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La Dimension du sens que nous sommes

Le luxe de l'indépendance, réflexions sur le monde du livre, Julien Lefort-Favreau

8 Avril 2022 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #essai, #essais

Auteurs, éditeurs, libraires, médias... Ne manque qu'une analyse du segment diffusion/distribution pour que cette chaîne du livre soit complète. J'y reviendrai. Julien Lefort-Favreau a tenté dans cet essai de comprendre les vertus et les impasses du monde du livre. Un travail essentiellement centré sur les acteurs « indépendants » ou déclarés tels de cette chaîne, prenant pour modèles certains d'entre eux, emblématiques de la « résistance » du secteur aux dérives du marketing culturel, qui ne voit dans l'objet livre que sa valeur marchande et font litière de ses dimensions culturelles. Une réflexion documentée, argumentée, mais datée, j'y reviendrai là encore, qui d'emblée s'affronte à un problème de définition : qu'est-ce qu'un éditeur indépendant, quand de grosses structures comme Actes Sud, qui dégagent des millions de bénéfice réinvestis en spéculations immobilières, dixit Julien Lefort-Favreau, s'en revendiquent ? D'autant que Julien Lefort-Favreau a écarté de son panel les micro structures éditoriales qui ne cessent de fleurir en France, à croire que l'on est revenu à l'ère du samizdat... Micro structures indépendantes par la force des choses, écartées ici pour des raisons d'efficacité politique disons : Julien Lefort-Favreau a choisi de ne s'intéresser qu'aux structures qui ont acquis de la visibilité, considérant qu'au fond, c'est de l'intérieur même du marché du livre qu'il faut en combattre les dérives. Il n'a pas tort. Mais peut-être faudrait-il reprendre à nouveaux frais cette réflexion, pour comprendre et la situation de l'édition et celles des auteurs, et dans une large mesure, celle aussi des petites librairies indépendantes, dans un marché qui s'est concentré si vite que l'étude de Julien Lefort-Favreau en paraît déjà dépassée !

Boloré s'est en effet implanté dans ce marché, pour y devenir « le Monsanto de l'édition », selon l'expression d'un journaliste d'ActuaLitté, et sa présence massive conjuguée aux dernières concentrations dans le secteur de la diffusion/distribution, d'Hachette/Editis à Sodis/Flammarion, concentrations qui ont largement dépassé le cadre de la distribution pour envahir le champ éditorial et imposer en aval des conditions de vente exorbitantes aux librairies indépendantes, font que l'indépendance est devenue héroïque, sinon suicidaire : nous assistons peut-être en direct à l'effondrement de notre culture...

Inutile de préciser ici les conséquences de ces concentrations sur la création littéraire, en amont comme en aval, car soumis à l'oppression financière des grands groupes capitalistes, ce que signe le groupe Boloré n'est rien moins que la généralisation de l'imposture sociétale et l'achèvement de notre décomposition morale...

La disparition de la petite librairie indépendante en est le symptôme au demeurant, celui du vide sidéral qui jalonne l'hygiénisation forcenée de nos centres urbains, où tout est petit à petit vidé de toute aspérité culturelle, où la neutralisation de l'espace politique doit devenir la règle. La globalisation des industries « culturelles » engendre au fond la disparition de la culture, à l'image des espèces animales en voie d'extinction... Fort heureusement, comme le signale Julien Lefort-Favreau, des résistances s'organisent : celle d'Eric Hazan et de sa maison d'édition La Fabrique en est la vivante preuve.

 

Julien Lefort-Favreau, Le luxe de l'indépendance, réflexions sur le monde du livre, Lux éditeur, coll. Futur proche, 1er trimestre 2021, 160 pages, 14 euros, ean : 9782895963554.

