notre grand Benêt parade dans la galerie des glaces. Certains le représentent encore vêtu de pourpre. Il gouvernerait comme un Roi. Voire ! Montesquieu, ce grand esprit français dont notre Benêt est à mille lieux intellectuellement, avait longuement réfléchi à ce qui pouvait caractériser chaque forme de gouvernement. Qu’est-ce qui fait agir une communauté ?, interrogeait-il. La vertu dans une République, la peur dans une tyrannie et l’honneur dans une Monarchie. L’honneur, la vertu, la peur, comme sources d’inspiration de toutes les actions publiques, articulant l’ensemble de la vie politique de chacun des systèmes entrevus : la Monarchie, la République, la Tyrannie. Il voyait là un puissant moteur  capable d’animer la vie publique. L’honneur pour la  Monarchie, avec pour contrepoint la fierté des citoyens. L’honneur... Notre grand Benêt n’en a guère et ce n’est certes pas le grand principe qui articule l’ensemble de la vie politique française : il n’est que de songer aux scandales qui ne cessent de l’alimenter. Elus, chefs d’entreprises, journaleux… Ni moins encore la vertu, le principe par excellence de la vie républicaine. Les mêmes exemples suffisent à le démontrer. Montesquieu en faisait un thermomètre : au fond, quand l’honneur n’est plus sauf, c’est que le régime est arrivé à sa fin. Pareil pour la vertu en République : s’il n’y a en a plus, c’est le signe que le régime agonise. Personne ne croit plus en la vertu en France, sinon son Peuple, pour la brandir contre l’incurie d’un régime qui ne sait plus mettre un terme à ses dérives. Prenez encore Montesquieu, analysant avec la finesse qu’on lui connaît la structure légitime d’un gouvernement qui se voudrait républicain : le Pouvoir doit nécessairement y être divisible selon un mode ternaire pour en assurer la légitimité et la force : le législatif, le judiciaire, l’exécutif. Chaque institution nécessairement autonome. Qu’est-ce que Macron en a fait ? Vidant de son sens l’Assemblée Nationale, ordonnant la tutelle de la Justice pour concentrer entre ses mains inexpérimentées tout le pouvoir disponible ! L’esprit général qui s’exprime dans les Lois françaises, désormais si répressives et mues uniquement par des raisons sécuritaires, c’est la peur. Les Lois françaises fondent l’inégalité, décryptez-les ! Si bien que l’égalité n’est plus une expérience commune en France. Tout le monde sait désormais que chacun n’a pas valeur égale. La répression qui frappe les Gilets Jaunes, à elle seule, en témoigne. L’expérience fondamentale sur laquelle auraient dues être fondées les lois républicaines, celle de l’égalité, celle de la liberté, n’a plus cours et a laissé place à l’expérience de l’injustice et de la peur. Peur de perdre son emploi, peur de s’exprimer, peur de manifester, de perdre une main, un bras, un œil, peur de la répression policière. Nous ne sommes plus dans l’expérience d’un vivre ensemble, nous ne sommes plus les membres d’une même communauté : il y a d’un côté une caste, politico-médiatique, et de l’autre un Peuple qui souffre sous la domination d’un pouvoir de plus en plus arbitraire. Aucune vertu ne descend plus des institutions. Au contraire, ces vertus républicaines accomplissent un chemin inverse, des ronds-points vers la Nation. Il n’y a au sommet de l’état qu’une tentation de destruction comme seule expression de la société française ! Non, Macron n’est pas un Monarque, pas même dans ses rêves : il ne fait qu’apprendre, jour après jour, comment bricoler cette domination illégitime que Montesquieu pointait, lorsque le pouvoir est exercé par une volonté arbitraire au service de l’intérêt de quelques-uns.

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La Révolution qui vient, Hannah Arendt

21 Janvier 2019 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique, #essais

Le titre est mal choisi : Arendt ne parle pas de Révolution, ou très peu… D’autant que l’ouvrage est un recueil d’articles, de lettres, de notes rédigées au fil du temps. Une sélection tournée vers la compréhension de ses réflexions sur le politique. Et c’est ce qui en fait l’intérêt, qu’elle aborde l’héritage de Marx ou ces impasses où la filiation de la pensée politique grecque nous a plongés. Nous sommes et ne sommes pas les contemporains de Marx, tente Hannah Arendt. Marx serait pour elle le fil qu’il nous faudrait reprendre, après l’épisode totalitaire, qui reste cependant à ses yeux l’événement central de notre période historique. Il faudrait donc reprendre Marx, on le voit bien aujourd’hui, à la lumière de la lutte des classes, cette lutte dont le néolibéralisme a tenté de nous convaincre qu’elle était dépassée : l’immense fausse classe moyenne qu’elle a fabriquée uniquement au niveau de ses théories fumeuses, ayant, prétendait-il, absorbé toutes les autres classes, n’aura été au final qu’un leurre devant lequel nos peu scrupuleux intellectuels sont tombés en transe. Revigorant donc ce retour à Marx : ce leurre était une immense supercherie qui nous a fait perdre au bas mot cinquante ans…

