Mauvaise nouvelle d’Edward St Aubyn…
12 Mai 2012
, Rédigé par texte critique
Publié dans
#en lisant - en relisant
"Comment penser correctement son problème, quand le problème, c’est justement la façon de penser?" Le père de Patrick vient de mourir. Ce n’est pas une si mauvaise nouvelle que cela, après tout… Sauf que son fils doit récupérer le corps à New York pour le rapatrier à Londres. Sixième avenue, Quarante-deuxième rue, l’hôtel Chelsea, fréquenté par les pouilleux du monde entier : Patrick arpente comme un égaré les rues de la grosse pomme. Dans ce pays dont les habitants, accrocs à la diététique, visent l’immortalité, il explore les paysages de nos terreurs inavouées. Ville de tocards agressifs à ses yeux, bourrés d’amphétamines, de speed et de toutes les drogues imaginables. Impossible de rester propre dans ce ramassis d’opinions ressassées. A la morgue, il trouve son père emballé dans un papier de soie, comme un joli cadeau d’anniversaire. Il lui paraît nettement moins désagréable qu’à l’accoutumée. Patrick commande une incinération et pour tuer le temps, retrouve de vieux amis. Son revendeur de drogue, par exemple. Celui-ci vient de passer huit ans en HP : il avait fini par se prendre pour un œuf. Pendant huit ans, des infirmières l’ont nourri, lavé, habillé, sans jamais se douter qu’elles prodiguaient leurs soins à un œuf. Glorieuse démence : il a quitté l’hôpital psychiatrique sain d’esprit, pris un jour de panique à l’idée qu’on le casse par mégarde. Patrick récupère les cendres de son père dans une boîte qu’il trimballe dans les rues de New York, puis d’une soirée l’autre. Pour se rendre compte que les dépravations de la haute société ne l’amusent plus. Mais St Aubyn trouve le ton juste pour les stigmatiser.
Mauvaise nouvelle d’Edward St Aubyn, traduit de l’anglais par Sophie Brunet, (trilogie Patrick Melrose, t.2), éd. 10-18, coll. domaine étranger, juin 2000, ean : 978-2264028525.