Pour les Palestiniens, sous la direction de Rony Brauman
Rony Brauman était israélien. Il n’a pas voulu le rester. Il lui reste la nationalité française. Et israélienne pour un temps, de force : l’état hébreu fait durer la procédure qui lui aurait permis, déchu de sa nationalité, d’entrer dans Gaza et dans les Territoires occupés pour témoigner de ce qu’il y aurait vu. L’état hébreu fait traîner la procédure car il ne veut pas le voir entrer dans ces Territoires occupés. Aussi témoigne-t-il avec force de ce qu’il sait, de ce que tout le monde peut observer, à commencer par l’infamie de ce faux processus de paix qui «n’est plus, depuis longtemps, que le code d’une politique du mensonge et de la violence». Il faut, nous dit Rony Brauman, rayer absolument de notre vocabulaire, de nos discours, cette idée de négociation qui met en péril le Peuple palestinien : il n’y a pas de négociations. Il n’y a qu’un long travail de sape de l’état hébreu orchestrant la longue agonie du Peuple palestinien. Sa nationalité française, Rony Brauman pourrait bien y renoncer un jour, lui qui ne cesse de dénoncer l’hypocrisie des autorités françaises, Droite/Gauche confondues, face à cette situation d’apartheid organisée en Israël. Tout le monde sait où conduit la politique ethnocratique du gouvernement israélien : vers un état unique frappé du sceau de l’apartheid. Apartheid décidé de longue date. Et Rony Brauman de décrire alors cette guerre coloniale que mène l’état hébreu, avec la bénédiction des puissances occidentales, qui continuent de voir dans le colon le «vrai indigène» du pays, quand l’immense majorité des juifs ne vit pas en Israël, ni n’espère un prétendu retour. A quoi ressemble le nationalisme israélien ?, nous interroge Rony Brauman… Qui aura l’audace de le regarder en face ? Certainement pas François Hollande, qui adressa en 2013 un véritable «chant d’amour» au gouvernement israélien, alors composé de militants d’extrême-droite… Un gouvernement d’apartheid. Apartheid… Le mot est lâché, que Rony Brauman nourrit non pas d’observations personnelles, mais de faits, entrés dans la Loi israélienne et que n’importe quel juriste ou sociologue pourrait relever, comme cette discrimination quant aux salaires par exemple, ou l’interdiction faite à un israélien d’épouser un(e) palestinien(ne) des Territoires occupés ! Voire cette absence de Constitution de l’état hébreu, bien en peine d’en rédiger une qui ne serait pas ouvertement raciste… Rony Brauman rappelle très à propos la définition donnée par l’ONU en 1973 de l’apartheid : «Le crime d’apartheid désigne les actes inhumains commis en vue d’instituer ou d’entretenir la discrimination d’un groupe racial d’êtres humains et d’opprimer systématiquement celui-ci»… On y est : routes réservées ou fermées aux palestiniens, des heures d’attente aux checkpoints selon le bon vouloir des soldats en poste. On y est avec le «mur de séparation». On y est avec la saisie des terres, des maisons, des biens, la destruction de quartiers entier au bulldozer D9. On y est. Et demain Israël pratiquera purement et simplement l’annexion de la Palestine, travaillant dès à présent au corps la société juive pour qu’elle l’accepte et qu’elle accepte cet apartheid qui sera alors son fait. Entendez les discours de l’extrême-droite israélienne, à travers la bouche du Ministre des Affaires Etrangères qui déclarait il y a peu qu’il fallait «traiter Gaza comme les Etats-Unis le firent du japon en 1945, avec des bombes nucléaires»… Cela, sans lever la moindre protestation dans les chancelleries des démocraties occidentales…
Pour les Palestiniens, sous la direction de Rony Brauman, illustrations de Guy Delistre, Autrement éditions, coll. Manifeste, 8 octobre 2014, 144 pages, 19 euros, ISBN-13: 978-2746736122
image : les D9 entrant dans Rafah…
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