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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 08:01

zone-interdite.jpgComment finira le Capitalisme ? La question peut paraître saugrenue, mais elle se pose, déjà, avec de plus en plus d’évidence, et de violence. Hakim Bey, le fondateur de la TAZ, se l’est posée dans ce petit opuscule brillant. Et sa réponse est pessimiste : il n’y aura pas de Révolution, mais un déchirement abominable, dans l’abandon de régions entières du monde, et des populations exténuées…

Ce n’est certes pas ce que l’on voudrait observer, ni ce que l’on peut observer avec ce formidable Printemps des Peuples Arabes qui vient à temps nous redonner de l’espoir. Peut-être n’est-il donc pas inéluctable, ce désastre mondialisé ? L’Histoire ne peut être attelée à aucune fin. Pourtant, quand l’archaïque refait surface dans notre univers mental sous la force de Lois iniques stigmatisant des populations entières (les Rroms), quand ce qui est en jeu n’est rien moins que "la gratuité du lieu humain pour faire échec au culte de la productivité", il y a de quoi, en effet, être effrayé.

Reste que l’on ne peut baisser les bras. Et si la Révolution ne peut être menée, du moins dans les pays occidentaux, s’il est exact que nous ne pourrons plus jamais reprendre le Pouvoir de leurs mains iniques, Hakim Bey nous propose encore cinq pistes de résistance pour survivre à ce désastre. Des pistes qui ouvrent même des espaces dans ces territoires non plus confisqués par le Pouvoir, mais qui demain ressembleront à des no man's land terrifiants, à bien des égards certes, offrant tout de même quelque répit de liberté. Voire des espaces nomades de libertés ponctuelles, soustraits provisoirement à leurs fonctions répressives à l’intérieur même de cette carte de l’oppression dessinée par nos inquisiteurs.

De ces cinq pistes, certaines pourront paraître modestes, sinon puériles, comme celle de la zone autonome périodique : migrer. A contresens tout de même, et symboliquement cela prend tout son poids, des doctrines racistes qui s’affichent ici et là. Défaire les clôtures, la déclosion du monde en gros, migrer, ne serait-ce que l’été, oui : jouir de cette formidable migration psychique des vacances d’été, à plein, dans un voyage non touristique, ou sans voyage du tout même, transhumer, vivre l’été des écoliers, l’été des libertés. Ouvrir des espaces provisoires, bricoler des lieux subvertis érotiquement, dans le désordre et le relâchement, sous la langueur d’août, l’oisiveté de juillet… Et puisque tout le monde est occupé : soyons immédiats ! Arrachons-nous aux fêtes idiotes, aux réunions débiles affirme avec santé ce dernier rejeton de la Beat Generation. Refusons le dandysme noir des ermites grincheux… Ni abnégation militante, ni le clone des valeurs New Age, ce qu’il faut d’abord dépasser, nous dit Hakim Bey, c’est "l’amère solitude qui caractérise la conscience du XXème siècle". Combattons donc l’isolement : rencontrons nos amis, conversons, pour rien, pour le seul plaisir de l’amitié. Peut-être alors parviendrons-nous à triompher de la plus pernicieuse des conspirations à l’œuvre dans notre société, qui travaille "à faire de nous le fantômes qui hante son propre cerveau"… Faisons juste un bout de chemin ensemble, un projet, un repas, un apéro : "Babylone se fait haine devant quiconque prend réellement plaisir à la vie". Arrachons-lui alors ce plaisir simple, au jour le jour !joël jégouzo--.

 

Zone interdite, de Hakim Bey, éd. De l’Herne, Collection : Carnets de l'Herne, traduit de l’américain par Sandra Guigonis, 80 pages, 5 janvier 2011, 9,50 euros, ISBN-13: 978-2851979292.

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