POUR FOURBIR UN DERNIER VIRAGE A DROITE…
Dix intellectuels… appelons ça comme ça. Dix intellectuels égrotants. Convoqués par les éditions de l’Aube et le quotidien Le Monde pour débiter leur diagnostic sur l’état mental des français… La France va mal. Plat réchauffé s’il en est. Son économie est en berne, le moral des troupes au plus bas… Quelle découverte ! C’est la thèse, magistrale, du livre… Dont acte. Elle va mal, mais pourquoi donc, cancanent nos cérébraux ? Parce que les citoyens français se sentent toujours aussi impuissants face à "la grande marche du monde"… Les bras nous en tombent ! Les voilà donc qui raccommodent la ritournelle des français apeurés par la mondialisation et qui, les bougres, n’auraient de cesse de se tourner vers "le repli sur soi et la peur des Autres" comme seul horizon… Le tout fabriqué à grand renfort d’une légitimité de pacotille : la leur, et l’enquête de l’Institut Médiascopie qui autoriserait pareille assertion…
Une enquête partiellement reproduite dans l’ouvrage, mais dont les petits bouts offerts à notre attention permettent de tirer bien d’autres conclusions que les leurs…
Les voilà donc qui enfoncent leur coing dans ce boulevard ouvert par le monde politico-médiatique dès les années 80 sur la peur des français face à la mondialisation… C’est Cohn-Bendit ressassant le topos de la nécessaire européanité des citoyennetés européennes, Michel Godet évoquant le manque d’audace des français face au marché du travail –il faudrait plus de précarité, plus de flexibilité, plus de mobilité… C’est Gilles Finchelstein en appelant à la patience… Un autre, ratiocinant encore sur la mutation nécessaire, ce vieux langage éculé pour justifier l’injustifiable : cette mondialisation et non une autre, dont le modèle n’a conduit qu’à la construction d’un monde polarisé, avec les hauts-revenus du plein emploi d’un côté, la paupérisation des classes moyennes jetées dans la précarité de l’autre, inversant radicalement la dynamique sociale frayée dans les décennies précédentes, jusqu’à casser la structure sociale des sociétés européennes, depuis une bonne trentaine d’années de nouveau tirée vers le bas…
C’est encore Jean Viard de récidiver sur la critique des récits politiques de libération d’avant la chute du mur de Berlin (hé, réveille-toi Jean, on est en 2013…), responsables des prétendues illusions d’une société malade, et Laurent Davezies, à qui revient la palme, de colporter la vieille rengaine du pessimisme français comme résultat de notre incapacité à renoncer au modèle de l’Etat providence…
Et pour nombre d’entre eux, Tout viendrait de ce que, à la tête de l’Etat, François Hollande n’aurait pas encore trouvé le ton d’une communication efficace ! Tout viendrait de ce que son écriture médiatique manquerait de clarté… Comme si nous pouvions nous en tirer par la pédagogie malingre de la France expliquée aux français ! Courage Hollande, entonnent-ils, "il faut avancer d’un pas l’aggiornamento"… Et franchir sans doute le seuil du pire, 5 millions de chômeurs ce n’est pas assez encore, 8 millions de pauvres, c’est une paille… Des millions de français écartés des soins médicaux itou –mais ils n’en savent rien nos cuistres, rien de ces études de plus en plus nombreuses qui révèlent par exemple que la courbe de l’espérance de vie en bonne santé (celle dont on ne parle jamais s’agissant du financement des retraites) s’infléchit très sévèrement selon que vous êtes bien sûr en haut ou en bas de l’échelle nationale… Bien avant les 67 ans fatidiques… Que la courbe de l’espérance de vie suit la même tendance, que la courbe de la réussite scolaire suit la même tendance, et à ce propos, cerise sur le gâteau : leur évocation de la jeunesse française, placée au centre de la parole quinquennale et à qui l’on ne propose rien d’autre qu’une poignée d’emplois sans avenir pour destin…
Quel scandale que cette clôture intellectuelle, dont la seule justification semble être d’empêcher toute réflexion réelle sur l’état réel de la France. A les voir enfoncer leur coing jusqu’à plus soif et légitimer ce discours de nantis, on comprend les raisons pour lesquelles le politique est devenu un champ de ruines en France ! De qui se moque-t-on à jardiner pareillement l’ordre symbolique pour mieux contourner les réalités sociales ?
Et ce qui fait enrager, c’est que l’enquête partiellement publiée donne à voir, en gros et gras, cette rupture démente qui se profile à l’horizon, lisible dans ce qu’elle comptabilise, cette peur économique plus forte que le désir de révolte.
A défaire pareillement la conscience politique, à décourager pareillement le besoin de justice, à abolir l’esprit légitime de révolte, ce que l’on finit par promouvoir, en effet, ce sont les discours des droites extrêmes pour seul crédulité !
La France des illusions perdues : La grande enquête de l'Institut Médiascopie, sous la direction de Denis Muzet, collectif, éd. de l’Aube / Le Monde, mars 2013, 142 pages, 13 euros, ISBN-13: 978-2815907514.
