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La Dimension du sens que nous sommes

Nicolas Sarkozy, le président qui n’avait jamais été président…

3 Mai 2012 , Rédigé par texte critique Publié dans #Politique

sarko-drapeauInsignifiant. Signifiant le pire plutôt, toujours, sans vergogne, sans mesure, approximatif et démagogue, osant un mensonge après l’autre, agitant le spectre de la peur, toujours, toujours menaçant, toujours comminatoire, mais ignorant fondamentalement qu’il aura été au pouvoir ces dix dernières années. Se plaignant donc, sans rire, des égarements de son prédécesseur, lui-même, sur l’immigration dont il aurait laissé filer les comptes, revenant, en creusant un trou politique (une fosse) de près de trente ans dans l’histoire, sur les égarements de François Mitterrand, accusant encore et toujours les 35 heures, que la droite avait tout loisir d’abroger tout au long de ses années de pouvoir et dont elle donne le sentiment de n’en avoir conservé les restes que pour les exhiber au gré de ses propres désastres et pour dissimuler ses insuffisances en matière de relance économique…

Un président sortant ignorant donc qu’il aura été le responsable de la décision politique ces cinq dernières années, et l’ignorant essentiellement, tant il semble avoir fait siens les conseils d’un Carl Schmitt, l’idéologue des droites les plus rogues, affirmant que l’homme du pouvoir autoritaire devait se comporter vis-à-vis de l’Etat comme si l’Etat n’était qu’une modalité de la politique, l’autre étant son constant effort pour rompre la communauté nationale, la diviser, la cliver. Le partisan, ainsi que le rappelait très à propos François Hollande. Un chef d’Etat partisan, nommant au gré de ses caprices, légiférant au gré de ses anxiétés politiciennes, qui aura finalement passé ses cinq années à fabriquer de l’opinion publique et quelle : celle qui le reconduirait dans ses fonctions –il le pensait du moins.

Un partisan œuvrant contre l’Etat lui-même, selon l’enseignement du même Carl Schmitt, confiscant les pouvoirs, combattant irrégulier, déloyal, conscrit du pire qui n’avait besoin que d’un récit de légitimation pour justifier ses actes et sa petite fabrique d’opinion, brandissant le chiffon de l’immigration érigée en souci majeur du peuple français quand ce dernier ne cessait d’exprimer son inquiétude devant la dégradation de l’emploi, sa peur devant la formidable montée en puissance de la précarité, sa détresse devant notre paupérisation forcenée !

Un président construisant jour après jour une légalité factice, un président en sécession, exactement comme le conseillait Carl Schmitt à l’homme que le Pouvoir inconditionnel tenterait. En sécession vis-à-vis de la communauté politique officielle et souveraine, à commencer par ses propres rangs, demain liquéfiés. Un président partisan, détaché de l’Etat, nécessairement conseillait Carl Schmitt, mais rattaché à une seule cause poursuivait-il : celle de la crispation identitaire. La crispation pour seule légitimité acceptable, prétendait Carl Schmitt, que le Chef de cet Etat autoritaire devra brandir comme supérieure à la légalité étatique. Tout le discours de Nicolas Sarkozy repose au fond sur cet imaginaire du partisan tel que le définissait Carl Schmitt, divisant, montant les français les uns contre les autres, et engagé dans un combat défensif (c’était exactement sa posture hier soir) : la défense d’une certaine idée française, nourrissant et circonscrivant son hostilité à ces français d’origine maghrébines, incroyablement rabattus sur une religion que l’on n’aura cessé cinq années durant de stigmatiser. Une hostilité technique, disait Carl Schmitt, technique parce qu’il s’agit simplement de créer les conditions de l’exercice d’un pouvoir autoritaire, c’est-à-dire politicien, pratiquant le media-activisme comme art du pseudo gouvernement, tant ce qui importe le plus aux yeux de ce type de pouvoir est la construction d’une opinion publique estropiée. Il est de ce point de vue incroyable de réaliser combien Nicolas Sarkozy aura été si peu président. Il le dit lui-même quand il parle du nucléaire par exemple, incapable de prendre non pas la décision qu’il feint de reprocher à François Hollande, d’affaiblir l’indépendance énergétique de la France, mais quand il avoue qu’il n’est pas capable d’impulser un souffle nouveau quand notre croissance, au bout du rouleau, exhibe à l’évidence la nécessité d’en finir avec son dogme imbécile et de profiter de cette crise non pas pour entamer une procédure de décroissance, mais au contraire, d’opérer au véritable rebond de cette croissance en assurant sa transition vers des activités économiques et industrielles capables d’assurer notre évolution vers un développement conçu en termes écologique et social. Mais non, voilà un président calfeutré derrière la décision d’experts en sécurité, sans vision pour l’avenir, confiant à ces experts non pas notre sécurité, mais la décision politique ! Un président incapable donc de fixer des axes d’avenir, le nez dans le guidon des sondages fabriquées, incapable d’orienter, d’impulser, incapable de tracer un autre chemin que celui de la division et de la précarité généralisée. Alors oui, il est sans doute temps de donner un locataire à l’Elysée, nous le méritons bien !

 

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