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16 janvier 2020 4 16 /01 /janvier /2020 09:21

Robespierre. S’il est un consensus lourdement construit, c’est celui qui entoure son héritage politique, anéanti sous des tonnes de mystifications. Robespierre réductible au seul concept de Terreur ? « Aveugle » qui plus serait, jamais étudiée dans ses principes philosophiques et ses pratiques historiques, brandie commodément comme un épouvantail réactionnaire : voyez où nous mène toute révolte populaire… Or nous l’avons accepté. Cette antienne inepte, destructrice de nos espérances. Pour porter le deuil de tout espoir de démocratie depuis la mort de Robespierre. Nous portons même ce déchirement avec conviction, semble-t-il, sinon enthousiasme au niveau des médias et de cette classe politico-médiatique qui n’ont de cesse de nous en gaver jusqu’à l’étouffement ! Allons, nous donnent-ils à ronger, la démocratie ne serait qu’un rêve jamais achevé et il nous faudrait nous contenter de cet inachèvement, ladite démocratie à la française s’affirmant « le moins pire des régimes ». On voit ce que cela donne, en guise de moins pire des régimes, dans un état dont la police tue, mutile, éborgne, arrache les mains, les pieds, fracasse les crânes, les ouvre, piétine les vieillards tombés à terre, gaze les bébés, humilie les écoliers qu’elle aligne contre les murs, mains sur la tête, comme dans les camps de concentration nazis autrefois ! Pour le plus grand bonheur d’une caste misérable au pouvoir. Toutes les élections en France ne sont que des parodies, des coups d’état déguisés. Qui somment ensuite la majorité qui n’a pas voté pour le président en exercice, de se transformer en minorité et d’obéir aveuglément à ses ordres. Et encore, quelle manque de finesse de toute façon dans la réflexion sur le pouvoir des majorités ! Relisez Robespierre, qui n’a jamais voulu qu’une majorité, quelle qu’elle fût, impose sa dictature aux minorités. Lé démocratie n’est pas, ne peut pas être le simple consensus offert à la classe dirigeante. Ce vivre ensemble, affirmait Robespierre, il faut que chaque génération puisse, c’est même son devoir, le réaffirmer. Et il faut donc lui en laisser le droit, la possibilité. Robespierre ! Il est de la plus extrême urgence de relire ses écrits. Robespierre interroge, nous interpelle. Et le dispositif scénique mis en place pour le réanimer est littéralement ahurissant : le comédien, exceptionnel, Damien Houssier, fait face au public, à table. Trente personnes attablées autour de lui en une sorte de comité de salut public interrogé par lui sans concession. A quelles conditions une Révolution est-elle possible ? Aujourd’hui. En France. C’est cela le sens du propos et non quelques résurrections mémorielles imbéciles. Robespierre, devant nous, s’inquiète de ce que notre imaginaire n’ait conservé la trace que des échecs révolutionnaires, comme celui de la Commune de Paris par exemple. Quid de cet imaginaire qui à l’avance nous mène à la défaite ? Qui se rappellera l’année 1789 ? Et l’année 1790, et 1791 encore, quand la France d’un coup s’est retrouvée sans institutions, sans autorité, sans police et que les communes se sont levées pour maintenir une conception populaire de la sécurité, éthique pour le coup, loin des répressions sauvages et fascistes que les états ne savent qu’ordonner ? Nous devons réfléchir, ensemble, nous hèle le comédien, là, à table, parmi nous. Laissant de longs silences nous renvoyer chacun à nous-même. Robespierre n’est pas un fantôme. 1789 n’est pas une vieille histoire sans importance. Il faut en retrouver le sens, les pratiques, l’horizon, parce que nous avons été spoliés de toute mesure démocratique, parce que l’état français est un danger pour la nation et pour chaque citoyen français, parce qu’aujourd’hui plus qu’hier, nous le savons, nous le voyons, les  médias conspirent à notre fin. Nous avons besoin du vacarme de la justice des grèves, des manifestations, des révoltes, des émeutes. Rien n’est plus d’actualité !

La Méduse démocratique, mise en scène d’Anne Montfort, avec Damien Houssier, Théâtre Studio, Alfortville, janvier 2020. Durée du spectacle : une heure.

16, rue Marcellin Berthelot, 91140 Alfortville

www.THEATRE-STUDIO.COM

crédit photo : Patrice Forsans

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