Lalla Kowska Régnier : "la mise en chair de l’existant"
Du riche auto-entretien donné par Lalla Kowska Régnier au site Annamedia.org (son Echappée belle), à partir duquel il y aurait beaucoup à penser, entre autres sur la conduite et le sens d’une lutte –voyez sa superbe analyse décortiquant la grammaire d’un slogan-, je voudrais juste extraire quelques idées sur la question du genre, tel que Lalla Kowska nous oblige à le repenser, formulant au passage à nouveaux frais la question du corps en s’opposant aux réductions auxquelles opèrent trop souvent tout à la fois les opposants au Gender et les personnes queers.
Une réflexion qui enrichit aujourd’hui tout court la pensée de l’être, tombée ou non dans la nasse d’une mauvaise traduction française du Gender ainsi que l’affirme Lalla Kowska, ce passage de l’énonciation du Gender à sa traduction française ayant été la source, selon elle, de bien des malentendus opérés en France quant à sa compréhension.
Trois focales m’intéressent dans cette réflexion, que l’on peut ramasser dans l’affirmation de Lalla Kowska selon laquelle il n’y a pas de continuité trav/trans. Et en effet, quelle continuité pourrait-il y avoir entre la personne queer qui joue sur les signes, là où le trans opère dans la chair ?
(Le langage)
Au-delà de la critique de Lalla Kowska de la traduction française du concept de Gender, qui tient pour beaucoup aux ambiguïtés de notre langue elle-même, peut-être y a-t-il aussi une difficulté propre à la compréhesion du Gender américain, liée à la stratégie mise en place par Judith Butler. Cette dernière (in Gender Trouble, 1990), a organisé sa stratégie de déconstruction du genre dans la sphère du langage : le sexe biologique n’engage pas, c’est le langage performatif qui oriente la sexualité. On comprend bien cette stratégie, qui contraint de réinscrire le sexe anatomique dans l’ordre symbolique, ouvrant droit à un désir qui dès lors ne peut relever que de l’ordre de l’intrigue, à mi chemin entre imaginaire et réalité. C’est là où le bât blesse dans la théorie du Gender développée par Judith Butler : refusant d’essentialiser le corps, elle se retrouve à naturaliser le désir, posé du coup dans sa théorie entre nature et aventure…
Si l’anatomie n’est pas un destin, le Gender fait du désir un destin, le plaisir n’évacuant que partiellement cette nature qui revient du coup au galop sous la forme de ce désir, d’un désir que Judith Butler ne sait plus loger au demeurant : dans le corps, ce serait l’essentialiser de nouveau par la bande.
Mais le corps demeure bel et bien dans le lieu partiel d’énonciation du désir, alors qu’il aurait dû rester un médium entièrement signifié par une inscription extérieure, et se voit du coup recouvert d’un plus grand mystère qu’il n’aurait dû en supporter…
Judith Butler a bien tenté de déployer toutes les issues possibles à cette aporie, dont une critique du langage, outil de saisie du corps, nécessairement disqualifié et aliéné. Refusant d’essentialiser le corps, elle ne pouvait que déployer un langage lui-même instable –c’est peut-être l’une des sources des difficultés de la traduction du concept. Car le Gender devait rester une réalité changeable et révisable, plutôt qu’une identité fixe impliquant un fondement dans l’être. D’où la tactique d’une "orientation sexuelle aléatoire et sans ancrage dans l’identité sexuée" (GT, 1990).
On comprend le sens de cette stratégie : une définition claire était impossible, il fallait mettre du trouble dans le genre, et donc dans le langage. (GD, 1990).
Ce que nous voyons autour de nous, les hommes et les femmes que nous côtoyons, ne sont que des styles pour reprendre ses propres formulations. Des styles qui donnent droit à un monde de jouissance ouvert, où l’on jouit de son corps comme d’un objet. Le Gender devient performance artistique, que l’on peut même créer en dehors de tout désir sexuel pour n’en faire qu’un objet artistique –et ce serait mieux, car à soumettre le désir à nos caprices pulsionnelles, on finit par réinjecter de la nature dans l’univers du genre.
Judith Butler affirme, et l’écrit : il n’existe aucune base épistémologique ancrée dans un avant pré-culturel qui puisse offrir un autre point de départ épistémique pour un examen critiques des rapports de genres.
Mais ce qui existe, c’est tout de même bien la naturalisation du rapport de domination sous les espèces d’un style rendu commun : masculin / féminin. Et un corps, même partiel, ouvert à sa nature désirante…
(Le corps)
Le corps, dans la tradition de la pensée analytique occidentale, est devenu un texte cauchemardesque qui se dérobe sans cesse. Un objet écrit, dépouillé de toute matière. Une imprimé.