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Les choses que nous avons vues, Hanna Bervoets

7 Avril 2022 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #en lisant - en relisant

« Quelle est la pire chose que tu aies vue ? »... Voir... Il s'agissait d'être attentif et de regarder défiler les images, les vidéos. Les vidéos du net : Kayleigh travaille comme modératrice chargée d'évaluer les contenus signalés pour un géant d'internet. On devine Facebook, Instagram, Twitter... Comme tant d'autres, elle travaille littéralement à la chaîne pour un salaire de misère : pointeuse à l'entrée et pauses pipi décomptées du temps de travail... Soumis en outre à un score journalier : l'objectif est de faire en sorte que ses évaluations suscitent le moins de réactions négatives possibles. Pourtant, à tout prendre, Kayleigh pense que c'est presque mieux que son ancien boulot, quand elle bossait pour une plateforme d'appels à se faire insulter toute la journée...

Kayleigh a vu donc. Des ados s'ouvrir les veines, des nazis vanter Hitler, des hommes tabasser leur chien, leur femme, leurs gosses et publier leurs exploits sur internet. Autour d'elle, le peu d'amis que son travail lui laisse, veut savoir. Qu'a-t-elle vu ? Pour tenter de voir chacun à son tour l'horreur du monde dans lequel nous vivons et d'en jouir, non pour se porter au chevet de ce monde... Petit à petit, le monde révèle sa nature cauchemardesque. Et les directives de la plateforme pour évaluer ses contenus ne sont pas en reste. Sadisme ou pédagogie ? Ce contenu peut-il rester en ligne ? Qu'on ne se méprenne pas : ces directives sont claires quant à leur finalité, car ce n'est pas l'éthique qui est en jeu, mais le bénéfice commercial. La défenestration d'un chat par exemple n'est pas permise, qui révulserait les internautes. En revanche, écrire « Tous les terroristes sont musulmans » peut l'être, les terroristes n'appartenant pas à une catégorie protégée et le terme de « musulman » n'étant pas employé dans cette phrase, prétend le commanditaire, comme un terme offensant... Ou bien encore on a le droit de souhaiter la mort d'un pédophile, mais pas d'un homme politique.

A force de visionnage, Kayleigh a fini par voir sa vie partir en lambeaux, les yeux rivés sur ses scores et soumis à l'interdiction de porter secours aux personnes en détresse.

Le récit, désabusé, s'adresse à un responsable de la plateforme. Kayleigh raconte ses quelques mois d'exposition permanente à des images choquantes, sa vie détruite, le sentiment amoureux qui n'y survit pas, tout comme sa foi en l'humain. Et elle finira par... Non, découvrez-le !

 

Hanna Bervoets, Les choses que nous avons vues, éditions Le bruit du monde, traduit du néerlandais par Noëlle Michel, janvier 2022, 148 pages, 16 euros, ean : 9782493206039.

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La Littérature est une affaire politique, enquête d'Alexandre Gefen

6 Avril 2022 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #LITTERATURE, #essais

Alexandre Gefen, fondateur de l'excellent fabula.org, a enquêté. Bon... auprès de vingt-six écrivains aux fortes parentés. Et donc, à ceux qui voudraient nous faire croire que la littérature n'est qu'un pur divertissement, sans surprise, ceux-là répondent non. Avec un pareil panel, on pouvait s'y attendre. Le constat qu'il en tire est sans appel : les écrivains n'ont pas renoncé à dire le monde, à le décrypter, le décoder, bref, à le lire d'une plume acéré. Le monde. Notre monde. Ce commun. Penser l'histoire, éveiller les consciences, tous soulignent leur adhésion à la nécessité de faire communauté et font valoir l'excellence de la littérature pour mener à terme ce projet, si bien que je reformulerai volontiers l'ensemble des réponses en l'arrimant à la profession de foi de Marc Bloch (mais lui parlait de la science historique) : la littérature, c'est la dimension du sens que nous sommes, que nous voulons être.

Cela dit le débat est ancien, que l'on voit ici se perdre parfois dans les méandres des vains questionnements autour de la littérature engagée -appellation contrôlée qui date tout de même, non ? Tout comme trop souvent l'enquête réduit la dimension politique aux thèmes traités dans les textes. Bon, le thème, le cadre, on veut bien. Des marqueurs sociaux efficaces disons. Mais pas vraiment suffisants. Re-certes, il y a la question du traitement formel. Mais là encore, on voit combien notre enquêteur peine à dégager ses critères. Il est frappant du reste, de ce point de vue, de le voir très vite sortir du texte pour questionner le récit de vie de l'artiste, comme si dans cette extériorité gisait une quelconque réponse à la question posée, comme si le lien au politique s'était noué quelque part là, dans l'enfance de l'auteur, son milieu social et dieu sait quoi encore...

