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La Dimension du sens que nous sommes

Monsieur Mandela, sous la direction de Paul Dakeyo

16 Juin 2014 , Rédigé par texte critique Publié dans #poésie

 
soweto-juin-1976.jpgMercredi 16 juin 1976. 8 heures du matin. Devant l’école Morris Isaacson, les élèves se rassemblent pour manifester contre la décision inique de Pretoria d’imposer l’afrikaans, la langue de l’apartheid depuis 1949, dans l’enseignement de l’histoire, la géographie, les mathématiques. Les élèves du lycée technique de Phefeni, en grève depuis trois semaines, les rejoignent. Ensemble, ils veulent investir le stade d’Orlando, marcher dans Soweto. La police quadrille les rues, lâche les chiens sur les enfants et, débordée, finit par tirer à balles réelles. Le premier enfant tué à 13 ans. Il se nomme Hector Pieterson. Assassiné dans le dos. Un photographe, Sam Nzima, prend l’image de d’Hector agonisant dans les bras de l’un de ses camarades : Mbuyisa khubu. On relèvera ce jour-là 575 morts. Des enfants. Un massacre. Un massacre d’enfants. Un massacre que Paul Dakeyo ne pourra plus jamais oublier et qui traverse de part en part la mémoire de cet hommage rendu à Monsieur Mandela. Un hommage qu’une cinquantaine de poètes déclinent, essentiellement francophones. Des voix que nous ne savons pas entendre d’ordinaire, de Côte d’ivoire, du Cameroun, de Mauritanie, du Congo Brazzaville, des voix habituellement tues par le glacis éditorial et médiatique. Des voix francophones pour faire entendre derrière le nom de Mandela l’immense révolte de l’Afrique noire. « Madia, Madiba. C’est la chanson des Zulus et des Xhosas », comme l’écrit Amadou Tidjane Tamé (Sénégal). Mandela réapproprié par cette Afrique aux dimensions de l’univers, Mandela dont le nom résonne comme un écho puissant, un cri offert à l’épreuve, le nom des hommes qui ont rejoint le camp de la Justice, de ceux qui maintiennent encore l’élan moral d’une humanité à la peine. Et nous rappellent au passage cette place que le français aura occupé dans les révoltes populaires. Soweto ! Soleils fusillés, comme se rappelle Dakeyo, ces enfants assassinés par centaines. Des voix qui célèbrent cette jeunesse jamais anéantie. Cinquante poète pour chanter l’Afrique du Sud, devenue le paradigme des luttes pour la liberté. Dans un monde toujours en proie à l’injustice, de voix quis e sont faites guetteur de l’aube ou du dernier soleil, l’ancien royaume Zulu comme une porte ouverte sur un chemin de résistance. C’est quoi l’humanité ? La marche est à reprendre, toujours.
 
 
Monsieur Mandela, poèmes réunis par Paul Dakeyo, éd. Panafrika – Silex / Nouvelles du Sud, mars 2014, 368 pages, 20 euros, ean : 9782912717955.
 
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