Au mieux, un objet posé devant le regard, toujours second, et que l’on doit scruter avec circonspection. Corps de foire, réseau de formulations, d’énoncés, de mémoires discursives que l’on ne peut appréhender que dans une sémiologie de l’extériorité. Un objet que ne cessent d’abrutir les exigences de lisibilité qui l’ont fait émerger. Et un objet habité tout de même par un étrange sujet, étranger à son propre corps la plupart du temps, et encombré par un fonds d’images qui le dépouille de son espace anatomique.
Pourtant, le XXème siècle, avec la phénoménologie de Merleau-Ponty par exemple, nous avait invités à une autre rencontre possible du corps : à travers sa chair.
(La chair)
Ce à quoi nous ramène Lalla Kowska, au fond, avec son insistance à poser devant nous son corps qu’elle ne cesse d’éprouver, c’est à poser la question de l’Être : qu’est-ce qu’être ?
Humain.
La personne est un corps, en même temps qu’un sujet de droit.
Un corps qui dispose la possibilité de l’être, et ses possibilités d’agir.
Certes, la personne humaine demeure en exode : la nature m’enseigne que je suis un être humain, mais pas quel être humain je suis, pour reprendre l’habituelle interrogation des philosophies contemporaines sur la question.
Un corps donc, encombré de signes.
Un être de chair plutôt, encombrée de signes : l’Homme est un être incarné. Son incarnation commence et s’achève avec ce qu’il éprouve, d’être chair dans un corps, réellement chair et non seulement de l’avoir désirée. Un être traversé par le désir, bouleversé dans cette chair qui est la sienne, si radicale qu’on ne peut la penser jusqu’au bout : si je sais ce qu’est un corps revêtu de ses signes, en revanche je ne peux connaître entièrement ma chair : elle s’achève dans une ignorance complète que je ne peux qu’éprouver, plutôt que dire.
La sensation de vivre ne se produit du reste jamais ailleurs que là, dans cette chair, qui demeure comme un terme anthropologique indépassable.
Une chair, non un corps.
Peut-être cela manque-t-il à la théorie du Gender de Judith Butler, cette distinction phénoménologique entre la chair et le corps.
Car l’homme ne vit de rien d’autre que d’éprouver du plaisir et de la souffrance dans sa chair, qui est l’affirmation catégorique de sa réalité.
Quelle est cette chair où je m’éprouve ?
Non pas la matière du monde, mais la chair que définit ses sensations, ses émotions, cette matière phénoménologique où l’on découvre que la vie humaine n’est pas le bios des grecs, ni le bios de notre biologie, mais l’auto-révélation pathétique dont la vie tient sa réalité (j'emprunte ce cocncept d'auto-révélation pathétique au philosophe chrétien Michel Henry, dans sa tentative de fonder la transcendance dans la chair elle-même).
C’est à cela, il m’a semblé du moins, que ramenait sans cesse Lalla Kowska dans son entretien : l’auto-révélation pathétique de la chair. Ramener l’être humain à cette réalité, même partielle, à ce corps d’où a surgi la chair et que le Gender évacue trop aisément.
Car on n’aura pas tout régler à affirmer qu’être est quelque chose que l’on devient et qui ne peut jamais être : on n’est pas sans quelque ancrage.
(LALLA KOWSKA)
L’ancrage, cette volonté d’ancrage, c’est peut-être au fond ce qu’une Judith Butler pourrait reprocher à Lalla Kowska, cherchant à s’ancrer dans une réalité anatomique.
Pour Lalla Kowska, la question fondamentale au fond, c’est de savoir ce qu’est la réalité de nos vies. Une réalité qui se refuse à rejeter l’asymétrie des genres comme elle l’exprime si bien, qui de toute façon est demeurée reconnaissable dans la confusion des signes concédés par le Gender, masculin / féminin. Des signes que Lalla nous propose très justement de dépasser, affirmant avec la même force que ce couple masculin / féminin ne parvient pas à dire l’asymétrie mâle / femelle : on peut être un homme féminin ou une femme masculine, voire tour à tour masculin ou féminin selon l’humeur qui nous affecte. Mais surtout, nous dit Lalla Kowska, et j’en reprends les termes, "gardons-nous de déconstruire le genre dans une indifférence universelle" : derrière "ce processus de masquage du sexe biologique par le sexe social", qui sait quelles dominations nous allons reconduire.
La transition sexuelle, telle que pensée par Lalla Kowska, a ceci d’intéressant qu’elle articule comme elle le dit, "le sexe anatomique au sexe social, quand la personne queer ne fait que jouer entre le sexe social et l’identité de genre". Elle a aussi cela d’intéressant qu’elle n’évacue pas le corps.
"Observer le corps, lâcher l’affaire du masculin / féminin dans cette mise en chair du sexe social", "se rendre disponible", "intelligible dans un corps social à partir de son corps" et "faire de nouveau entrer par ce corps de l’intime dans le corps collectif".