Rien de bien concluant en somme.

Deux interrogations toutefois ont retenu mon attention dans cette somme. En fait des affirmations qu'il faudrait scruter, questionner à l'aulne de réponses tentées par Nelly Wolf et Llecha Llop Canela, que je vous ai mis en note.

La première est celle de Mathias Enard affirmant que «la littérature, c'est la condition sine qua non de la démocratie». La seconde, celle d'Annie Ernaux : «choisir l'aire sociale où l'on inscrit son langage».

Les réponses de Mathias Enard ouvre une vraie perspective pour scruter dans la structure même du romanesque la nature du lien au politique. En quoi la littérature serait-elle cette condition sine qua non ? Au vrai, peut-être faudrait-il déplacer le questionnement pour savoir où creuser, ainsi que Nelly Wolf nous y encourage : quel genre de pacte la littérature passe-t-elle avec la société ? Mieux : à quel genre de contrat social avons-nous affaire, là ? Est-ce que, quand la société se raconte, dans le même temps où elle se raconte, elle s'engendre ? Ou bien : qu'y a-t-il de commun entre le pacte romanesque et le pacte démocratique ? Sans doute faudrait-il alors interroger les liens qui se nouent autour du livre entre l'auteur, le narrateur et le narrataire, tous inscrits dans cet espace commun du récit. Ce serait alors la structure de l'espace romanesque qu'il nous faudrait interroger, où s'opère la rencontre entre l'autorité de l'auteur et l'activité anonyme du lecteur, au sein d'une société fictive, celle du livre, et par le biais d'un acte de socialisation volontaire : celui de la lecture.

Et se refuser avant toute chose, à en appeler à la communauté des «experts», universitaires, critiques et autre lecteur averti, prétendant surplomber ce contrat. Car l'enjeu ne peut être que celui des lectures insistantes faites par chaque lecteur, non pour soi mais pour ce monde du livre derrière lequel s'engage la quête de cette dimension du sens que j'évoquais plus haut.

 

Annie Ernaux, quant à elle, a posé avec une plus grande justesse encore à mes yeux, la question du politique dans la littérature, en mobilisant l'interrogation sur la langue qui s'y déploie. C'est là que tout se joue dans une très large mesure. Mikhaël Bakhtine avait vu juste, quand il expliquait que la langue qui s'était inventée dans le roman du XVIIIème siècle, accomplissait le passage de la langue de l'Ancien Régime à celle du nouveau Régime ; ce nouveau contrat linguistique répondait au nouveau contrat social qui se mettait en place, et peut-être l'avait-il non seulement annoncé, mais devancé. Est donc politique la langue romanesque qui explore les fractures du régime politique dans laquelle elle baigne, pour les déplacer à l'intérieur de son périmètre, dans l'invention d'une langue capable de les travailler.

Le reste n'est que littérature, qui donne raison à Virginia Woolf, quand elle se demande si le roman ne serait pas «devenu un dispositif enraciné précisément sur les inégalités sociales», voire «les légitimant», pour devenir le discours soliloque du clan bourgeois...

 

Alexandre Gefen, La Littérature est une affaire politique, 26 écrivains se mêlent de ce qui les regardent, éditions de l'Observatoire, mars 2022, 366 pages, 22 euros, ean : 979-10-3292279-8.

 

Pour aller plus loin :

 

  • Wolf Nelly, « Littérature et politique : le roman contractuel », A contrario, 2007/1 (Vol. 5), p. 24-36. DOI : 10.3917/aco.051.0024. URL : https://www.cairn.info/revue-a-contrario-2007-1-page-24.htm

Llecha Llop Canela, « Pour une politique de l’interprétation littéraire. À propos de : Carlo Umberto Arcuri et Andréas Pfersmann (dir.), L’interprétation politique des œuvres littéraires, Paris, Kimé, 2014 », Raison publique, 2014/2 (N° 19), p. 225-232. DOI : 10.3917/rpub.019.0225. URL : https://www.cairn.info/revue-raison-publique1-2014-2-page-225.htm

 

 

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Gaza la vie, entretien avec Ziad Medoukh, poète, écrivain chercheur, fondateur du département français de l'université de Gaza.

