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La Dimension du sens que nous sommes

NEGRES ROUGES ET METIS BLANC.

4 Décembre 2010 , Rédigé par texte critique Publié dans #en lisant - en relisant

negres-rouges1.jpgUn roman du XIXème siècle. Un roman d’aventure. Une réédition. Un regard du XIXème sur la grande marche boitillante du monde occidental. Les sauvages, la nature, la civilisation, bonne et rédemptrice, pourvue qu’elle sache s’accorder de son propre sentiment de la nature…

La baie d’Hudson, le Canada. Villages de trappeurs et chercheurs d’or. Les Nez-Percés attaquent un brick. combats désordonnés, de soudards, abandonnant le feu dès qu’ils en ont l’occasion pour un galon d’alcool frelaté… Des ivrognes, des couards. Des fils d’esclaves ! Bientôt, pour les repousser, de bons indiens, les Chinouks, fiers, courageux, droits : la preuve, ils sont les alliés des blancs…

Poignet-d’acier est un métis. C’est le personnage central du roman. Courageux, un homme du grand air, pétri de bon sens. Les sauvages, ses frères, ayant tué une innocente, il n’aura de cesse de leur faire rendre gorge de leur crime contre-nature. L’occasion de nous promener parmi quelques tribus indiennes du Canada. Celle des Nez-Percés en tout premier, hôtes d’épais villages où les huttes paraissent plantées dans le plus parfait désordre. Les plaines qu’ils cultivent –mal- demeurent stériles. Les hommes vont dépenaillés, les femmes à demi vêtues, les enfants nus… Fort heureusement, au contact de la civilisation et faisant le tampon, ces métis dont le roman est peuplé, qui n’ont de cesse que de vouloir se racheter. De quoi au juste, sinon d’être des bâtards… Mais dans l’univers des sauvages, ils ont la qualité d’être comme un peu d’humanité éclairant leurs ténèbres.

Au loin l’homme blanc, bien évidemment "droit, mince, fier, svelte, de belle prestance. Son visage est agréable, de forme ovale allongée. Le front est découvert et couronné par des cheveux blonds, bouclés. Le nez est bien coupé, les yeux d’un bleu céleste, la bouche fine et bienveillante, la peau brunie par le hâle. Ses traits respirent l’intelligence, l’affabilité, l’enthousiasme. Sa voix est musicale…"

Les jeunes femmes métis, elles, ne sont belles que de pouvoir disposer, "de par le sang", de toutes les qualités des jeunes femmes de la noblesse, diaphanes et à la beauté mystérieuse…

Mais si l’intelligence des métis, héritée de leur sang blanc, les sauve de la bestialité où se sont enfermés les natives, elle ne leur permet cependant pas d’atteindre ces rives où l’humanité triomphe, qui restent l’apanage de l’homme vraiment blanc. En guise de rédemption, fuyant leurs femmes, ils épousent la guerre, au travers de laquelle ils peuvent espérer servir leur vraie humanité –blanche s’entend.

Présenté comme un roman d’aventure exaltant, par l’éditeur, sans autre regard critique, l’ouvrage détonne dans le champ éditorial : peut-on vraiment publier encore ce genre d’ouvrage sans prendre certaines précautions ?joël jégouzo--.



 

Les nez-percés, Drames de l’Amérique du Nord, Emile Chevalier, éditions Cartouche, octobre 2010, 248 pages, 19 euros, ean : 978-2-915842-69-2.

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