N’est-ce pas cela : exister dans sa chair, ou pour le dire autrement, avec Lévinas, faire exister le Visage sous les masques qui l'étouffent, comme lieu du déploiement d’une auto-révélation pathétique, là où tout être s’inscrit. "La mise en chair de l’existant", dit encore Lalla Kowska, dans cette chair auto-affectée par la Vie immanente énoncée par Merleau-Ponty, pour dire l’humain à travers d’autres catégories que celle de soma, de phantasia et témoigner du vivant de son corps. Quelle leçon, non ? Où chacun peut assumer enfin sa corporéité charnelle et non un simple style, comme une vie réellement éprouvée dans la sensation de soi.
Avouez qu'il y a là une vraie échappée belle, en effet, où acquiescer à sa chair dans l’horizon d’un monde réchappé de l’usure du temps. La chair non pas déconstruite comme on peut le faire du corps, mais redevenue une source affective depuis laquelle accéder à l’épreuve sensible de soi, dans une vie affectivement motivée. Merci, Lalla Kowska !
photos : la première est de Sébastien Dolidon, la seconde de Nicole Miquel et la troisième de Zac Barney Stinson
Lire l’article de Lalla Kowska sur le site Anna.org :
http://www.annamedia.org/#!echappe-belle/cocm
un entretien avec Didier Lestrade sur Minorités :
http://www.minorites.org/index.php/2-la-revue/860-lalla-kowska-regnier-l-interview.html
un autre entretien, filmé, sur le site du MacVal :
Ceux d’en Haut, Hervé Hamon
Pas vraiment un livre sur le Pouvoir, mais un récit, très romanesque, des rencontres qu’Hervé Hamon a faites avec des gens qui, à des titres vraiment très divers, exercent un pouvoir dont on ne voit pas trop au demeurant ce qui les relie, le pouvoir des uns étant sans commune mesure avec celui des autres... Hamon brosse donc large, des portraits de braves gens qui se sont faits à la force du poignet aux barons de l’industrie française, héritiers de fortunes colossales.
N’attendez rien de bien engageant sur ces messieurs du CAC 40, comme le titre pourrait donner à le croire. J’ai de bien meilleurs anecdotes sur leur compte… Les portraits de Hamon sont dès lors complaisants, dépourvus de toute impertinence, offrant une tribune schizophrène à des hommes insignifiants. Hamon n’est pas William T. Vollmann , son enquête sent son ronron saupoudré de paroles édifiantes. C’est qu’il n’a lui-même pas beaucoup d’idées –raison pour laquelle il en fait un livre, comme beaucoup de ceux qui n’ont rien à dire aujourd’hui. Aucune réflexion critique, tout juste quelques questions presque dérangeantes, vite remisées dans la bienséance d’une courtoisie réjouie. Des hommes sincères en gros. Tout de même, frappe l’arrogance et l’assurance des hommes politiques dans cette mixture, et le manque absolu de conscience politique et sociale des grands patrons d’entreprise. Ils jonglent avec les milliards, mais sont incapables du moindre commentaire sur le fait que nombre de leurs salariés doivent vivre avec 900 euros par mois… Ils pataugent dans une conscience archaïque de la société, beaucoup plus à droite qu’on ne l’imaginerait, à l’instar d’un Riboud prenant le très chiraquien Luc Ferry pour un homme de gauche ! Imaginez le peu ! Le plus intéressant de l’ouvrage se dessine ainsi en creux. Non seulement dans cette vision réactionnaire de la société, mais avec celle d’un monde au fond suranné sur la défensive, d’un monde qui inquiète tant il est sur ses gardes, atteint qu’il est par l’image que la société lui renvoie de lui-même. Des patrons déstabilisés, dangereux parce qu’accrochés à leur vindicte, un prêchi-prêcha indigeste, soucieux d’un pouvoir dont ils sentent bien qu’il pourrait leur échapper demain, porteurs d’une conscience de classe dont on voit bien qu’elle se lézarde. Il faut donc enfoncer le clou –ce que Hamon, précisément, ne fait pas.
Ceux d'en haut, Hervé Hamon, Seuil, coll. H.C. Essais, avril 2013, 270 pages, ISBN-13: 978-2021071375.
Les cerises de Ghirlandaio
Il y a dans le couvent de San Marco, à Florence, une fresque de Ghirlandaio tout à fait étonnante, qui représente la Cène, avec une table parsemée de cerises. Ghirlandaio est le seul, à ma connaissance, qui ait parsemé ainsi la Cène de cerises.
Intrigué, j’en ai posé la question à un historien de l’art, qui m’a affirmé qu’en fait Ghirlandaio avait fait un séjour à Lyon et que c’est dans cette région qu’il en était revenu avec l’idée de peindre ce fruit sur la table de la Cène parce que la guigne, cette cerise à chair ferme, toute petite, que l’on cultivait dans la région lyonnaise, avait pris le sens qu’on lui connaît aujourd’hui, de malchance.
J’ai cherché dans d’épais dictionnaires, mais je n’ai trouvé nulle trace confirmant cette hypothèse. Furetière par exemple, pensait que le nom de cette cerise venait d’une ville de Picardie. A ses yeux, c’était principalement dans le nom de guignon que le mot revêtait ce sens du malheur, mais au jeu de cartes, et dans une France bien postérieure à celle qu’avait pu connaître Ghirlandaio.