5 Avril 2022 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #entretiens-portraits

jJ : Impossible de ne pas évoquer tout d'abord la guerre en Ukraine, tant l'attention internationale des européens est tournée vers... l'Europe... Ce devrait être l'occasion d'une interrogation du reste : la quatrième offensive de l'armée israélienne contre des objectifs civils à Gaza n'a soulevé à peu près aucun émoi ni aune attention de la part des médias et de l'opinion publique française, sinon à la marge. Si bien que ce devrait être plutôt à vous de nous interroger sur cet européocentrisme qui nous fait détourner les yeux de ce qu'il se passe, par exemple en Palestine. Mais tout de même je vous en pose la question : une réaction ?

 

Ziad Medoukh : Les médias étrangers, le monde officiel et les instances internationales appliquent la politique de deux poids deux mesures, ils sont complices avec les crimes israéliens, ils ne bougent pas pour dénoncer les violations israéliennes du droit international dans les territoires palestiniens. Les Palestiniens n'ont pas pris position sur le conflit entre la Réussie et l'Ukraine, mais ils voient que le monde entier se mobilise pour l'Ukraine. Or le peuple palestinien souffre depuis plusieurs décennies sans aucune réaction  de cette communauté internationale officielle. A l'exemple de la dernière offensive militaire israélienne contre la bande de Gaza en mai 2021.

 

 

 

jJ : Presque un an après cette offensive de 2021, où en est la reconstruction ? Des aides internationales ont été débloquées ? Le coût des destructions a-t-il été chiffré ?

 

Ziad Medoukh :Un an après cette nouvelle offensive militaire contre la bande de Gaza, la quatrième en 12 ans, rien n'a changé dans cette enclave isolée : le blocus israélien est toujours maintenu, les matériaux de constructions n'entrent pas à Gaza par ordre militaire israélien, l'aide internationale est limitée à l'aspect alimentaire. Aucun projet de reconstruction privé ou public n'a commencé, la population civile en souffrance attend et patiente.

 

 

 

jJ : Quel était le vrai but de guerre de cette offensive ? Vous évoquez dans votre ouvrage la volonté de l'état israélien de ne donner aucun chance à la société palestinienne de se construire. Pouvez-vous nous apporter des précisions à ce sujet ?

 

Ziad Medoukh :Le vrai objectif israélien de cette offensive est de briser et casser la volonté de cette population civile résistante et attachée à sa terre, une population qui a décidé de rester et ne pas partir, même si rester signifie pour elle de vivre à côté des ruines de ses maisons, détruites par les bombardements israéliens.

 

 

 

jJ : Que devient la librairie Mansour, détruite, pour le coup stratégiquement, par l'armée israélienne. Qu'est-ce que l'état hébreu voulait détruire en la détruisant ?  

 

Ziad Medoukh :La libraire Mansour, c'est le seul projet privé qui a été reconstruit grâce à la bonne volonté de son propriétaire Samir Mansour et la solidarité populaire partout dans le monde. C'est un exemple de l'importance de la culture et de l'éducation pour les Palestiniens. L'armée israélienne voulait priver les Palestiniens de Gaza de ce lieu culturel et éducatif, mais les Palestiniens, qui considèrent la culture comme résistance, ont montré leur attachement à la lutte populaire et non violente via la culture, le savoir et l'éducation. 

 

 

 

jJ : Vous avez créé le département français de l'université de Gaza. Qu'est-il devenu ?  

 

Ziad Medoukh :Le département de français fonctionne bien. Les étudiants de Gaza qui étudient le français considère cette langue comme une langue d'ouverture, d'espoir et l'occasion de communiquer avec le monde francophone, solidaire de leur cause de justice.

