Ils ont tué Leo Franck, Xavier Bétaucourt, Olivier Perret
9 Octobre 2020 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #en lisant - en relisant
Atlanta, 1913. Mary Phagan est assassinée. Elle avait 13 ans. Deux suspects sont rapidement appréhendés : Jim, un balayeur noir, et le patron de l’usine où Jim et Mary travaillaient : Leo Franck, qui est juif. Le 18 août 1915, à 7h05 du matin, Leo Franck sera lynché par une foule immense, puis pendu. En pleine forêt. Ses assassins ? Un juge, un avocat, le maire, le sénateur, le shérif, les "blancs" de la ville. La BD raconte cette histoire écœurante de l’Amérique raciste, antisémite, du début du siècle. Atlanta. La guerre civile est achevée depuis une cinquantaine d’année, mais les rancœurs du Sud blanc sont vives, qui continue de célébrer le Confederate memorial day ! A l’époque, Atlanta est une ville en construction, empoignée par la misère et la malnutrition. Nombre d’enfants noirs y disparaissent, enlevés, assassinés. Mais Mary est blanche. Le veilleur noir est immédiatement inculpé, la scène de crime souillée. Des indices portent toutefois à croire que le patron, juif, «a fait le coup». L’affaire tombant en pleine réélection, le juge s’en persuade d’autant plus vite que la ville et son électorat blanc entrent en ébullition. La presse s’empare aussitôt de l’affaire. Au lendemain du meurtre, on dénombre pas moins de huit éditions spéciales sur le sujet. Le 29 avril, 10 000 personne suivent les obsèques de Mary. La presse se fait du coup feuilletoniste, engrangeant les tirages, allant jusqu’à offrir une récompense à qui trouvera des preuves de la culpabilité de Leo Franck, le juif. Odieuse, une souscription est même ouverte pour embaucher un détective privé, tant les preuves manquent. Le KKK s’active, prêche, déploie toute sa haine. Mensonges sur mensonges, l’odieux règne en maître dans les rues d’Atlanta. Le 24 mai, Leo Franck est envoyé aux assises. Lors du procès, les faux témoignages sont innombrables. On relève pas moins de 115 vices de procédure. Mais les avocats de la défense eux-mêmes prennent partie contre leur client… Leo Franck est condamné, mais devant la légèreté de l’accusation, sa peine est commuée, provoquant des émeutes. Le gouverneur tente d’empêcher sa condamnation, tant le doute est grand sur sa culpabilité. Mais la presse l’emporte, soulève l’indignation des foules, qui finissent par s’emparer de Leo Franck, aidées par la police et la justice, pour le lyncher avant de le pendre. Quelques années plus tard, Jim, le balayeur, finira par avouer…
Tout en saturation d’ocres, rouges, bruns, les contours rehaussés de traits noirs, la BD est saisissante, extraordinairement documentée, offrant les rapports de police, de justice, les faux témoignages, les articles de presse vindicatifs et abjects.
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