Pour d’autres, cette cerise avait d’abord poussé en région parisienne, ce qui expliquait sa taille et son acidité : elle ne parvenait jamais vraiment à maturité.
Pour Gilles de Ménage, le mot venait d’Espagne. Dans son Dictionnaire de la langue françoise, le mot espagnol guinda est référencé comme la vraisemblable origine de notre guigne. Selon lui le vocable avait bien transité par Lyon, dans le vocabulaire des médecins, mais sous la graphie de guines, que ces médecins avaient dérivé d’un grec "vulgaire, corrompu" par le turc…
D’autres ont cherché ses origines dans le terme de guignot, qui était le présent que faisaient les parrains bourguignons à leurs filleuls le premier de l’an suivant leur année de baptême.
Le mot du reste fut utilisé par Philippe Le Bon en 1424, mais on en trouvait des traces dans les registres de la Chambre des Comptes de Dijon en 1414.
Dans le glossaire des Noëls bourguignons, il était par contre inscrit sous la forme quignes.
Pour d’autres encore, le mot semble hérité du francique wihsila, terme qui désignait nos actuelles griottes, et encore, devait-il ses transformations à son passage par l’ancien haut allemand. Mais cela n’expliquait pas le n que l’on retrouve dans les formes dialectales, romanes et provençales.
Ce qui autorisa d’autres linguistes à affirmer qu’en fait il nous venait tout droit du latin vinea, qui désignait alors un fruit ayant l’acidité du vin. Les nombreux dérivés du terme pouvaient en effet rendre assez bien compte de l’ensemble des variantes que le mot a connu.
D’autres encore affirment qu’il vient du verbe guigner (1175), recueilli du gallo-romain, venu lui-même du francique via cette fois encore le détour du haut allemand, et qui aurait aussi signifié dans l’ancien français "faire signe de l’œil à quelqu’un", et dans plusieurs dialectes "loucher", regarder à la dérobée. Mais cela, bien plus tard que l’époque de Ghirlandaio.
Tous s’accordent à dire qu’il devint rare et ne survécut que dans l’expression "s’en soucier comme d’une guigne", où la guigne, sémantiquement, rappelait le petit fruit assimilé à une quantité négligeable.
La guigne, au sens de malchance, ou de malheur, n’est arrivée semble-t-il que très tardivement dans notre vocabulaire, au XIXème siècle. "Porter la guigne", "avoir la guigne"… On se rappelait encore au tout début de ce siècle qu’on l’employait autrefois pour parler des personnes qui louchaient. A Lyon en particulier, où le mot donna naissance à Guignol, celui qui cligne de l’œil, ridicule sinon horrible. Mais c’est Baudelaire qui lui donna ses lettres de noblesse si l’on peut dire, convoquant définitivement la malchance à son chevet.
Quant aux cerises de Ghirlandaio, leur mystère reste entier…
images : la fresque en question, et un détail.
INEGALITES SOCIALES : L’EXEMPLARITE FRANÇAISE…
La transmission des inégalités est, depuis 30 ans, la norme française, sinon son exception.
7 enfants de cadres sur 10 exercent un emploi d’encadrement, quelques années après la fin de leurs études.
7 enfants d’ouvriers sur 10 occuperont toute leur vie un emploi sous-qualifié.
10% des français les plus riches concentrent 50% de la totalité des richesses connues en France. Non des richesses disponibles : ce calcul ne tient pas compte de l’argent placé dans les paradis fiscaux…
Les hauts revenus s’envolent en France et ce, depuis le début des années 2000.
La pauvreté, elle, s’étend : il y a 8 millions de pauvres en France, et ce volume croît de jour en jour.
Depuis 30 ans, l’ascenseur social est en panne en France. Mieux : les conditions de naissance déterminent plus que jamais le destin des individus.
L’école française républicaine ? Un échec. Connu. Décortiqué. Mieux : une agence de sélection destinée à produire de l’exclusion, pointée du doigt par l’OCDE pour ses mauvais résultats qui la classe dans les derniers rangs de la lutte contre les inégalités.
Un exemple ? Tout le poids de la dépense scolaire est concentré en France sur les filières prestigieuses : grandes écoles, filières élitistes des universités sélectives, classes prépas, lycée généraux d’excellence. La Nation paie très cher le coût des études de ses enfants… les plus favorisés ! Curieuse conception de la solidarité nationale…
Dans ce système les enseignements les plus fondamentaux, là où tout se joue et là où les efforts devraient être les plus importants, dans les classes maternelles et du primaire, l’OCDE observe que de tous les pays avancés, la France est celle qui dépense le moins d’argent et leur a affecté le moins de moyens humains et matériels.
Le destin des petits français est ainsi, études à l’appui, scellé très tôt, en primaire généralement.
