poesie
GYNAECOLOGY, SELON NICK TOSCHES…
I wanna mate like a cheetah…
Enfin… Personnellement… Je ne sais pas…
Lui, si. Et l’affirme, et le revendique, et s’en amuse la cigarette entre l’index et le majeur, casquette vissée sur le front, les yeux perçants scrutant au loin le grand vide new-yorkais -l’évidement plutôt que l’évidence.
And I would pay it just to hear you sigh
Nick Tosches, dont la légende rapporte -faut-il le croire?-, qu’il fut d’abord chasseur de serpents pour le Miami Serpentarium avant de devenir poète, écrivain, ou le héros oubliés du rock'n'roll américain.
On se rappelle de lui La religion des ratés.
Pas si éloigné, le second poème proposé par l’éditeur: Gynaecology.
Poème moins désabusé que circonspect, crapule tout de même, vous pensez : avoir Marie pour patiente, one finger in her, et à l’autre bout de l'étendue gynécologique, toucher l’immensité anodine, quelque chose comme une Sixtine humide ou la Création du monde à portée de main, donnée dans cet instant sans lendemain tandis que l’officiant ne sait que ressentir, sinon peut-être la brise d’un léger contact, Jesus…, tout bêtement, comme un événement soustrait à l’avènement du Grand Souffle qu’il achemine, Jesus parlant son désir cependant, auquel Nick ne sait rien répondre…
Gérard Fromanger avait peint, il y a des années de cela pour le Palio de Sienne, une Vierge à la poussette (4 roues motrices) qui avait fait scandale au moment où les vainqueurs s’en étaient allés la porter dans la Basilique (scandale auprès des fidèles, faut-il l’observer, et non auprès de l’Evêque)… On imagine l’indignation avec ce poème, pourtant porté par plus d’innocence qu’il n’y paraît…--joël jégouzo--.
Mate like a cheetah, Nick Tosches, éd. Derrière la salle de bains, juin 2006, 4 euros.
Gynaecology, de Nick Tosches, éd. derrière la salle de bains, juin 2006, 4 euros.
La religion des ratés, de Nick Tosches, traduit de l'américain par Jean Esch, Folio Policier,
le site de Nick Tosches et Hubert Selby Jr. : http://www.exitwounds.com/
image : Nick Tosches, Photo by Michelle Talich, in Scram magazine, a journal of unpopular culture…
éditions Derrière la Salle de Bains : 39, rue Beauvoisine – 76000 Rouen
POESIE ANDRE GAIN : PAR LA FENETRE INSOUMISE...
Le repos des becs luisants Sur les murs éblouis de souffles
Molle croix ondulante
Rivière au ciel geyser
La musique est subtile – qui songe aux phénomènes ?
Les femmes espagnoles se suspendent aux grilles
Et font choix du sublime postées dans la nuit
Que des chevaux éclatent.
Publié dans la revue L’Art Contemporain Kilomètre O, cote BNF FN14608, format 30x40cm. Rédaction : 21, rue Valette, Paris 5eme. Imprimé en avril 1929 sur les Presses de l’Imprimerie de la Société Nouvelle d’Editions Franco-Slave, Paris, 32 rue de Ménilmontant, Paris XXème. Prix : 10 Frcs.
image : affiche Marinetti.
BRZĘKOWSKI Jan : Poèmes 3 (1929).
Il faut parler des choses
Comme les couleurs
Et de celles qui sont le produit discret
De la civilisation
A quoi bon célébrer les facéties de l’Automobile Club
Ou les toiles de Mondrian
Quand
S’enfle
Dans les mains la réalité qui étend
Au-dessus des yeux une brume
Une brume
Vêtue de matin caoutchouteux
Et de chair Vénus
A l’odeur de phénol.
Je chante
La beauté des approchements
Et
La nuit
Qui dans les yeux se répand en plomb
La nuit épanouie
Comme une criante cravate de soie.
