LE TOURNANT INTELLECTUEL DES ETUDES POSTCOLONIALES…
18 Juin 2010 , Rédigé par texte critique Publié dans #IDENTITé(S)
La notion de Postcolonial paraît revêtir un flou conceptuel plutôt intéressant, qui en assure de fait la rentabilité épistémologique. Articulant l’ici et le là-bas, l’aujourd’hui et le hier, elle ne se conçoit que dans ces va-et-vient spatio-temporels, interdisant que l’on énonce l’approche en termes de système. On aurait ainsi plutôt affaire à une pragmatique, dédiée au monde en train de se faire. De l’aveu de ses auteurs (français), elle se décline comme un patchwork, ouvrant plusieurs perspectives à la fois, regards nomades instruisant des écritures nomades, en outre largement soumises à des effets de traduction. Une pensée éclatée en somme, une pensée du fragment. Les études postcoloniales forment ainsi une galaxie intellectuelle née de la circulation des savoirs entre les continents, et dont l’ambition n’est rien moins que de décentrer le vieux questionnaire des sciences humaines, pour installer au cœur de l’Académie un pluralisme épistémologique plus fécond que le verrouillage disciplinaire qui la rassure habituellement. Et installer du coup dans la maison universitaire d’autres interrogations et surtout : d’autres savoirs.
En France, pour être pratique, disons que ces études offre des chances nouvelles pour poser d’autres questions sur le problème de la banlieue, de la nation, de la citoyenneté ou de l’immigration.
Enfin, il est stimulant, pour ne pas dire réconfortant, de découvrir que, issues des périphéries (Palestine avec Edward saïd, Inde avec Homi Bhabha, etc.), accueillies par les grandes universités américaines, ce qui fait retour avec les études postcoloniales ce sont les pionniers français de la déconstruction des méta-récits occidentaux, à savoir : les Derrida, Lacan, Foucault, Deleuze. Ceux qui, en leur temps et contre l’arrogance d’un sujet universel enrégimentant le monde sous la botte du concept, n’ont cessé d’exposer ce sujet et ses concepts à l’Histoire.--joël jégouzo--.
La situation postcoloniale, de Marie-Claude Smouts, Presses de Sciences Po, coll. Références, sept. 2007, 456 pages, I.S.B.N. 9782724610406.
Les Subalternes peuvent-elles parler ?, de Gayatri Chakravorty Spivak, Traduction de Jérôme Vidal, Editions Amsterdam, coll. Provincialiser l’Europe, mai 2009, 112 pages, 13 euros, ISBN 978-2-915547-28-3.Newsletter
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