La réalité sociale française est désormais celle du déclassement. Le parcours des jeunes d’aujourd’hui, fortement lié aux ressources économiques de leurs parents, traduit à la perfection cette réalité hallucinante.
Une réalité dont la classe politique refuse de prendre la mesure, préférant parler de crise, comme si la société était malade et qu’il fallait la soigner, psychologiquement de préférence, le morale des ménages en tour de passe-passe commode pour masquer la dynamique des politiques d’inégalités conduites jusque là.
La faillite est donc totale, en particulier de cette prétendue méritocratie républicaine qui renvoie chacun à son prétendu échec et les chômeurs à leur prétendue paresse quand le chômage de masse s’est installé en France dès le début des années 1980 !
La précarité, la pauvreté, qui sont l’empreinte de la mondialisation des échanges, a conduit à la polarisation de la structure sociale française et de son marché du travail, avec d’un côté quelques fonctions hautement qualifiés et de l’autre, l’immense réservoir des gagne-pain sous-qualifiés, rémunérés à la limite de la décence.
La société de l’intelligence, tant vantée et attendue dans les années 80, n’aura ouvert la voie qu’à la précarité de masse. C’est du reste ce que constate l’OCDE, préconisant de dépenser moins d’argent encore dans l’éducation, puisque dans leur immense majorité, les jeunes de demain n’auront besoin d’aucune formation pour survivre.
Voilà ce qu’est notre réalité politico-économique. 30 années de reproduction sociale. Une génération sacrifiée, bientôt deux. Les derniers rapports de l’OIT (organisation International du Travail) vont dans ce sens : massivement, les jeunes de demain seront chômeurs et le resteront. Et en Europe, où déjà l’Espagne compte 50% de jeunes adultes au chômage, la France figure parmi les plus mauvais élèves, sans que cela préoccupe vraiment, sinon au replâtrage à la marge…
e destin au berceau : Inégalités et reproduction sociale, Camille Peugny, éd. du Seuil, coll. La République des idées, mars 2013, 112 pages, 11,80 euros, ISBN-13: 978-2021096088.
LA DROITE EST A RECONSTRUIRE, LA GAUCHE NON PLUS
La Gauche est à reconstruire. Mélanchon en a donné le ton, Hollande le promet. L'un éclairant notre présent de nouvelles narrations politiques pour le comprendre, l'autre s'enfermant dans la vieille narration du pouvoir, pour n'en poser qu'à grand peine la question.
Quant à la droite, empêtrée qu'elle est dans son jeu de succession, on ne voit guère comment elle pourrait aider à repenser cette question...
D'autant que le problème est, aujourd'hui, de savoir comment décrire la société dans laquelle nous vivons, et avec quels outils.
D'autant que les médias (de pouvoir eux aussi), en sont restés à la description d'une France coupée nécessairement en deux, et dans laquelle la seule question valable serait celle de mieux "réguler" les rapports entre France d’en haut et France d’en bas, ce que les hommes politiques, de Droite comme de Gauche, parvenus au Pouvoir, nomme "pédagogie" (du pouvoir)...
Un pouvoir que la classe politico-médiatique ne parvient plus à identifier et qu'elle imagine toujours comparable à ce qu'il était au sortir de la Révolution Française, avec un Etat supposé identique à la société. Or il ne l'est plus. Et ne peut guère en conséquence la représenter.
L'Etat n'est plus identique à la société. Et parce qu’il ne lui est plus identique, tout le problème depuis aura été celui de la limitation de son pouvoir.
C'est en divisant ce Pouvoir entre gouvernement et opposition qu’on a cru réussir à le limiter. Force est de constater qu'on y a échoué, parce que cette division n'aura été en réalité qu'une séparation de surface entre des concurrents identiques à la course au pouvoir.
Ce qui a échappé au sens de nos dirigeants, c'était la philosophie d'une telle partition, qui tenait à ce que la vérité de tout état démocratique réside dans la nécessité d’un sommet contingent, labile.
Cette déstabilisation fondatrice de la puissance suprême aurait dû être l’essence même du caractère démocratique de nos sociétés, incluant dans le pouvoir politique la particularité de valeurs nécessairement opposées.
Car ce qui est fondamental, en politique, c’est la fonction d’opposition.
Or, encore une fois, en France, cette fonction n’est pas assumée. Sinon dans l'horizon politicien, comme course au pouvoir et non vertue de la réflexion politique.
C’est pourquoi l’électorat a dû récupérer et devra récupérer demain pour son propre compte ce principe d’opposition.
Et soyons certain qu'il le fera, pour porter cette fois au pouvoir un gouvernement inédit, dans un dernier virage à droite sans doute, terrain que nous prépare de longue date la classe politico-médiatique au pouvoir, depuis bien trop longtemps.
Quand à la Gauche de pouvoir, qu'en attendre, elle qui n’aura été qu’un social-libéralisme en trompe-l’œil ? Que faire de cette Gauche qui s'est convaincue depuis longtemps qu’elle ne pouvait changer la vie ? Que faire de cette gauche qui a tenté de battre la droite sur son propre terrain : plus de richesse, moins de protection sociale. Que faire d'une gauche qui a cru que la classe moyenne avait définitivement triomphé non pas de la misère, mais des pauvres ?
