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La Dimension du sens que nous sommes

Walter Benjamin : N’oublie pas le meilleur (de l’art du récit ?)…

19 Décembre 2012 , Rédigé par texte critique Publié dans #essais

 

walter.jpgDes récits, des histoires, des contes, rédigés en même temps que Sens unique (1928), et Enfance Berlinoise (1932-1938). Des aphorismes, de très courts textes en fait la plupart du temps, quelques lignes, quelques pages. Walter Benjamin entendait apporter sa contribution à un débat initié par Adorno. Hors du concept, hors de toute cohérence théorique, s’exposant, se risquant, risquant dans ces formes fugitives une réconciliation qu’Adorno affirmait "prématurée", illusoire : celle que l’art propose.

Benjamin fourbissait une réponse le plus possible éloignée de toute prétention au système, déployant ses exercices littéraires dans l’ordre de l’insignifiant mais renouant pourtant avec les romantiques allemands, dans la substitution de la mythologie de la ville à celle de la forêt et campant l’immanence sans espoir de la bourgeoisie moderne comme le vrai lieu de son intériorité. Avec presque une note de dérision dans l’emploi de la forme du conte, auquel il portait un vif intérêt. Explorant les impasses, déjà, de ce qui allait devenir notre horizon commun avec ces littératures enfermées sur elles-mêmes, dans les plis d’une grammaire sûre et stérile, n’offrant pour tout virage formel que les ficelles où elles paressent, les lisières où elles pontifient. Et mine de rien, il offre ça et là des réflexions superbes sur l’art de lire les romans, ce petit tour d’adresse dans un monde pauvre en histoires, tout entier porté désormais vers l’apologie de l’information, ce genre de communication plus ou moins philosophisante où le village littéraire se complaît, déballant des bibliothèques que ne recouvre que l’ennui feutré du classement.

Contre l’ironie maladive de ce que le genre est devenu, Walter Benjamin salue le fatras que les livres hasardent, où renouveler non l’art d’écrire, mais celui d’exister.

  

 

 

N’oublie pas le meilleur, Walter Benjamin, traduit de l’allemand et annoté par Marc de Launay, éd. de l’Herne, novembre 2012, coll. Romans, 120 pages, 15 euros ISBN-13: 978-2851972484

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