LE SIECLE SE PAYAIT DE PETITS ESCROCS...
9 Novembre 2009 Publié dans #en lisant - en relisant
Publié d’abord à Berlin en 1956, commencé en 35 et achevé en août 39, Feuchtwanger conçut Exil comme le roman historique de l’opposition allemande au nazisme, émigrée en France. Pour point de départ de cette immense fresque, il prit l’enlèvement du journaliste juif allemand Berthold Jacob par les SS et le rachat du journal d’opposition Westland par le IIIe Reich. C’est l’époque où les nazis exterminent leur opposition dans toute l’Europe sans trop se soucier de conséquences, les pays européens s’obstinant à les trouver fréquentables.
Le cadre est donc celui de la rédaction parisienne d’un journal de l’émigration allemande. Une poignée de personnages minutieusement décrits nous fait entrer dans l’intimité de cette émigration. Plongée dans la misère, c’est son inévitable dégradation sociale et morale que Feuchtwanger nous dépeint. L’exil, son ampleur, son étroitesse, nous est conté sans fioriture : la misère brise les vies. Déconvenues, ratages, rien ne nous est épargné de ces malentendus cruels où les vies basculent. Ni rien non plus du carriérisme qui sévit dans les milieux nazis parisiens, qu’ils soient du reste allemands ou français. Et ce qui fait la force narrative de ce roman : cette petite voix intérieure qui contamine tous les personnages, scrutant, soupesant les éléments de leur décision. Une petite voix envoûtante, qui refuse de se perdre. –joël jégouzo--.
Exil, Lion Feuchtwanger, traduit de l’allemand par Nicole Casanova, Editions du Félin et Arte éditions, coll. A la croisée, 4e trimestre 2000, 682p., 38 euros, EAN : 978-2866453831.
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