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La Dimension du sens que nous sommes

Puisqu’il y a des rêves meilleurs, Jean-Luc Moreau

6 Juin 2013 , Rédigé par texte critique Publié dans #en lisant - en relisant

 

moreau.jpgUne ligne de rides coupant le front de part en part, que l’on découvre un jour tout surpris, ou bien une écorchure infime sur le bout de la langue, enroulant soudain le monde à sa médiocre ulcération. La matière de cet écrivain pourrait n’être que négligeable, ses outils d’auscultation du Cosmos, dérisoires : la peau, tout juste la main. Mais l’adhérence à ce monde semble ne tenir jamais qu’aux plus succincts détails : l’étonnement de pouvoir encore s’examiner comme une surface. Jean-Luc Moreau révèle ainsi la nostalgie des curiosités impossibles qui sommeillent en nous. Des seuils de conscience qui, littéralement, nous enlèvent au monde pour mieux nous y réinscrire, en faisant naître le réel de la fiction.

Dans les nouvelles qu’il nous propose, la position du narrateur est toujours énigmatique. Une intrigante étrangeté l’informe, tout comme elle en informe l’écriture. De quoi s’agit-il ? Où se tient-il ? Au fondement de chacune d’entre elles se tient un paradoxe qui en garde jalousement l’entrée. Ou bien c’est l’incongruité de la situation narrative qui déroute : "Chaque soir je m’attache. Sait-on jamais ce que l’on fait la nuit, où l’on va ? " Les nouvelles se tressent en se répondant, ou en répondant aux textes fondateurs de la littérature : Zeus, Ganymède, La Planète des singes… Pour que l’énigme de l’instance narratrice ne recouvre pour seul mystère que celui des commencements qui nous sont refusés. Son écriture s’offre alors comme pure possibilité, en puissance d’elle-même, et puis elle se dérobe dans la béate certitude de l’ici.

  

 

Puisqu’il y a des rêves meilleurs, Jean-Luc Moreau, éd. Fayard, août 99, 346p, 20,30 euros ISBN-13: 978-2213604350.

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