PEUPLES EN DANGER
Fukushima, révolutions arabes, chômage, paupérisation, AAA et crises financières… le monde craque et l’amalgame est abusif. Voire…
La centrale de Fukushima nous explosant à la figure dans le pays champion toute catégorie de la technologie. Le plus fiable. Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima : trois désastres de l’ère nucléaire ponctuant une histoire vide de sens, vide de résolutions. En France, nos centrales : les plus sûres du monde. Quand une simple défaillance suffirait à provoquer le pire, comme ce fut le cas dans la centrale la plus sûre du monde, celle de Three Mile Island, en Pennsylvanie, quand l'accident débuta un mercredi 28 mars sur le réacteur numéro 2 : une simple défaillance de l'alimentation en eau des générateurs de vapeur. Les systèmes automatiques de sécurité arrêtèrent la réaction nucléaire du réacteur et déclenchèrent les pompes de secours, qui restèrent malheureusement inopérantes : une vanne avait été laissée ouverte par erreur. Lisez la Centrale, ce roman-récit paru aux éditions P.O.L., vous comprendrez pourquoi le pire arrive toujours dans le nucléaire, qu’il soit japonais, américain ou français. Ce n’est qu’une question de temps. Three Mile Island, où à propos de temps on attendit six ans pour mesurer l'ampleur des dégâts. Sans en tirer la moindre leçon au niveau international : Tchernobyl ensuite. Le réacteur numéro 4 de la centrale, en service depuis 1983, explosa le 26 avril 1986 à 01h23. La conception du réacteur à eau bouillante le plus sûr du monde était défaillante, et les opérateurs n’avaient pas respecté les consignes de sécurité, désactivant les systèmes de secours. En quelques secondes, un pic de puissance dépassa de plus de 100 fois la puissance normale du réacteur. Les pastilles d'uranium explosèrent sous l'effet de la chaleur. la déflagration souleva la dalle supérieure du réacteur, d'un poids de 2.000 tonnes. Le cœur du réacteur en fusion était désormais à l'air libre.
Fukushima. Un séisme de magnitude 9, le plus fort jamais enregistré au Japon. Relayé par un tsunami. Le séisme coupa l'alimentation électrique externe de la centrale et de ses six réacteurs, la privant de son système de refroidissement principal. Le système de secours se déclencha, mais le raz-de-marée le stoppa. Les réacteurs 1, 2 et 3, continuèrent de chauffer. L'accumulation d'hydrogène provoqua des explosions, comme à Three Mile Island.
Longtemps les autorités mentirent au Peuple japonais. Comme les autorités américaines avaient menti aux peuples américains et les autorités russes aux russes. N’hésitant jamais à mettre en danger leurs populations. Une tradition politique. Car on retrouve partout ce même mépris des populations et des peuples, qui témoigne de ce que partout, les principes démocratiques ont reflué. A commencer par chez nous, dans les démocraties européennes et cette UE subornée au pouvoir des banques.
Car l’Union Européenne EST un régime politique, et l’un des pires, celui que les faucons américains nous envient, laboratoire du plus fabuleux rapt des valeurs démocratiques modernes qui soit. Un régime néo-libéral autoritaire, articulé par le mépris des classes dirigeantes à l’égard des peuples européens. Pour exemple : les grecs n’ont pas eu droit à leur référendum, les italiens ont vu s’accomplir le règne des experts. Ce que les gouvernances européennes révèlent n’est rien d’autre que la main mise d’une oligarchie au service du seul objectif qui lui importe : la promotion de la liberté des marchés financiers. Quitte à mettre à genoux les populations concernées, à jeter dans la misère des millions de familles. Les démocraties européennes sont ainsi l’expression la plus tragique de la structure oligarchique du monde néo-libéral. Voyez la farce des consultations bafouées, anticipée par la bouffonnerie de médias stipendiés.
Les Peuples sont en danger politiquement : l’UE est le symbole même de l’affaiblissement volontaire du politique. Voyez la Grèce, voyez l’Italie, voyez la France. Voyez comment sont prises les décisions. Partout en Europe on peut observer la montée en puissance d’un ordre fondamentalement ennemi de toute démocratie. Voyez la Hongrie. L’obsession néo-libérale des dirigeants européens, en imposant aux Etats la discipline des marchés financiers, n’a rien fait d’autre que de les enfermer dans une logique de tutelle. Un calcul machiavélique qui permet aux spéculateurs de ne jamais cesser de s’enrichir. Mais qui jette dans la misère des millions d’européens. Voyez les chiffres de l’INSEE, du Secours Populaire, du Secours catholique. Voyez les plans d’austérité se multiplier. Les dirigeants européens ne peuvent plus masquer la réalité de cette Europe. Ce faisant, ils nous rappellent opportunément que cette Europe qu’ils ont voulue, eux et non nous, n’aura jamais était une histoire des Peuples européens : l’Europe aura toujours été l’affaire des Etats, une construction anti-démocratique par excellence, dont les peuples sont aujourd’hui les prisonniers.
