OUI, IL EST POSSIBLE DE GOUVERNER FACE AUX MARCHES FINANCIERS
De plus en plus de voix s’élèvent contre la folie du néolibéralisme mondial qui voudrait mettre à genoux les peuples au prétexte de sauver ses banques. De plus en plus de volontés se font jour qui dénoncent l’iniquité des politiques menées, en Europe en particulier, où l’injustice des sacrifices exigés, du peuple grec par exemple, est proprement ahurissante.
De plus en plus d’intelligences se révoltent contre la prétendue impuissance des états face à la crise financière et l’hystérie de l’argument d’une mondialisation tout autant incontournable que providentielle, qui ne laisserait pour seul alternative que l’aventure solitaire du repli sur soi ou la promesse d’un monde meilleur jour après jour repoussé dans un futur hypothétique.
De plus en plus de personnalités crient au scandale d’un mensonge entériné autant par les médias que par les hommes politiques, qui ne peuvent plus cacher que cette politique d’impuissance des états relève en réalité d’un choix qu’ils ont fait de protéger les spéculateurs plutôt que les nations.
De plus en plus de citoyens découvrent, horrifiés, l’absurdité de cette théorie selon laquelle le néolibéralisme serait l’horizon indépassable de notre pensée.
Précarité, misère, il y aurait nous dit-on encore, comme une fatalité des politiques qu’il faut conduire, de sacrifice, nécessairement, et contre lesquelles il serait fou de s’opposer tout comme il serait fou de vouloir légiférer dans son petit coin de planète l’utopie d’un marché plus équitable… Mais au final, ce que l’on a voulu nous faire avaler, c’est l’idée selon laquelle il est plus sage de suspendre la démocratie quand la pression des marchés est aussi forte –car il serait fou de vouloir confier aux peuples européens le choix politique de leur avenir...
Jacques Généreux, économiste, professeur à Sciences Po, ne passe ni pour un illuminé, ni pour un extrémiste. Il est du nombre de ceux que ces mensonges exaspèrent, donnant de la voix dans son salutaire essai pour dénoncer les supercheries et le scandale d’une pensée qui prend l’eau de toute part, mais ne renonce pas, même travestie aux couleurs socialistes.
La mondialisation ?, nous dit-il, un mythe ! Commode pour les libéraux, dérangeant pour les socialistes, puisqu’il a fondé le retournement de leur pensée politique.
L’intégration à l’Union Européenne ? Un piège désormais. Et là encore, un embarras pour les socialistes qui voulaient y voir le moyen de restaurer la démocratie mise à mal dans les états souverains. Un piège qui se referme sur les peuples européens. Leur tombeau. Voyez la Grèce, voyez l’Espagne. L’UE est devenue l’instrument de soumission des peuples européens aux lois des marchés financiers. Et face à leur diktat, l’UE n’a rien trouvé de mieux à faire que de confisquer la conduite des politiques nationales… Quelle infamie, quand on y songe !
Ce court mais pertinent essai s’affirme aussi comme un avant-programme de tout projet de transformation sociale. Il ne suffit pas de s’indigner : des solutions sont possibles. A prendre de toute urgence même, si l’on veut réellement s’en sortir. Et notre économiste de lister clairement les mesures prioritaires qui rendront possible une nouvelle voie de développement économique.
Parmi celles-ci, des mesures morales presque, pourrait-on dire, comme celle de refuser l’idée selon laquelle nos gouvernements sont impuissants à changer quoi que ce soit. Pour mémoire, dans les années 1980, ce sont ces mêmes gouvernements qui ont fait voter les lois et autres accords européens qui nous livraient aux marchés financiers. Toutes les règles mises en place depuis les années 1980, l’ont été parce qu’elles étaient l’expression d’un choix politique duquel il découle que la mondialisation n’aura pas été autre chose que la privatisation de la Puissance Publique au service des oligarchies financières. Dans cette exacte continuité idéologique : les prétendus plans de sauvetage, qui n’ont fait qu’aggraver la situation, liant les peuples à des états stipendiés.
Alors qu’on ne nous pose plus la question de savoir s’il est possible de gouverner face au marché. La réponse est oui. Oui, on peut stopper la course folle du néolibéralisme sauvage qui entraîne l’économie mondiale dans une spirale destructrice. Oui, on peut reprendre le contrôle. C’est même très simple : il n’y a rien d’autre à faire que d’appliquer les lois déjà en place. Comme en matière d’évasion fiscale par exemple, où derrière l’écran de fumée des listes grises, noires, tout le monde sait qu’aux plus hauts sommets des états européens, personne n’a jamais voulu appliquer les règles pourtant votées. Aucun tribunal, en France moins que partout ailleurs, n’a jamais eu le droit d’instruire la moindre enquête sur le sujet.
Les mesure sont simples, de l’instauration d’une vraie banque centrale européenne à l’annulation pure et simple de cette partie des dettes souveraines qui a été créée artificiellement du fait du défaut de cette banque, de l’obligation des états à emprunter sur le marché privé aux taux dudit marché, et de l’existence d’instruments financiers de spéculation sur les Dettes souveraines, qui ont transformé l’Europe en vulgaire pompe à fric. Les solutions sont simples, encore faut-il en avoir la volonté politique, plutôt que de nous distraire avec des négociations internationales qui campent sur la confiscation des souverainetés populaires.
Nous, on peut ! : Manuel anticrise à l'usage du citoyen, Jacques Généreux, Points, septembre 2012, édition revue et corrigée, 205 pages, 6 euros, ean : 978-2757829790 .