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La Dimension du sens que nous sommes

Je est un animal, Camille Brunel

14 Décembre 2024 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #essai, #essais

Camille Brunel commence par se rappeler une réflexion qu'elle s'était faite devant l'émotion d'un pianiste en concert : « Son émotion est-elle la mienne » ? Qu'est-ce que j'en éprouve ? Qu'est-ce que j'en sais de ce qu'il éprouve ? Ne m'est-elle pas radicalement étrangère et cependant, puis-je affirmer qu'elle est sincère, ou non ? Et puis, comment la partager ? Que partageons-nous de nos émotions ? Est-ce que finalement, je me tiens devant lui comme devant le chant d'une baleine à bosse ? Émue, la baleine l'est-elle aussi ? Qu'est-ce que j'en sais ? A quoi la ramener pour m'en assurer ? C'est quoi un animal ?

Bien que l'éthologie cognitive sache déjà répondre à cette question, nous en sommes restés à ne les considérer que sous une espèce de nombre, abstrait. Tout cela parce qu'ils n'auraient pas la conscience d'être. Bien que de nombreuses études prouvent désormais le contraire. «Je», fourmi, incapable de l'écrire ou de l'affirmer certes, mais cultivant des champignons avec méthode, élevant des pucerons avec application, prenant des initiatives. Ses aires cérébrales sont aujourd'hui parfaitement localisées, et nous savons que chaque fourmi est différente des autres, que chaque fourmi perçoit son environnement comme aucune autre ne le perçoit, et qu'elle en pense quelque chose...

Nous savons même qu'elle est capable de soigner une voisine blessée... Il existe désormais une science que l'on nomme la zoopharmacognosie, qui traite de l'observation et du soin approprié apporté par les « bêtes » aux autres, malades, ou blessées... On le savait des singes, on le découvre des fourmis.

Mais on continue de penser qu'ils n'ont rien à voir avec nous, les animaux étant incapables, à quelques rares exceptions, d'accéder à la métacognition : cette partie du cerveau qui se demande ce qu'elle sait au juste. Et qui doute. Descartes... Jusqu'à ce qu'on découvre qu'on ne savait tout simplement pas en fabriquer le test adéquat... peut-être parce que, depuis Descartes, nous avons abusivement associé la pensée au langage. Les animaux ne savent pas écrire « je pense donc je suis », ni le dire. Comme bon nombre d'êtres humains du reste... Or, on identifie de plus en plus de syntaxes animales... Les singes, bien sûr, qui apprennent le langage des signes et inventent de nouveaux mots dans ce langage, mais aussi les mésanges, les dauphins, etc.

Resterait tout de même à les cantonner dans leur enclos, puisqu'ils n'éprouveraient aucune émotion. Ce qui nous soulagerait, il faut bien le reconnaître. Mais aujourd'hui on découvre la souffrance animale, on sait la mesurer, tout comme l'anxiété animale, Bambi endeuillé, des éléphants névrosés, des albatros amoureux...

Peut-être serait-il alors temps de leur faire une vraie place parmi nous, et ce faisant, faire en sorte que l'abattoir ne soit plus le siège ultime de la pensée de l'homme, pour lui et pour le monde...

 

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Camille Brunel, Je est un animal, Repenser la rencontre avec les animaux, éditions Ulmer, septembre 2024, 214 pages, 21 euros, ean : 9782379223891

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