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La Dimension du sens que nous sommes

RIEN N’EST PLUS MINCE QUE LE SOUVENIR DE LA VOLUPTE

3 Octobre 2009 Publié dans #en lisant - en relisant

Heuman se réveille à Lisbonne, alors que la veille il s’était endormi à Amsterdam. Pire : il se réveille avec le sentiment d’être mort ! Socrate sans barbe mais à lunettes, une force mystérieuse l’attèle à son travail : le souvenir. Il se rappelle alors l’étrangeté de son métier de professeur de grec et de latin. Il se revoit, transi, face à la seule élève de son cours : une pure merveille d’intelligence et de beauté. Le mari de son amante, tous deux collègues au sein du même établissement, avait une liaison avec cette élève douée. Tout ce désordre avait déboulé par hasard dans sa vie, inaugurant sans qu’il l’ait bien compris alors, les heures du grand retranchement.

Rassurons-nous : «Le lieu naturel du chagrin, ce sont les lignes du visage, pas la mémoire». Aussi Nooteboom nous épargne-t-il ce roman grave qu’un autre, sur le même thème, aurait écrit. Et cependant, léger, irrésistiblement drôle, il ne cesse de nous surprendre par la profondeur de sa pensée.

Au loin se dresse la tour de Belém. Phaéton a commencé sa chevauchée mortelle, encerclée de ces éléments informes que sont l’océan et la nuit, menaçants envers du monde. Portugal, dernier rivage du dernier monde, qui n’en finit pas de se clore lui-même. Son  dernier voyage lui fait remonter l’Amazone. Des rives montent le grognement des chiens. C’est dans l’instant de sa mort que le récit tient tout entier, avec, «pour finir, le bruit de pages qu’on tourne.» --joël jégouzo--.

 

L’histoire suivante, Cees Nooteboom, traduit du néerlandais par Philippe Noble, folio, n°3392, juin 2000, 140p., 5 euros, EAN : 9782070411283

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