De même Arendt est-elle revigorante quand elle dresse le portrait de notre fascination pour les constructions politiques de la Grèce ancienne, où la société des égaux ne s’entendait alors que d’y avoir exclu les femmes, les esclaves et les métèques…  Des égaux très minoritaires en somme, méprisant au demeurant tout ce qui constituait les fondements de la politique : ces nécessités dans lesquelles les gens sont enfermés : se nourrir, se loger, travailler… Le mépris des grecs anciens pour les contingences de la vie, nous le connaissons au fond toujours à travers ces élites qui dénoncent la prétendue petitesse de leurs soucis –vivre dignement-, introduisant la belle hiérarchie qu’agite un Luc Ferry par exemple, où le philosophe prend le pas sur le politique, pour le guider vers les hautes sphères   de la pensée et l’arracher aux contingences prépolitiques qui sont les nécessités de la vie dans lesquelles l’immense masse de ses semblables est enfermée –à dessein. A parcourir les notes de Hannah Arendt, nombre d’idées surgissent autour de la question de la Loi, de l’intérêt ou des formes de gouvernement. Dont celle-ci, à creuser : si on suit bien ce qu’elle veut nous dire, au fond, le Totalitarisme est resté notre horizon politique et le néolibéralisme ne serait rien d’autre que la poursuite du Totalitarisme sous une autre forme, où l’humain n’y est envisagé que comme moyen et non fin.

La Révolution qui vient, Hannah Arendt, Payot, traduit de l’anglais par Françoise Bouillot, octobre 2018, 376 pages, 25 euros, 9782228921992.

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Obéir aux ordres : juillet 42, de braves policiers réservistes débutent dans l’extermination de masse…

11 Janvier 2019 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique

13 juillet 1942. Des braves fonctionnaires allemands, pas du tout nazis, pas vraiment antisémites, sont débarqués dans le village polonais de Josefow. Ils appartiennent désormais au 101e bataillon de police de réserve allemande. Ils sont fiers de leur nouvel emploi, l’opportunité de mettre leurs familles à l’abri du besoin. Réservistes : ils ont passé la limite d’âge et ne peuvent plus servir le drapeau allemand. Pères de famille souvent, des hommes sans histoire. Des employés de bureau. Des fonctionnaires à qui l’on a proposé une belle vie de plein air, des déplacements en Pologne, le grand grand air dans les si belles forêts de l’Est. Pour l’heure, ils viennent chercher les 1 800 juifs qui vivent dans ce petit village. Leur mission est simple : rayer le village juif de la carte allemande du monde. On ne parle pas d’extermination. Ni de tuerie. Les mots sont feutrés : il ne faut pas heurter leur conscience. Parmi les 1 800, 300 sont choisis pour être déportés et servir la grandeur du Reich. Les autres sont abattus. Femmes, enfants, vieillards. Ce n’est pas facile la première fois. En théorie, dans la salle de conférence, cela ne posait aucun problème particulier. Surtout pas de morale : la morale est de leur côté. Elle est allemande. Elle est militaire. Elle est du côté de la police. Son honneur. Mais nos réservistes sont inexpérimentés. Brouillons, ils ratent leurs cibles parfois, ne parviennent pas à tenir les enfants sagement à genoux, bien rangés, s’emportent contre ces juifs qui ne se laissent pas tuer docilement. Ils tirent, mal, risquent de se blesser entre eux, boivent beaucoup de schnaps pour se donner du cœur à l’ouvrage, tandis que les plus volontaires moquent les vieux qui ne tirent que du bout de leurs armes, presque intimidés du carnage qu’ils font. Mais on ne parle pas de carnage. On parle de mission. Et puis ils rentrent chez eux. Mission accomplie. Embrassent femmes et enfants, retrouvent la paix du domicile familial. Les médias saluent leur courage. On décore les maladroits qui se sont blessé par inadvertance sur le champ de manœuvre. On justifie abondamment la nécessité de mettre un terme aux agissements de la race inférieure. On ne parle d’ailleurs surtout pas de massacre, mais de Justice. Les intellectuels allemands, les universitaires, déplorent qu’ils soient si mal armés pour exécuter leur tâche. Par la suite, ces fonctionnaires modèles vont perfectionner leurs actes.

C’est que l’Administration est tatillonne : elle leur reproche d’utiliser trop de munitions pour venir à bout du nombre. Alors ils rationalisent le processus. Et en 16 mois, à moindre frais, ils assassinent 38 000 juifs en utilisant moins de 40 000 balles. Ils en déporteront 45 000 autres vers les chambres à gaz.

