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La Dimension du sens que nous sommes

LE TABOURET DE L'IMPERATRICE

4 Octobre 2009 , Rédigé par texte critique Publié dans #essais

Les quartiers interdits de la Cité Pourpre, à l’intérieur des palais impériaux de Pékin, sont construits sur le même plan que Khanbalic, la grande cité des empereurs mongols fondée en 1267 par Kubilai-Khan (1215-1294, petit-fils de Gengis Khan, il régna à l’époque de Marco Polo -voir image). Ce plan offre la forme d’un rectangle divisé en lots rectangulaires, les Fang, orientés selon les quatre points cardinaux.

 

Le Palais impérial proprement dit, le Kong Tch’eng, ou Cité Pourpre, est une sorte d’enclos presque carré, mesurant un peu plus d’un kilomètre du Nord au Sud, et sept cent quatre vingt six mètres d’Est en Ouest. Il est entouré d’un large fossé et d’un mur de plus de sept mètres de hauteur, de couleur rosâtre, qui ne donne pourtant pas son nom à la Cité, lequel vient d’une allusion à l’étoile polaire : le Palais impérial est le centre de gravitation du monde, comme l’étoile polaire (Tsen-weising) est le centre du monde céleste.

 

A l’intérieur de ses nombreux quartiers, celui du T’ai Ho tien (pavillon de l’Harmonie Suprême), le premier des trois grands pavillons construits sur la grande terrasse de marbre à trois gradins. Le plan de cette terrasse est celui d’une double croix dont il manquerait la tête. On y accède par un triple escalier qui se répète à chacun de ses étages. Ici encore, sur l’axe médian, les marches sont remplacées par des rampes inclinées, sur lesquelles les dragons impériaux planent au milieu des nuages et des vagues. Sur les deux escaliers latéraux, les degrés sont ornés de sculptures de bêtes diverses et entre les escaliers se trouvent dix-huit bassins en argent massif. Sur la terrasse proprement dite, deux énormes grues et deux tortues de bronze montent la garde. Plus loin, sur les côtés du pavillon, quatre immenses bassins servent de lampes à huile - des mèches flottantes voguent sur cette mer grasse. Le T’ai Ho Tien est le lieu des cérémonies du Jour de l’an chinois, du solstice d’Hiver et de l’anniversaire de l’Empereur. Sur une haute estrade à laquelle accèdent trois escaliers se trouve le trône, entouré de vases, de brûle-parfums, de paravents de coromandel, de dressoirs.

Le Pao Ho Tien (pavillon de l’Harmonie Protectrice) est situé le plus au nord de tous les édifices de la Chaussée du Dragon. Il est construit exactement sur le même plan que le T’ai Ho Tien, avec une salle à cinq nefs dont la plus large est rehaussée d’un plafond à caissons. Son toit est divisé en deux parties ; sur son petit côté, il forme des demi pignons et non des pentes entières, forme qui est censée être la moins recherchée. C’est, avec ses proportions plus modestes, le seul élément d’architecture qui le différencie du T’ai Ho Tien. Le pavillon de l’Harmonie Protectrice est le lieu où l’Empereur reçoit les Lettrés qui ont conquis les grades les plus élevés. La salle est remplie de vieux livres ; des murs percés de galeries secrètes la rattachent aux galeries latérales de la cour extérieure et marquent la limite de la zone accessible au public : ses portes en demeurent immuablement fermées.

 

Dans les appartements impériaux, les quartiers de l’empereur sont beaucoup plus petits que les appartements de l’impératrice douairière. Ils se composent de trente-deux salles, dont beaucoup ne sont jamais utilisées. Toutes sont cependant meublées avec la même richesse. Derrière ce bâtiment se trouve le palais de la jeune impératrice, plus modeste encore. Plusieurs autres bâtiments servent de salles d’attente aux visiteurs. Il y a également plusieurs bâtiments qui paraissent ne servir à rien et dont l’affectation est inconnue ; les portes en sont scellées et personne ne sait ce qu’ils contiennent. L’impératrice elle-même n’y est jamais entrée et la porte de l’enclos qui contient ces bâtiments est toujours solidement gardée. Ils ne ressemblent à aucun autre édifice du palais et paraissent vétustes. De place en place, on y devine des ornements en céramique jaune et verte. Les murs sont d’un rouge délavé, l’entrée est taillée dans d’énormes blocs de marbre noir. Il y a un tabouret d’ébène en laque rouge incrusté d’émaux posé en permanence sous le porche de la porte principale.--joël jégouzo--.

 

Vent et vagues (Le Roman de Kubilai-Khan), 風濤, de Inoue Yasushi, traduit par Corinne Atlan, éd. Picquier, 1963, Poche n° 46, 288 pages / 8,50 € / ISBN : 87730-264-4

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