Pour un état social, plutôt que le retour du Père Goriot
Des cadeaux à n’en plus finir aux patrons, une loi de surveillance des banques provoquant le fou rire du patron de la société générale applaudissant des deux mains à la grande mystification mise en place par Mosconi, 10 centimes d’euros brut accordés au smic horaire alors que depuis la crise de 2008, la rémunération moyenne des dirigeants du CAC 40 a augmenté de 21%, et cela tandis que11 milliards d’économies sont réalisées chaque année sur les minimas sociaux par défaut d‘information des justiciables concernés. Près de 9 millions de pauvres désormais en France, 5 millions de chômeurs toutes catégories confondues, des millions de français contraints de se soumettre à l’augmentation de leurs impôts et autres TVA sociales, et pour couronner le tout, des emplois de consolations précaires offerts aux forces vives de la Nation… La liste est longue d’une déconvenue sans précédent face à un Etat qui se refuse à prendre la mesure de l’urgence sociale. Quel bilan, monsieur Hollande !
Celui de droits sociaux fondamentaux bafoués : l’éducation ? Toutes les études sur la question pointent le retour en force d’un niveau d’inégalités inconnu à ce jour en France, sauf à faire retour à la situation de l’école avant Jules Ferry… La santé ? L’INSEE ne parvient même pas à cacher le sous-diagnostic des pathologies chez les plus modestes d’entre nous, qui consultent moins souvent les médecins que les cadres supérieurs (c’est eux le trou de la sécu ?), tout comme le retard de diagnostic pour les maladies chroniques : face aux coûts des soins, les ménages les plus modestes ont tendance à ne pas traduire leurs symptômes en termes de maladies. La retraite ? En 2010, le montant mensuel moyen des retraités français était sensiblement égal à 900 euros mensuels. 600 000 retraités étaient condamnés aux minimas sociaux (pour mémoire, le RSA est fixé à 475 euros). Le logement ? La pénurie de logements en France était estimée à plus de 800 000 en 2013, tandis que les prix des loyers et du mètre carré ne cessaient de devenir toujours plus prohibitifs. La moitié des sans-abri, à Paris, est constituée de familles. 1/3 des sans-abri français sont des travailleurs pauvres… Le droit au travail enfin ? Les seules décrues entrevues du chômage relèvent de bugs informatiques, de radiations massives de chômeurs ou d’emplois précaires dits aidés…
Le revenu fiscal est aujourd’hui en France cent fois inférieur aux revenus du patrimoine… Pour réduire la Dette Publique (celle des banques, ne vous y trompez pas : pas vraiment la nôtre), Hollande disposait de trois solutions : choisir l’inflation, choisir l’austérité ou imposer les revenus du patrimoine et de la finance. Il a donc choisi la pire : l’austérité. Pour protéger l’euro, cette monnaie sans état, outil du plus fabuleux racket jamais organisé dans l’Histoire. Et désarticuler la France en deux mondes séparés par un gouffre, orchestrés par le renoncement aux valeurs de la politique (ne parlons même pas de valeurs socialistes). Les héritiers, grâce à Sarkozy puis Hollande, sont redevenus le seul horizon d’une société vindicativement inégalitaire. L’héritier… L’ennemi même de la démocratie ! Dans son étude sur le Capital au XXIème siècle, Thomas Picketty, qui venait de claquer la porte à François Hollande, expliquait une chose simple : les immenses masses monétaires en circulation dans le monde risquent de produire une divergence sans précédent dans son histoire. Fuyant les revenus de la production pour leur préférer ceux de la finance, elles tarissent l’économie des pays, tandis que les très hauts salaires font sécession et que les actionnaires assèchent littéralement les investissements des entreprises. Les patrimoines hérités, affirmait-il, sont des bombes à retardement pour l’économie mondiale, tandis que la Dette Publique joue de plus en plus comme un outil d’accumulation du capital privé. A terme, c’est la mise en place d’une oligarchie sans précédent qui nous menace. Politique, économique, pointant non pas la fin de l’Histoire, mais celle des démocraties enfin vidées de leur substance…