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La Dimension du sens que nous sommes

OBAMA S’EN VA-T-EN GUERRE…

6 Décembre 2010 , Rédigé par texte critique Publié dans #Politique

obama.jpgLe président des beaux discours vient de se faire botter les fesses –Obama comprendrait l’allusion, lui qui, dans sa première jeunesse politicarde, désertait volontiers le front de l’invective pour celui du pugilat. La droite, nous dit-on, a failli venir à bout du beau, du talentueux, de l’éloquent, du cultivé, bref, du meilleur président que l’on pouvait souhaiter pour les Etats-Unis d’Amérique, un allié social, presque un homme de justice… Vraiment ? Obama aurait (presque) mis fin à la guerre en Irak… Mais c’est oublier que Bush voulait faire partir les troupes américaines dès juin 2009. Obama n’aura donc pris qu’une année de retard sur ce calendrier. Obama ferme Guantanamo. Mais c’est oublier que dans le même temps il laisse ouvrir des camps de tortures en Afghanistan, dont celui de Bagram, à côté duquel Guantanamo passe pour un centre de vacances… C’est oublier encore qu’en Irak, Obama laisse derrière lui des villes militaires américaines fortifiées, comme celle de Balad, avec son aéroport international et treize autres bases de ce type. C’est oublier toujours que le même Obama n’a de cesse d’élargir, au-delà de l’Afghanistan, la guerre au Pakistan, pour déblayer enfin sa propre zone de conflit communément appelée l’AFPAK

Marchandise politique du capitalisme américain, Obama n’aura ainsi pas mis longtemps à révéler sa vraie nature et conforter le malthusianisme néo-libéral ambiant. Certes, il ne s’est pas encore pris les pieds dans la culture politique démocrate cynique et corrompue de ses pairs. Mais n’ayant nullement l’intention de se libérer du système qui l’a porté au pouvoir, système dominé par les grandes entreprises de Wall Street, on aurait tort de voir en lui un sauveur. Au fait, qui se rappelle encore que seul Jackson, son malheureux rival démocrate, avait prévu des coupes de plus de 25% dans le budget de la Défense ?… Voilà qui donne à réfléchir. L’image de la sincérité passionnée à laquelle nous voulons tant croire masque une hypocrisie sans pareil. Pourtant, les constantes références d’Obama à Reagan aurait dû nous surprendre, non ? D’autant que ses objectifs restent les mêmes : les Etats-Unis sont l’Empire du monde. Les théâtres d’opération restent les mêmes : Bush avait prévu de rapatrier ses troupes vers l’Afghanistan, qui devait devenir le nouveau décor de son théâtre militaire. Obama, en une année, a fomenté plus d’attaques de drones Predator dans cette région que Bush en huit années… Attaques qui ont massivement assassinées des civils…

Et que penser de sa politique Proche-orientale ? Le 27 décembre 2008, Israël attaquait Gaza. Silence radio d’Obama. Ou plutôt, nomination de Rahm Emmanuel au poste de secrétaire général de la Maison Blanche, un farouche allié du camp Netanyahou. En 2009, une semaine après le discours du Caire, dans lequel Obama promettait de s’opposer à de nouvelles implantations, la coalition Netanyahou étendait les constructions de Jérusalem Est. A l’Automne, Hilari Clinton félicitait Netanyahou pour "les concessions sans précédents" que son gouvernement avait faites… Et claquait la porte d’une conférence de presse quand un journaliste osait l’interroger sur les contradictions évidentes entre sa prise de position et le discours du Caire…

L’essai de Tariq Ali, passablement documenté, mérite vraiment notre détour, tant il pointe, derrière Obama et l’obamania, cette politique généralisée de peau de saucisson devant les yeux qui fonde notre relation à un système démocratique dont on voit bien, aux Etats-Unis comme en France, qu’il a épuisé sa fonction historique. --joël jégouzo--.

 

Obama s’en va-t-en guerre, Tariq Ali, La Fabrique éditions, octobre 2010, 178 pages, 15 euros, ean : 978-2-358-720144.

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