MANIFESTE D’ECONOMISTES EUROPEENS (700) ATTERRES…
Crises et dettes en Europe, les fausses évidences enfin pointées du doigt par des économistes, conseillers à divers titres du Parlement européen !
Des économistes qui ont solennellement pris acte de ce que, malgré la crise de 2007 / 2008, les pouvoirs en place, particulièrement en France et au FMI, n’ont pas compris ses vrais enjeux, le Pouvoir de la Finance et sa capacité de nuisance étant restés intacts. En Europe même, les Etats ont mis en place des mesures déjà éprouvées dans le passé, sans aucune inspiration, et dont les seules conséquences ont été d’accroître l’instabilité et les inégalités…
Atterrés par ce constat, 630 économistes occupant en Europe des fonctions d’expertise ont tout d’abord signé un manifeste déposé entre les mains des pouvoirs publics européens. Rencontrant le plus parfait mépris de la part de responsables politiques supposés tout de même tendre un tant soit peu l’oreille, ils furent rejoints par une centaine d’autres spécialistes et rendirent public ce manifeste. Leur conclusion : il est plus qu’urgent d’engager un vrai débat public sur ces questions. La crise exigeait une refonte de la pensée économique, au lieu de quoi nous avons eu droit à des pantomimes et de jolis discours hypocrites, suivis d’aucune décision conséquente.
Le document publié par les éditions LLL récapitule les termes de ce manifeste, qui très pédagogiquement engage tout à chacun à mieux comprendre les mécanismes par lesquelles des évidences douteuses nous sont servies en vérités absolues. Parmi ces évidences, celle selon laquelle les marchés financiers seraient efficients.
On a ainsi voulu nous faire croire par exemple que les marchés financiers conditionnaient la régulation d’ensemble du capitalisme. Les Finances devaient même constituer le mécanisme d’allocation d’un capital plus efficace. Depuis trente ans, les politiques menées sont conformes à cette hypothèse, construisant un marché financier global où échanger toutes les catégories de titres.
Les difficultés venant, les partisans de cette hypothèse douteuse, Sarkozy et DSK en tête, ont puérilement interprété la crise comme l’effet de l’irresponsabilité ou de la malhonnêteté de quelques acteurs financiers qu’il suffisait d’encadrer et de remettre au pas… Mais qu’a-t-elle montré en réalité ? Le prix qui se forme sur un marché serait une bonne estimation de la vraie valeur d’un titre… En s’orientant en outre vers les produits les plus rentables, les marchés orienteraient positivement la production des Biens, procédant avec pertinence à la sacro sainte et bénéfique destruction positive nécessaire au bon fonctionnement du capitalisme de type fordien…
Mais en réalité, la concurrence financière ne produit pas de prix justes : elle conduit à des évolutions artificielles et la constitution de bulles financières, dont le seul but est de permettre d’empocher au passage des plus-values colossales, juste avant que la bulle n’éclate, voire dans l’espoir qu’elle éclate bientôt…
L’erreur, ici, évidemment volontaire, est de transposer aux marchés financiers la théorie des marchés de biens ordinaires, à savoir : la rustique loi de l’offre et la demande.
Car sur les marchés financiers, quand un prix augmente, on assiste non pas à une baisse, mais à une hausse de la demande… La hausse attire de nouveaux acheteurs qui viennent renforcer la hausse initiale. La promesse de bonus pousse en outre les traders à amplifier le mouvement, jusqu’à l’incident.
De sorte que la fonction essentielle des marchés financiers est de fabriquer des prix inadéquats. Il n’y a aucune efficacité à attendre des marchés financiers vers le reste de l’économie, bien au contraire ! Ils sont nécessairement source d’instabilité. La liste des bulles qui ont éclaté depuis vingt le confirme avec force - Japon, Asie du Sud/Est, Internet, marchés émergents, immobilier, titrisation…
L’instabilité financière qui accompagne nécessairement le fonctionnement des marchés financiers se traduit, inéluctablement, par de fortes fluctuations des taux de change, de la bourse, etc., loin des fondamentaux de l’économie dite réelle mais la contaminant en retour très rapidement. –joël jégouzo--.
Manifeste d’économistes atterrés, éd. Les liens qui Libèrent, nov. 2010, 70 pages, 5,50 euros, ean : 978-2-918597-26-1.