LIBYE : BAGATELLE POUR UN MASSACRE…
Dans quelques jours, dans quelques heures, des milliers de libyens vont mourir…
Le G20 s’y est refusé, l’Union Européenne lui a emboîté le pas : l’Europe n’aidera pas les libyens à se débarrasser de leur dictateur, mieux, elle n’empêchera pas Kadhafi d’écraser leur révolte dans le sang et le laissera tranquillement revenir au pouvoir, malgré les pseudos rodomontades et autres tartufferies de notre Matamore élyséen.
Car Kadhafi est son plus sérieux espoir de mettre enfin un terme à cette révolte arabe qui traverse le monde comme une onde de choc impétueuse. Aucun dirigeant d’aucune démocratie occidentale, solidaire de ce point de vue des pires dictatures, n’a en effet envie de voir cette rébellion des Peuples se propager. Déjà, voici qu’ils nous sortent de leurs chapeaux de vains commentateurs autorisés qui demain nous expliqueront à grand frais que c’est une solution de sagesse que de laisser des populations sans défense se faire massacrer par un tyran, que le pire, sans doute, aura été évité, à savoir, celui de voir une jeunesse par trop tumultueuse ouvrir de bien terrifiantes boîtes de Pandore… Demain on nous expliquera, à grands renforts de communications bouffonnes que cela valait mieux, oui, qu’il valait mieux se montrer prudent et que la Realpolitik devait de toute façon l’emporter sur nos émotions. Demain les affaires reprendront. DSK décernera de nouveau ses compliments au colonel pour la haute tenue de son économie, et dans son appel à la raison, ne manquera pas de souligner combien il est vain, sinon dangereux, de confier au Peuple les commandes des Affaires, quand des dirigeants toujours plus irresponsables savent toujours mieux les confisquer à leur profit.
Il faudrait donc accepter l’écrasement de la révolte libyenne. Une fatalité de plus sans doute, essaie-t-on de nous faire croire. A Bahreïn, déjà, avec l’aide de l’armée saoudienne, les opposants viennent d’être tirés comme des lapins. Des hommes sont morts parce qu’ils demandaient tout simplement plus de démocratie. Les Etats-Unis d’Obama ont salué discrètement cette reprise en main. Demain la bataille de Benghazi verra tomber des innocents par centaines. Dans quelques jours, dans quelques heures, des milliers de libyens vont mourir, des milliers d’autres seront déportés et la population vivra ensuite sous le joug d’un fou devenu furieux. Et les affaires reprendront. La "communauté internationale", son expression insensée, pourra de nouveau respirer. Plus difficilement pour la France peut-être, qui a fait semblant de s’avancer jusqu’aux portes du danger, sur le seul pari de redorer le blason d’un Président guignol qui, au prétexte qu’il savait ne prendre aucun risque (personne n’intervenant, la France s’en tiendra à ses seules absurdes rodomontades), a cru bon une nouvelle fois de gigoter dans tous les sens et nous faire prendre cela pour de la politique étrangère… Plus difficilement pour la France qui n’a cessé de se couvrir de ridicule, à l’image du granguignolesque BHL déguisé en Lord Byron aux portes de Missolonghi, bavassant de phrases creuses en déclarations malingres. L’heure est à la stupéfaction. Et à la honte. A l’inquiétude d’être français s’est substituée l’humiliation de l’être et d’accepter, toute honte bue, de nous laisser traîner dans la boue de nos immondes racines nationales racistes. –joël jégouzo--.
Image : Guernica, "La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements, c'est un instrument de guerre, offensif et défensif, contre l'ennemi" Picasso.