Déjà elle rêve de conduire une politique soustraite du fardeau des pauvres. Un vrai Speenhamland dont l’idéal se mesure à l’aune de la poussée de la précarité en France et de son acceptation : la dissolution du peuple de gauche. Dissolution aidée, accentuée par les médias, lesquels, à quelques rares exceptions prêt, n’ont plus voulu assumer non plus leur fonction d’opposition pour goûter à leur tour aux ors du pouvoir...
Bande à part, de Jean-Luc Godard, 1964.
Deux jeunes marlous se hasardent dans un hold-up minable en compagnie d'une jeune fille candide – à voir comme un hommage aux séries B hollywoodiennes, plutôt qu’une allusion aux escroquerie minables de la classe politique française contemporaine.
Faut-il blanchir (en Suisse) la classe politique française ?
Assez ! L’histoire serait savoureuse s’il n’y avait autant de misère et d’injustice en France !
Donc le Ministre socialiste du Budget, en charge de la lutte contre la fraude fiscale, était un fraudeur…
Comment un tel homme a-t-il pu parvenir au sommet de cette hiérarchie administrative ?
Un homme dont, en outre, on connaissait les fonctions, tant privées que publiques, et dont nul n’ignorait qu’il était au centre de conflits d’intérêts inadmissibles…
Une brebis galleuse aujourd’hui. C’est bien commode.
Peut-on s'en sortir aussi commodément ?!
Assez de déclarations vertueuses ! Assez d’éléments de parole offusqués, outragés !
Rappelons le contexte –il est franco-français- : le 12 avril 2012, trois semaines après la première parution du livre d’Antoine Peillon, le Parquet de Paris désignait (enfin) un juge d’instruction pour mener une information judiciaire sur l’évasion fiscale en France… Et c’était tout. La Représentation républicaine refermait le dossier.
Le 17 avril 2012, ce même Peillon était (enfin toujours) auditionné par la commission d’enquête sénatoriale sur l’évasion fiscale. L’auteur exposa ce que tout le monde savait : la police et la Justice françaises disposaient d’une masse invraisemblable d’informations sur la question -dont elles n’avaient jamais rien fait.
Et pour cause : le 23 mai 2012, le Juge témoignait à son tour devant la même commission sénatoriale, pour révéler l’existence d’un verrou politique : il devait attendre une plainte du Ministre du Budget (le nouveau, Cahuzac) pour instruire officiellement son enquête. Jamais aucun ministre du Budget, en France, ne s’était soucié de porter plainte contre l’évasion fiscale. On le comprend mieux aujourd’hui…
Le 3 juillet 2012, Jean-Marc Ayrault promettait de régler une fois pour toute la question de l‘évasion fiscale. On a vu comment.
Le 24 juillet 2012, la commission d’enquête sénatoriale livrait ses conclusions : 50 milliards font illicitement défaut au Budget de la France. La commission faisait 59 propositions pour contrôler cette évasion fiscale. Le rapport de ladite commission devait être remis au Ministre de l’économie (Mosconi) et proposé à l’Assemblée nationale dans le cadre du débat budgétaire.
On attend toujours.
On a inscrit dans la Constitution la règle d’or, mais on refuse de mettre un terme à la fraude fiscale.
Une fraude qui est l’un des facteurs majeurs de la crise économique, avec au cœur de ces agissements l’UBS, banque suisse, artisan majeur de l’évasion fiscale dans le monde.
La République est notre bien le plus précieux, affirme François Hollande. Peut-être pas la Vème République…
Ces 600 milliards qui manquent à la France : Enquête au coeur de l'évasion fiscale, Antoine Peillon, Points, novembre 2012, 184 pages, 6,30 euros, isbn 13 : 978-2757830901.
La neige dans la peinture de la Renaissance : l’étreinte sans écart
Tout était neige. La neige elle-même n’avait plus de rivage.
J’ai connu cette année la Toscane sous la neige, son paysage biffé sous un ciel opaque, au loin les arches fantômes des branches ployant sous les paquets de neige et puis cette lumière blanche, liserai finement découpé dans le blanc du ciel.
La neige ne cessait de peaufiner son travail d’ensevelissement.
Sur l’autoroute, des mastodontes attendaient le secours des chasse-neige. De longs cortèges de voitures coulissaient en patientes processions. Partout des capuchons neigeux recouvraient les installations humaines.
Dans le ciel, de lourds oiseaux cherchaient leur vol, solitaires.
Roncobillaccio. Dans le creux des vallées, les villages sont des ombres dormantes.
A Florence il ne restait que des paquets de neige sale et l’Arno embourbé dans ses eaux, coulant entre deux berges aux verts sublimes.
Je n’ai pas le souvenir d’un seul tableau de la Renaissance italienne représentant la Toscane sous la neige. Quelle saisons les peintres représentaient-ils donc ?
