THEME AFRICAIN, ENTRETIEN AVEC LE PEINTRE YVES CAIROLI (1/6)
22 Mars 2011 , Rédigé par texte critique Publié dans #entretiens-portraits
jJ : Une difficulté quant aux images : sur le net, toute la matérialité des œuvres a disparu bien évidemment, s’il y en a une…
Yves Cairoli : Il est vrai que sur le net toute matérialité est gommée. Ces tableaux (toiles ou bois/ Novopan marine) ne sont pas travaillés en épaisseur, ni en effet de matières comme le pratiquent certains autres peintres. Pas d'effets d'alternance rugosité / douceur. Je peins à l'acrylique de façon très lisse. Au toucher, cependant, on ressent les différentes manières d'aborder chaque partie distincte des patchworks : par grattage, par ajout de couleurs, par projection, par l'utilisation de couteaux et de spatules de maçons ou de peintres de bâtiments. Il n’y a pas forcément de jeux de matières mais plutôt de couleurs, ou entre les formes et les sujets ( vignettes figuratives, formes abstraites, pictogrammes, masques africains déformés ou retravaillés). L'un des principaux plaisirs dans cette recherche était d'équilibrer volumes et couleurs ( notamment sur les toiles ne contenant que des couleurs de terres).
jJ : Cette prévention mise à part, au fond ma première interrogation porterait sur l’intention : qu’est-ce que travailler sur un "thème" africain ? Comment l’Afrique pourrait-elle devenir un "thème" pictural ? Qu’entendre par là ? J’ai à l’esprit la transposition possible d’un tel travail : à quoi ressemblerait un "thème européen" dans l’esprit d’un plasticien américain par exemple (du Nord ?, du Sud ?) ?…
Yves Cairoli : L' Afrique comme thème pictural ?… Je dirais plutôt "L'idée que se fait un peintre de l'Afrique" comme thème. Cette idée m'est venue progressivement. Comme beaucoup de peintres, je suis très instinctif. Je stocke mentalement une quantité d'images, d'impressions qui pourront me servir par la suite. Le déclencheur a été d'abord littéraire, lecture de jeunesse, Verne, De Monfreid, des BD comme Corto Maltese... Ces lectures ont été enrichies par des documentaires, des films, des musiques, des études de tissus, d'Art brut africain… Seuls les masques ont été étudiés attentivement pour mieux les détourner, les déformer ou les reformuler. Je ne prends jamais aucune note, je laisse macérer toutes ces infos. Elles imprègnent mon esprit et quand je suis prêt, je les recrache sur la toile de façon instinctive -surtout la première partie de ce travail. Les patchworks étaient en revanche beaucoup réfléchis, car il fallait équilibrer formes et couleurs.
jJ : Comment avez-vous exploré ce thème ? Comment et à partir de quels matériaux, avez-vous construit cette esthétique africanisante ?
Yves Cairoli : Il y a beaucoup de spontanéité dans mon travail. Je ne veux pas dire qu'il n'y ait pas de réflexion, mais celle-ci semble s'intégrer automatiquement au geste. En un mot, je sens plus les choses que je ne les exprime.
Yves Cairoli, né en 1960. Autodidacte. Ne connais pas la date exacte à laquelle il a commencé à dessiner. Avant de savoir lire et d’écrire probablement ! A été progressivement illustrateur dans une revue de citizen-band , ouvrier sidérurgiste, puis certifié de Lettres Modernes. A commencé la peinture à l’âge de 22 ans. A participé à de nombreuses expositions collectives et personnelles en France et en Belgique… Principales expositions : Galerie Schèmes à Lille, Galerie Art Place à Lille, Galerie d’Halluin à Cassel, Galerie Begard à Douai,Galerie Natascha, à Knokke le Zoute, etc. …
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