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La Dimension du sens que nous sommes

Susan George : en finir avec la démocratie, le rapport Lugano II

6 Décembre 2012 , Rédigé par texte critique Publié dans #Politique

 

susan.jpgUne fiction. Bien que les données soient avérées. Une fiction dans l’air du temps, l’heure étant à la liquidation de la démocratie dans les sociétés néolibérales. Le rapport Lugano II n’existe certes pas. Il n’existe pas non plus de groupe de travail chargé de réfléchir au mieux les étapes de cette liquidation. Mais l’idée est bien réelle et le bilan démocratique des sociétés européennes en particulier, bien sombre. Le point de départ de la réflexion de Susan George est cependant autre : elle part du bilan écologique du capitalisme libéral. Une double erreur de perspective à mon sens, d’abord parce que nous sommes dans une société néolibérale et non libérale, qui a justement rompu les amarres avec la philosophie libérale, ses fondements, ses projets. Ensuite parce que le stress climatique n’est pas une cause suffisante, bien au contraire, pour en finir avec les liquidateurs de la démocratie : la société néolibérale saura fort bien instrumentaliser la contrainte écologique pour imposer une liquidation plus rapide et plus ample de la démocratie au prétexte de l’urgence à suivre les recommandations des experts, seuls capables de nous dire comment gérer au mieux le sauvetage de la planète.

Les analyses abondent, de la compatibilité des idéologies fascistes et écologistes, comme ce fut le cas dans l’Allemagne nazie, ainsi que le démontra l’essai de Peter Staudenmaier : Fascist ecology : the "green wing" of the Nazi Party and its historical antecedents.

ecofascio.jpgUn fascisme pur et dur, renforcé dans ses légitimations par l’intégration des préoccupations écologiques imposant ce régime d’experts que l’UE voudrait mettre aujourd’hui en place sous le couvert des contraintes financières qui pèsent sur les pays de la zone euro. Il est intéressant de ce point de vue de voir combien Susan George fait fausse route encore, quand elle évoque l’"accident" boursier majeur survenu en 2008 : il n’y a pas eu d’ "accident" financier : le risque de l’effondrement financier est en réalité l’arme qu’utilisent les néolibéraux pour soumettre les peuples.

Le potentiel catastrophique du déséquilibre écologique est un élément de langage que le néolibéralisme peut parfaitement déployer pour approfondir son autorité, et ce n’est qu’en intégrant la crise écologique dans son contexte social et politique que l’on pourra lutter efficacement contre la dérive des administrations "expertes", tentées de confisquer le pouvoir souverain au nom de l’efficacité du raisonnement scientifique. Il faut rétablir l’ordre des priorités politiques, car en l’état, l’inquiétude écologique ne peut que renforcer le contrôle administratif des peuples et la domination mondiale. Enfin, il est hasardeux de croire, comme elle le fait, que le néolibéralisme est "fragile" : il est doté de ressources plus extraordinaires qu’on ne l’imagine, comme on l’a vu en Europe, où la Gauche elle-même s’est portée "objectivement" à son secours…

  

 

Cette fois en finir avec la démocratie, le rapport Lugano II, Susan George, Seuil, oct. 2012, 194 pages, 17 euros, ISBN-13: 978-2021086409.

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