Peut-être parce que la neige ne cesse de défaire ce qu’il reste d’humain et que l’humain devait déployer au centre de ses toiles son puissant telos ?
Animaux, plantes, fruits, paysages, campagnes, écroulements de montagnes, les vents soufflant leur forge terrible, les rivières cambrée de fougue, la mer, parfois la tempête, mais pas de neige.
Peut-être faut-il accepter l’idée d’Hubert Damisch selon laquelle les peintres écartaient de leur art ce qui pouvait désintégrer la lisibilité de l’image, la neige recouvrant tout espoir perspectif ?
Les historiens de l’art témoignent du caractère exceptionnel de la représentation des phénomènes atmosphériques au Quattrocento et au début du Cinquecento. Tout juste la tempête y était-elle entrée, timidement.
Il y a bien cette Novicella de Giotto. Et le souvenir toscan de cette neige tombée en août 356. Mais elle était avant tout un miracle marial qui témoignait de la souffrance de la Vierge accablée par la vindicte des hommes.
La Madone de la neige, de Gorolamo di Benvenuto en témoigne. La neige n’y est qu’un signe inscrit à la surface du tableau. Un signe, un symbole, dépourvu de toute matière, de toute sensibilité. Dans le polyptyque de Masolino da Panicale, à Naples on trouve également la trace de cette même neige désincarnée.
Mais il faudra attendre l’année 1567 pour que la neige fasse enfin son apparition sur une toile, loin de l’Italie, sous le pinceau de Pierre Bruegel l’Ancien, dans son Adoration des mages. D’un coup elle occupe la toile, elle est présence, matière, flocons épars inscrivant leur existence tangible au cœur de la surface picturale.
Que s’est-il passé pour qu’enfin la neige pût nous sauter aux yeux ? Outre la difficulté technique de la représenter, c’est que d’un coup la vie humaine changeait de sens : l’homme découvrait sa condition dans cette contingence où Dieu, jadis extérieur au monde, s’était fait homme lui même pour venir éprouver la chair du monde et naître dans cette Bethléem exposée aux rudesses de l’hiver. La neige de Bruegel révèle l’intrication des états du monde dans le déroulement de la vie humaine et nous rend solidaire de ce monde dont nous sommes enfin. Pas d’abstraction ici, la neige est vraie et rend sensible l’inéluctable effet du temps. Et si le paysage ne s’est pas encore affranchie pour devenir le lieu du sublime qu’un peintre pourrait choisir comme seul objet de son art, c’est que le sublime, ici, relève de l’histoire des hommes et que cette histoire est devenue celle d’une rencontre de l’homme et de sa nature, dans l’étreinte sans écart de la chair du monde, dans l’auto-révélation pathétique de sa propre chair au monde.
Images : Bruegel l’Ancien, retour de chasse et Adoration des mages.
Le terrible décompte
Voici à présent le terrible décompte qui se met en place !
Cela fait déjà si longtemps que nous voyons partir nos aimés.
Je ne supporte pas de le faire pour toi.
L'heure des "jamais plus" commence a prendre fin et laisse la place aux souvenirs qui ne se gênent pas pour encombrer même de force mon esprit.
Parler comme tu le faisais avec ton pote Patrick.
Cela aussi j'ai pu le faire.
Parler de toi sans un sanglot est très difficile mais je vais y arriver c'est promis,
pour que tu sois libre,
enfin .
Le temps fait son œuvre dit-on.
A présent je me souviens de toi enfant, adulte,
on se souvient même de ce que nous n'avons pas vécu ensemble et de ce que nous aurions pu vivre si…
Alors pour me consoler je me suis souvenue du "je t'aime" que je t'ai dit un jour,
du nous t'aimons Jacky,
Pour te garder…
Mais, promis, je ne t'emprisonnerai pas dans mes souvenirs.
Ils seront libres comme toi de venir ou pas
Et de ce qu'ils seront
Je t'aime.
Josy, le 25 mars 2013.
Jacques, une pensée (Josy)
Me voici confrontée à la nuit
Noire
Froide .....
Triste, si triste
J'ai peur!
Du calme, du silence, du rien
Du vide, de cet espace subitement inconnu.
Un mois et demi.
J'espère que le passage obligé que tu as pris était moins difficile pour toi que pour nous, qui restons là sous le choc de ta disparition.
Le printemps.
Parce que je suis souvent en noir,
Là maintenant, je choisi la couleur bleue, pour toi.
Joël a écrit :
«Mon frère est mort le lundi 11 février 2013.
Je suis parti en Toscane porter son deuil.
La Toscane est une belle terre,
à vrai dire,
pour arpenter les territoires de ce qu'il reste, d'être.»
Moi.
Un sourire,
Une pensée.
Regardez, voyez,
et comme des papillons laissez vos souvenirs s'éveiller, s'envoler,
et dans un sourire,
laissez-vous guider.
Un sourire.
Une pensée.
Josy, ce 27 février 2013.