Les Prisonniers et les victimes. Appelées à s’entretuer. Voyez les ravages de cette flambée de racisme et de xénophobie qui traverse l’Europe. Voyez le travail de sape des fondements de la société française accompli par le gouvernement en place, sanctionnant l’immonde réussite de cinq années de règne sarkozien. Cinq années de décisions aveugles, haineuses, perpétrées contre les populations vivant sur leur sol national, françaises ou non. A commencer par les très français Rroms. Une liste déjà longue de nos compatriotes Rroms tués ici et là comme par inadvertance. Rappelez-vous le 17 septembre 2008, ce gendarme acquitté après avoir tiré sept fois sur un Rrom qui tentait de s’enfuir de sa brigade, mains et pieds entravés ! Tant d’autres depuis. Et tant d’autres vilenies. les dates s’accumulent, les dommages, perpétrés déjà ou qui ne tarderont pas à l’être, comme ceux qu’il sera impossible d’imputer à l’article 37 quater de la Loi Loppsi 2 prévoyant d’étendre aux citoyens volontaires la réserve civile de la police, ouvrant, mine de rien, la voie à la création de milices légales en France … Demain tous armés contre tous. Voyez la soudaine explosion des actes racistes commis à l’égard des français d’origine maghrébine. Un compte sauvage, l’annonce d’une déferlante brune à vomir. Voyez les législations fleurir d’interdits : Interdit de Stationner dans les villes. Interdit de mendier. Dans son rapport de janvier 2011, Human Rigths Watch stigmatisait une situation particulièrement dégradée en Europe, avec la complicité des chancelleries, qui ne s’étaient préoccupées que de mettre au point une stratégie de communication visant à masquer leur inaction aux yeux de leurs opinions publiques, voire à dissimuler l’aide objective qu’elles apportaient aux gouvernements les plus répressifs. Rappelez-vous l’étonnement joué de Nicolas Sarkozy sur la situation du Peuple Tunisien, l’avion de Mam assorti de sa volonté d’aider le clan Ben Ali à parfaire sa répression, voire le silence devant le détournement éhonté de sommes importantes allouées par l’UE aux ONG tunisiennes. Des sommes qui filaient sur les comptes de Ben Ali dans la plus parfaite transparence si l’on peut dire, aucune chancellerie européenne n’y trouvant à redire…
C’est ça la Merkozy… Un camp qui ferme ses portes, condamne les peuples à la misère et noie les désespérés. Comme ces derniers héros à faire face à la dérive sécuritaire de l’Europe : les Harragas. Un phénomène qui n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis trois ans, bien qu’à l’échelle de ce qu’est l’immigration, il demeure confidentiel. Confidentiel, mais tragique : entre 1988 et 2010, 15 638 immigrés sont morts aux frontières de l’Europe. 6 566 d’entre eux ont disparu en mer. Les Harragas. Littéralement, ceux qui brûlent, lancé à l’assaut de la forteresse européenne. Des algériens souvent. Diplômés. Sans espoir chez eux. Sans issue : le 29 juillet 2009, des dizaines de jeunes algériens, désespérés, se mutilèrent et s’aspergèrent d’essence. Partir ou mourir. L’essai de Virginie Lydie sur ce sujet est édifiant, lourd de notre silence face au désespoir de la jeunesse maghrébine, lourd de la complicité des autorités gouvernementales des deux côtés de la Méditerranée. Changer de vie, à tout prix, comment pourrions-nous ne pas l’entendre ? Leur révolte est hallucinante. Il faut lire l’essai de Virginie Lydie pour mesurer de quoi il retourne avec ce phénomène des harragas, qui ne peut pas ne pas nous interpeller : le lieu de leur désespoir est celui-là même qui fonde ici nos indignations.
Mais l’Europe de Merkozy s’en fiche et continue d’avancer à reculons derrière son masque de fer vers cette Europe de chemises brunes qui défile en faisceaux de peurs fétides. La vie est urgente, urgente la révolte, s’exclame Abdellatif Laâbi, vigie méticuleuse des Peuples opprimés, asphyxiés sous les décombres des Pouvoirs funéraires. Qu’on relise cette poésie forte, brutale, résiliant la torture, dénonçant les fêtes macabres, l’air vicié des pouvoirs qui trône sur les gradins des foules grotesques. La vie est urgente quand on nous assassine, partout à la surface de la planète, européens, américains, africains, asiatiques... --joël jégouzo--