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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 04:10

mensonge.jpgMachiavel nous assurait que la finalité du politique était de prendre et de conserver le pouvoir. Ce qu’il ignorait, c’était que cette finalité allait devenir plus radicale encore : mettre le pouvoir à l’abri des démocraties.

C’est à cet effrayant constat que nous introduit l’essai de John Stauber, passant au crible l’industrie des relations publiques, des origines à nos jours. Soit un siècle de mensonges. Certes, l’étude est davantage concentrée sur le premier quart du XXème siècle, et plus particulièrement encore sur la machinerie américaine, la plus performante au monde. Mais il y a là bien des leçons à tirer pour nos propres démocraties européennes… Grand patronat, Pouvoirs Publics, personnel politique, médias, la belle entente règne, où l’on s’accordent à maquiller des pratiques illégales et immorales, dans le but non seulement de maintenir l’ordre politique, mais l’ordre social. Un préalable, sinon l’incontournable du genre : orchestrer l’ordre électoral. On en sait quelque chose en France désormais. La fabrique de l’opinion publique ne tourne jamais autant que dans ces moments là. Une vraie machine de guerre bricolée par les élites pour légitimer leurs revendications et les faire approuver par les couches populaires et moyennes de la population. Une méthode : l’ingénierie politique. Un but : cibler le vrai danger, à savoir, le citoyen de base. Qu’il puisse en arriver à prendre des décisions publiques, voilà la vraie horreur… Et l’on ne parle pas ici de referendum, cette machination politique conçue la plupart du temps pour confisquer les vraies prérogatives populaires. Le jeu politique doit être confisquée de toute façon, voilà la vraie leçon, le rôle du plus grand nombre étant de demeurer spectateur. Un spectateur régulièrement convoqué aux élections, avant d’être congédié, ou encourager à vaquer ensuite à ses affaires privées, en attendant les prochaines élections.

Aux Etats-Unis, ce qui assure ce fonctionnement, c’est le mythe fondateur du pays de la Liberté d’expression. Le premier amendement donc, tandis que les dix suivants fonctionnent comme parfaite régulation de la domination.

Et aujourd’hui, note l’auteur, ce à quoi l’on assiste, c’est à l’élargissement des missions de l’industrie de l’opinion publique. Celle-ci ne doit-elle pas transformer par exemple les pollueurs en défenseurs de l’environnement ? Ou maquiller les guerres de conquête en actions humanitaires, convertir le nucléaire en énergie propre, etc.

Si bien que l’industrie des relations publiques est devenue le bras armé des élites contre la démocratie. Une industrie qui s’emploie à fabriquer du rêve à bon marché, du renoncement à tour de bras, de la fatalité publique et du consentement, les seuls vertus autorisées, susceptibles d’aider à "gouverner" le peuple, spontanément ingouvernable. C’est ce gouvernement invisible de manipulations éhontées qui préside de fait au destin des démocraties occidentales…

 

L'industrie du mensonge : Lobbying, communication, publicité et médias, John Stauber et Sheldon Rampton, traduit de l’américain par Yves Coleman, préface de Roger Langlet, édition Agone, oct. 2004, coll. Contre-feux, 363 pages, ean : 978-2748900125.

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