Plus près de moi ta bouche
Penchée et tendue
Je ne peux
Je ne peux penser en couleur
Le nu est blanc.
Et transparent
Le sourire qui n’a pas mûri.
Publié dans la revue L’Art Contemporain Kilomètre O, cote BNF FN14608. Rédaction : 21, rue Valette, Paris 5eme. Imprimé en avril 1929 sur les Presses de l’Imprimerie de la Société Nouvelle d’Editions Franco-Slave, Paris, 32 rue de Ménilmontant, Paris XXème. Prix : 10 Frcs.
Image : Spectacle métallique, Paris, 1937, Editions Sagesse, Librairie Tschann, Collection Anthologique, nr 37 (Stan dobry. Zaw. 8 wierszy franc. zamieszczonych w pełnej, ilustrowanej wersji "Spectacle metallique" (z rys. M.Ernsta). Układ typograf. odmienny od wersji ilustrowanej).
LA TERRE, POEME DE J. KUREK, 1929
D’un manteau d’acier
Des pas battent les matinées
Des pavés en cuirasse verte.
Nous ne voulons pas des roses
Ni les carrés des villes balancés par la mer.
Les draps frais comme un douloureux signe d’interrogation
Je m’épingle à toi
Le plus près de l’océan.
Tu te réveilles blanche
Défaillante martelée par les clous des talons
Par la nuit délaissée.
L’hier est mort l’aujourd’hui se réveillera
D’une main
Le dérouillé du ciel
Publié dans la revue L’Art Contemporain Kilomètre O, cote BNF FN14608.
Rédaction : 21, rue Valette, Paris 5eme. Imprimé en avril 1929 sur les Presses de l’Imprimerie de la Société Nouvelle d’Editions Franco-Slave, Paris, 32 rue de Ménilmontant, Paris XXème. Prix : 10 Frcs.
image : A. Meczyslaw Szczuka, Poland, 1925
Dimanche - poème de Tadeusz Peiper, 1929.
Sur chaque feuille de ce dimanche étroit
Pèse un sédiment d’argent.
Oraison des passants calibrés de sourires
Puisque le nombre deux
Est aujourd’hui le plus petit parmi les gens.
(Les bas des femmes)
Cet hymne de soie au-dessus de la cruauté du sucre
Dans l’aile d’une manche qui passe
La rue pourrait me survivre.
Publié dans la revue L’Art Contemporain Kilomètre O, cote BNF FN14608.
Rédaction : 21, rue Valette, Paris 5eme. Imprimé en avril 1929 sur les Presses de l’Imprimerie de la Société Nouvelle d’Editions Franco-Slave, Paris, 32 rue de Ménilmontant, Paris XXème. Prix : 10 Frcs.
Ont participé au N°1 : Arnauld, Bereta, Brucz, Chirico, Chodasiewicz, TYTUS CZYŻEWSKI, Dermée, Desnos, Gain, Stefan George, MIKOŁAJ GRABOWSKI, VYTAUTAS KAIRIUKSTIS, Kurek, F. Léger, Masson, Marcoussis, Mondrian, Ozenfant, Peiper, Picasso, JULIAN PRZYBOŚ, Riemer, Seughor, HENRYK STAŻEWSKI, Tysliava, Tristan Tzara, ADAM WAŻYK, Lech Wolski, Zamoyski.
Tadeusz Peiper (1891-1969), poète polonais, critique et théoricien de la littérature. Membre de l’avant-garde polonaise des années 20/30. Fonde en 1921 Zwrotnica, revue littéraire de l’avant-garde dite Awangarda Krakowska (de Cracovie), en compagnie de Julian Przyboś, Jan Brzękowski et Jalu Kurek.
L’Art Contemporain, revue accueillant nombre d’entre eux, fut l’une des rares revues publiées en son temps à Paris et Varsovie, en français et en polonais. C'est l'une des rares revues dans lesquelles on pouvait lire des textes de Picasso.