"J’allais vers les pauvres… D’un monde où l’on ne pense pas ce que l’on dit à un monde où l’on ne peut dire ce que l’on pense (…).
"Le cœur du puissant n’est pas comme celui de l’homme sans pain ; il est fermé au langage des choses qui ne sont pas possession. (…)
"La folie de l’orgueil, c’est d’élever le moindre butin par-dessus toute donation ; et lors même que la libéralité est avouée, de l’attribuer à l’inconnu. (…)
"Liberté. Humainement : chez le barbare, celle de prendre, et surtout de détruire. Chez le civilisé, celle de créer et de donner. Dans l’ordre social, c’est la recherche d’une organisation assurant le don mutuel. (…)
"Comme toutes choses me paraissent obscures et mesquines venant de ma vie d’homme, et claires et profondes venant de ma vie d’enfant.
"Il y a un grand mystère au fond de toute tendresse, un impénétrable secret dans le sein de toute passion ; un rêve que l’on oublie au réveil, un silence que l’on n’ose troubler, un mot que l’on craint de dire."
Oskar Władysław de Lubicz Miłosz, lithuanien d’origine, écrivait en français. Il est décédé à Fontainebleau où se trouve sa tombe. Poète, dramaturge, diplomate, l’oncle du Nobel de littérature, il fut l’écrivain d’un seul éditeur, et pour ce dernier, le seul écrivain de sa maison d'édition. Cet éditeur s’appelait André Silvaire. On pouvait, jusque vers les années 90, le rencontrer, toujours disponible, dans ce petit comptoir qu’il louait au 20, rue Domat à Paris, dans le Vème arrondissement. Silvaire vouait au poète une admiration sans borne. Tout comme d’autres poètes, comme Jean Bellemin-Noël.
Maximes et pensées, O. V. de L. Miłosz, éd. André Silvaire, 1967, 160 pages, épuisé.
Images : photographie du poète.