 

 

 

jJ : J'aimerais que vous nous parliez de toutes les actions que vous avez entreprises auprès des jeunes gazouis, sur un front à la fois pédagogique et psychologique, après le traumatisme de ces journées barbares.

 

Ziad Medoukh : Dans la bande de Gaza, il y a un  rôle très important  joué par la société civile avec la richesse de la vie culturelle, et les différentes initiatives des jeunes, soutenu par le travail remarquable de jeunes diplômés de langue française reliés par leurs pages Facebook francophones, et leur chaîne «Gaza la vie» afin de témoigner de la réalité quotidienne dans la bande de Gaza. Les jeunes motivés de Gaza poursuivent leurs activités d'animation et de soutien psychologique aux enfants de Gaza afin de les aider à dépasser leur traumatisme causé par les bombardements et les différentes agressions israéliennes.

 

 

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Chroniques sous les bombes à Gaza -récit de la quatrième offensive israélienne (10-21 mai 2021), Ziad Medoukh

4 Avril 2022 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #essai, #essais

Poète, écrivain, chercheur, fondateur du département français de l'université de Gaza, Ziad Medoukh raconte, en français et au jour le jour, l'horreur de ces onze journées de terreur orchestrées par l'armée israélienne en mai 2021. La Palestine vit alors, comme nous, la crise sanitaire. Gaza n'y échappe pas. Immense prison à ciel ouvert, les palestiniens dont on rappellera qu'ils n'ont pas le droit de se défendre, vont alors subir une double peine : celle de la crise sanitaire et cette terreur imposée par l'état d'Israël. 1800 raids au total contre les populations civiles. Du ciel, les avions larguent leurs bombes, anéantissant des quartiers entiers. 280 palestiniens périront, assassinés, dont 69 enfants, dans le silence absolu du monde dit libre... 45 000 palestiniens devront chercher des refuges précaires, tant sont importantes les destructions. La liste en est longue du reste, dont Ziad Medoukh a tenu le compte. Parmi ces destructions, celle de la librairie Mansour, librairie historique et principale ressource culturelle des gazaouis. Une cible militaire ? A qui le fera croire l'état hébreu ? Tout comme les enfants de Gaza, qui ont payé un très lourd tribu au cours de ces onze jours. Effarants, insupportables. Un massacre. Délibéré : les cliniques, les hôpitaux, systématiquement visés, détruits. Les cimetières aussi, pour marquer sans doute les esprits... L'orphelinat de Gaza... Des milliers de blessés, les infrastructures détruites, les nappes d'eau souterraines détruites, l'espace de pêche fermé, les jardins d'enfants bombardés, les stations de traitement des déchets anéanties, il faut lire cette longue énumération hallucinante pour réaliser la barbarie de cette attaque, et la catastrophe vécue par les palestiniens. Pour réaliser ce que leur vie peut être désormais. Les pharmacies, les routes, les rues, les voies, les citernes d'eau potable : le saccage de Gaza en pleine pandémie de covid ! Comment le monde libre a-t-il pu fermer pareillement les yeux ?

Comment ne pas comprendre qu'il s'agissait de terroriser les gazaouis ? Car il n'est pas possible de parler de guerre, tant la violence est disproportionnée. Parlons de terreur. Entendons Ziad Medoukh, quand il affirme qu'au fond, l'une des visées de cette action était aussi d'empêcher la construction d'une société palestinienne. Et rappelons la condamnation vaine de l'ONU, rappelons les mots de Human Rights Watch parlant de «crime d'apartheid et de persécution», rappelons même les mots de Dominique de Villepin, en 2014, affirmant que par ses actes, l'état hébreu se condamnait «à devenir un état ségrégationniste» (Figaro du 6 juillet 2014).

 

Ziad Medoukh, Chronique sous les bombes à Gaza -récit de la 4ème offensive israélienne (10-21 mai 2021), édition Culture et Paix, juillet 2021, 84 pages, 10 euros, ean : 9782956997818.

Pour vous procurer l'ouvrage : Association Culture et Paix, 20 rue Cadet 75009 Paris.

baudoin-laurent@wanadoo.fr

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