Christopher Browning a lu les témoignages des 210 policiers de ce bataillon. Ils racontent avec leurs propres mots cette histoire. Calmement. Surpris de se retrouver sur le banc des accusés à leur procès : ils n’ont fait qu’obéir aux ordres. Sans zèle particulier, ni aptitudes exceptionnelles, sinon cette efficacité qu’ils ont su construire au fil des massacres. « Un fonctionnaire, quand il n’est rien d’autre qu’un fonctionnaire, c’est quelqu’un de très dangereux », écrit Hannah Arendt. Mu par son étroitesse d’esprit, c’est un homme qui sait agir en fonction du droit en vigueur sans se poser la question des fondements éthiques de ce droit. Or c’est justement à son éthique qu’il faut juger un fonctionnaire, non à son respect des ordres donnés.

Des hommes ordinaires, le 101ème bataillon de réserve de la police allemande et la solution finale en Pologne, Christopher R. Browning, traduit de l'anglais apr Elie Barnavi, introduction de Pierre-Vidal-Naquet, Postface de Pierre-Emmanuel Dauzat, collection Histoire, éditions Les Belles Lettres, Paris, janvier 2002, 332 pages, ean : 9782251380568.

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« Un fonctionnaire, quand il n’est rien d’autre qu’un fonctionnaire, c’est quelqu’un de très dangereux » (Hannah Arendt)

10 Janvier 2019 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique

« Ça ne peut pas être vrai »… La police française ne peut pas sciemment blesser, mutiler, estropier.

C’est en 1942 qu’Hannah Arendt réalise vraiment l’ampleur et la réalité de l’extermination des juifs d’Europe. Auschwitz. Elle est sous le choc. Ne peut y croire. Sur les bords de l’Hudson, seule la poésie lui permet d’encaisser le choc.  « Morts, que voulez-vous ? ». Elle est sous le choc, parce que l’ampleur de la répression va au-delà de toute nécessité de guerre, comme au-delà de toute nécessité politique. Cela n'aurait jamais dû se passer. Pourquoi cela a-t-il lieu ? En 42, Hannah Arendt cherche à comprendre et se lance dans sa grande enquête intellectuelle : Les origines du Totalitarisme. Qu’est-ce que le camp d’extermination dit de notre situation historique. Elle écrit de nombreux articles qui formeront la trame de son essai, dont les premières ébauches verront le jour en 1945. Il s’agit pour elle de tenter de comprendre des faits révoltants. L’idée centrale de son œuvre, c’est celle-ci : le Totalitarisme, c’est la fabrication d’une société unanime, c’est l’anéantissement de l’espace public comme espace ouvert au conflit politique, c’est la réfutation du conflit nécessaire à l’accomplissement du destin démocratique des sociétés, c’est le refus du dialogue, du discord, c’est la volonté de clore entre les hommes cet espace de l’échange, du pluralisme, où peut naître quelque chose comme la liberté, qui n’est rien d’autre que la capacité d’engendrer un nouveau commencement. Le Totalitarisme, c’est le point de vue unique et l’aveuglement qu’il engendre, mais surtout, c’est ériger en vertu l’incapacité à changer de point de vue. Le Totalitarisme, c’est le mensonge permanent et le refus de voir. C’est pourquoi la répression y devient le seul horizon possible et les forces de répression, l’institution autour de laquelle la Nation s’immobilise. Le Mal radical, analyse Hannah Arendt, surgit avec la propagande de masse -quand les médias ne donnent voix qu’aux forces de répression-, et la bureaucratie : quand les hommes décident d’obéir aux ordres sans en discuter l’éthique. Qu'est-ce qu'un fonctionnaire ? Un homme quelconque, qu’aucune haine ne meut. Il ne pense pas : il accomplit son travail au plus près des ordres donnés. On sait à quoi ce zèle aboutit. Le fonctionnaire modèle est un rouage, celui d’une machine où personne ne semble jamais prendre ouvertement de décision.  Le fonctionnaire fonctionne. On lui dit de tirer à tir tendu sur la foule, il tire à tir tendu sur la foule. On lui dit de jeter des grenades de désencerclement dans la foule, il jette des grenades de désencerclement dans la foule. Sa fonction lui permet de ne pas penser aux conséquences. Il n’y pense donc pas. « Un fonctionnaire, quand il n’est rien d’autre qu’un fonctionnaire, c’est quelqu’un de très dangereux », écrit Hannah Arendt. C’est cela la banalité du Mal moderne : un fonctionnaire mu par une étroitesse d’esprit hallucinante. Un homme qui a besoin de croire qu’il agit conformément au Droit en vigueur, en faisant abstraction de tout ce qui pourrait contredire la réalité de son geste : les vies mutilées. La leçon d’Hannah Arendt, nous la vivons aujourd’hui : ce n’est pas le mal qui est banal, c’est la banalisation du Mal qui l’est. Il faut maintenant l’analyser, non dans le cadre lointain de l’Allemagne nazie, mais le nôtre : il faut faire l’analyse politique des conditions de production de cette banalisation du Mal. Et avec Hannah Arendt et Lucrèce, affirmer avec force qu’on ne juge pas un fonctionnaire à son emploi, mais à son éthique.

 

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