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La Dimension du sens que nous sommes

RROMS, LA MANIPULATION DES ORIGINES AU SERVICE DE SIECLES DE PERSECUTIONS…

30 Septembre 2010 , Rédigé par texte critique Publié dans #IDENTITé(S)

 

rromanis-voice.jpgLe racisme, c’est bien connu, se nourrit (en même temps qu’il les nourrit) de confusions et d’approximations quant aux populations ciblés. Ainsi des Rroms, vaguement assimilés, aujourd’hui encore, aux "gens du voyage", nomades sans professions, mieux : sans origine attestée… Le tout dans l’oubli savamment entretenu des rroms médecins, commerçants, chefs d’entreprise, écrivains, enseignants… Le tout dans l’ignorance des faits : seuls 4% de la population rrom est réellement "mobile" !

 

 Sans origine, les rroms ? Rien n’est moins établi pourtant : les Rroms sont issus d’un peuple sédentaire, qui a dû quitter l’Inde au XIème siècle, pour fuir les persécutions dont il était victime. Originaires de Kannauj, qui était alors la capitale culturelle et économique de l’Inde du Nord, détruite en 1018. Le tout est fermement établi par un chroniqueur arabe du XIème siècle, Abu Nasr Al-'Utbi  (dans son livre : Kitab al-Yamini). Ils sont arrivés dans l’Empire byzantin aux XIIème - XIIIème siècles, avant de s’éparpiller en Europe, où ils formèrent une Nation désormais essentiellement européenne, "sans territoire compacte" évidemment, ainsi que l’explique l’universitaire Marcel Courthiade.

 

 Dès 1422, des documents attestent de leur présence en Europe, où ils furent l’objet de nouvelles persécutions. Et pour mieux se dédouaner de l’oppression qui les visait, l’Europe fabriqua le thème de leurs mystérieuses origines et démultiplia leurs dénominations pour entretenir la confusion qui allait leur être à bien des moments de notre histoire, fatale.…

 

 Rroms, pourtant. Le mot lui-même a été étudié de près par Marcel Courthiade. Il désignait d’abord une communauté cultivée. Rroms, un mot par lequel ils se nommaient, plutôt que le terme de "tsigane" maintenu pourtant jusqu’à nos jours et qui relevait, lui, d’une désignation exogène traduisant le mépris dans lequel on voulait enfermer ce peuple. Tsigane, du grec médiéval Athinganoi, qualifiait en effet une secte qui se revendiquait de Melchisédec, secte de "Purs" qui refusaient tout contact avec les autres populations, d’où leur mise à l’écart comme "Intouchables". Pourchassée, elle disparue vers l’an 1000. Par la suite, nous apprend Marcel Courthiade, l’on attribua ce vocable aux gens simples, pauvres. Ce mépris accompagnera le vocable tout au long des siècles.

 

 Rroms encore, plutôt que Gitan (Gypsy), dont Marcel Courthiade nous apprend qu’il s’agissait d’une forme populaire corrompue de l’Egyptien, d’un nom donné aux rroms par les premiers Croisés ! Quant à celui de Bohémiens, il fut "cordialement" accolé aux rroms qui transitèrent par la Hongrie, la Bohème.

 

Rroms donc, désormais, pour nous. Avec en suspens, une réflexion que l’on ne se fait guère, moins sur les raisons de leurs migrations (les persécutions), moins sur les raisons de leur dispersion (les persécutions), que sur leur formidable capacité à s’adapter aux effroyables conditions qui leur furent imposées, au point que de sédentaires, ils firent du voyage un élément de leur culture et conservèrent, dans cette dispersion, leur identité et leur langue.--joël jégouzo--.



Marcel Courthiade : Compendium à l’usage des étudiants de l’INALCO, section langue et civilisation rromani.

Marcel Courthiade, est le responsable de langue et civilisation rromi à l'Institut national des langues et civilisations orientales, secrétaire adjoint de l'Union romani internationale.

On lira avec intérêt son article de L’encyclopédie Universalis : Les Rroms :

http://www.universalis.fr/encyclopedie/rom/

Les Rroms dans les belles lettres européennes, Marcel Courthiade, Rajko Djuric, Edition L'Harmattan, 2000, 189 pages, 17 €, ISBN 2-7475-5878-9.

Sagesse et humour du Peuple Rrom, Proverbes collectés, traduits et présentés par Marcel Courthiade, classés par Stella Méritxel Pradier et illustrés par Ferdinand Koçi.

 

A lire aussi :

Roma And Egyptians In Albania: From Social Exclusion To Social Inclusion, Hermine G.De Soto, Sabine Beddies, Ilir Gedeshi, World Bank Publications, juill 2005, 310 pages, Anglais, ISBN-13: 978-0821361719.

Gypsy Identities 1500-2000: From Egipcyans and Moon-Men to the Ethnic Romany, David Mayall, Routledge, oct 2003, 328 pages, ISBN-13: 978-1857289602.

The Romani Voice In World Politics: The United Nations And Non-State Actors, Ilona Kilmova-Alexander, Ashgate Publishing Limited, mars 2005, Collection : Non-state Actors in International Law, Politics and Governance Series, 195 pages, ISBN-13: 978-0754641735.

Voir aussi le très beau travail du Lycée de l’Ort, à Strasbourg, sur la déportation des Rroms et les camps français d’internement des rroms :

http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://www.strasbourg.ort.asso.fr/concours_national/_imgs/37.jpg&imgrefurl=http://www.strasbourg.ort.asso.fr/concours_national/aide17.htm&usg=__X_xBugO4HMnVEkQfpVVzmnkafFQ=&h=445&w=318&sz=64&hl=fr&start=161&zoom=1&um=1&itbs=1&tbnid=1LQP8XNCaHXBcM:&tbnh=127&tbnw=91&prev=/images%3Fq%3Dsamudaripen%26start%3D144%26um%3D1%26hl%3Dfr%26sa%3DN%26rlz%3D1T4ADRA_frFR377FR378%26ndsp%3D18%26tbs%3Disch:1http://wn.com/KANNAUJ__La_ville_des_rroms

 

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