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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 19:13

Condamné en 1926 par un tribunal fasciste à vingt ans de prison, Gramsci mourra le 27 avril 1937, après onze ans d’enfermement.

Onze années d’un véritable assassinat.

Onze années au cours desquelles il ne cessa d’écrire. Dont deux cent lettres -peu finalement-, qui occupèrent l’espace de «liberté» cruellement octroyé par ses bourreaux. Deux cent lettres qui néanmoins reflètent le parcours d’un homme jamais vaincu, même s’il se brise et nous donne à voir sans pudeur cette déchirure qui l’emporte. Une agonie, douloureuse, une agonie au sens où l’âgon des grecs l’entendait, celui d’un combat –ici livré contre les ténèbres de l’Histoire.

Une agonie sans concession, au cours de laquelle Gramsci ne renonce jamais, attentif, observant avec cette curiosité du savant l’univers carcéral dans lequel il est plongé, mettant son esprit au service de la plus pitoyable des communautés. Homme lucide qui se sait emporté vers le pire, il s’observe dans les conditions effroyables de sa détention. Ne renonçant pas, ne renonçant jamais à cette ultime et déchirante lucidité sur lui-même. Jusqu’au bout il maintient intacte sa faculté d’analyse. Jusqu’au bout du plus tragique, cette rupture qui peu à peu libère l’être cher, Tatiana dont les hauts murs le privent. Ni l’un ni l’autre ne pourront plus s’atteindre. Il le sait. Il le comprend et nous le donne à comprendre. A peine l’imperceptible signe d’une main appuyée sur le rebord de la table pour retenir encore le souffle du présent. D’infimes jeux du regard. C’est toute la grandeur du personnage.—joël jégouzo--.

 

http://classiques.uqac.ca/classiques/gramsci_antonio/lettres_de_prison/lettres_de_prison.html

http://www.ibe.unesco.org/publications/ThinkersPdf/gramscif.pdf

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