Les dioscures : le désordre fécond...
5 Juin 2013 , Rédigé par texte critique Publié dans #essais
Les Dioscures, Castor et Pollux, mais aussi, on les oublie souvent, Hélène et Clytemnestre, plus mystérieuses encore. Les Tyndarides… Tous enfants du roi de Sparte, Tyndare, selon Homère. Porteur du nom. Les Tyndarides… Mais Pollux serait le fils de Zeus. Léda, femme de Tyndare, violentée par Zeus ayant pris l’apparence d’un cygne, aurait pondu ses œufs. Aux dires de certains, à l'origine, chaque oeuf contenait un garçon et une fille. Castor et Clytemnestre, Hélène et Pollux. Léda elle-même n’en sait trop rien, le culte des Dioscures enfuit de la mémoire hellénistique.
Elle se rappelle simplement que fidèle épouse de Tyndare, elle sut, le jour où Zeus la contraignit à céder à ses ardeurs, s’accoupler avec son époux légitime pour mélanger son sperme à celui de Zeus, au risque de laisser naître des enfants mélangés.
Des enfants mélangés... Ce qu'on leur reproche, que l'on reprochera toujours dans la peur d'une souche défaillante.
Castor en tout cas, on sait en être certain, serait bien le fils du roi Tyndare, un mortel. Castor, mais non Pollux… Son jumeau pourtant… céleste. Enlevant bientôt les filles de Leucipe. Galopant à droite, piquant à gauche, tenant chacun sa chevaline.
Si l'ordre de la nature est moins assuré que celui de la Fortune, quelle cohérence construire ? Castor chevauche, emporté dans l'éclat immature, entraînant Pollux avec lui dans l'insouciance enfantine du combat.
"Jusqu'à quand nous autres vieillards serons-nous enfants?", écrivait Philon d'Alexandrie. Dans nos corps vieillissant, nos âmes abandonnées à l'inexpérience de la jeunesse, se plaignait-il encore, incapables de la surmonter tout juste dérivant au gré d'une immaturité que rien jamais n'enraye, jeunesse à jamais nue -comme l'écrivait Gombrowicz.
"Le corps a veilli, mais l'âme est restée naïve, abandonnée à l'inexpérience de la jeunesse." (Philon d'Alexandrie).
Castor donc, dans l'éternel enfance de Pollux, Hélène irresponsable, Clytemnestre accablée.
Les dyoscures, des enfants sauvages. Sauvageons.
Est-ce la multiplicité des formes de leur ascendance qui leur conféra cette riche théologie ? Jumeaux liés à la course solaire, ils naissent, meurent et se succèdent, éternels enfants aux identités incertaines. Les dioscures dont les traces ont été si mal effacées qu'on les retouve partout dans le monde et jusqua'au nôtre, sans que l'on sache si ces cultes sont analogues ou non.
Les dioscures, ces dieux des tombes, survivant ici et là dans l'aire chrétienne, brouillards épais dont on ne sait où se tourner pour en interroger les origines. Ou le sens.
Les dioscures, mtyhe parfait dont la postérité douteuse colle si bien au mystère !
Si bien qu'il ne reste aux uns et aux autres qu'à hasarder leurs hypothèses, toujours suspectes, nécessairement.
Les dioscures, ces paires non fixes de jumeaux aux vies alternées, on le voit bien, qui ne cessent de rendre problématique les questions de l'ordre et de la filiation. Ordonnés après coup parce qu'lls n'entraient pas dans l'ordre humain, alors que secrètement initiés au désordre plus fécond des sens humains...
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