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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 04:18

 

contre-Hitler.jpgNon, tous les allemands n’ont pas suivi Hitler, qui n’est du reste en rien l’incarnation du destin allemand. Certes, l'historiographie contemporaine a beaucoup relativisé ce jugement, les études contemporaines s'attachant à relever la responsabilité prise collectivement par les allemands dans cette période historique. Il n'empêche, l’association Liberté-Mémoire a entrepris d’arracher à l’oubli nombre d’ouvrages sur la résistance au nazisme, aujourd’hui introuvables. Créée par les époux Aubrac, François Bédarida, Germaine Tillon et Jean-Pierre Vernant, elle permet l’accès français à ce document à bien des égards capital, publié originellement en 1953 aux éditions Rowohlt. A sa lecture, on ne peut qu’être frappé, aujourd’hui encore, par sa nécessité. L’ampleur et les difficultés de la résistance allemande au nazisme nous étaient inconnues. Ou bien on en réduisait le sens aux quelques gestes individuels héroïques de la Rose Blanche ou des conjurés de l’attentat du 20 juillet 44. En dehors de ces faits savamment isolés, peut-être ne voulions-nous rien savoir. Sans doute (et encore) était-ce compréhensible en 45, la culpabilité du peuple allemand autorisant d’exiger non seulement la capitulation sans condition de son Etat et de ses forces armées, mais de toute sa population. Accessoirement, cette culpabilité collective «excusait» l’inexcusable : le bombardement de Dresde par exemple, tuant sous les bombes alliées et par centaine de milliers, la population civile. Notre histoire de l’Allemagne oubliait tout de même beaucoup que les premiers rapports de la Gestapo mentionnaient que le peuple accueillait la guerre de conquête sans enthousiasme. A plus forte raison ignorait-elle que près d’un million d’allemands avaient été arrêtés par cette même Gestapo, avant de périr, eux aussi, dans les camps. Très centralement, ce que cette étude remet en cause, c’est le modèle d'un mouvement unanime du Peuple allemand, orienté, mu par une théorie raciste réussissant à réorganiser tout l’ensemble du corps social. Il n’exista pas d’union sacrée entre les classes cultivées et la classe politique, ni moins encore entre la grande finance et cette fameuse armée de paumés, le Lumpen Proletariat des grandes villes industrielles. Pas de trait d’union entre les «bas-fonds» et «la haute société», pas de consensus autour de l'idéologie raciste et moins encore de la Solution Finale.

 

 

Une Allemagne contre Hitler, Günther Weisenborn, traduit de l’allemand et adapté par Raymond Prunier, préface d’Alfred Grosser, Kiron éditions du Félin, octobre 2000, 392p, nouvelle édition 2007, 9 euros, ean : 978-2866456535.

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