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La Dimension du sens que nous sommes

LE JOUR DES MORTS…

1 Novembre 2010 , Rédigé par texte critique Publié dans #essais

noir.jpgP-, sur la montagne, sa vie, ses gestes las.

Quelques mots nous sont venus ensuite.

 Nous parlions par exemple de cette frayeur animale devant le poids que la réalité sait prendre, parfois.

 

 

 P-, je l’avais trouvé vieilli, terriblement.

Comme nous marchions un jour

silencieusement

l’un à côté de l’autre : son souffle.

Ô son souffle.

 

 

 P- souffrant dans le noir qui s’abat.

Je le vois pleurer et doucement il s’affaisse.

Mais il n’en parle pas, se rappelle des histoires anciennes.

 

 P-. Je peux m’en approcher, m’en éloigner.

Et lui-même se laisser aller à ces écarts terribles.

Il y a quelque chose d’irrémédiablement compromis entre nos gestes.

Il y a quelque chose qui rend de l’un à l’autre tout passage impossible.

 

P- endormi.

Son corps frissonnant.

 J’aurais aimé le charger sur mes épaules, obliger la lumière à se ruer sous ses paupières, oublier cette défaite des yeux, des mains, l’erreur de confondre la nuit et l’éternelle nuit tandis que je le voyais marcher vers des heures infiniment plus brèves.

 

P- détourne le regard quand la nuit descend.

«Je ne rêve plus, me confie-t-il. Toutes les matières se heurtent à présent trop durement dans ma tête.»

 

Où donc fuit la lumière ?

 

 Puis un jour il s’en va, seul, tendre la main à Chaaron, entonner tout bas un chant que je ne connais pas.

 

 Devant la tombe le goupillon passait de main en main.

Le goupillon humide, rongé de tant de moiteur au creux des mains.

P- s’enfonçait de tout son long sous la terre.

 

Je me rappelle la gravité du maître de cérémonie, vêtu de gris, les yeux gris accrochés à sa montre, alignant les familles, mon père mort, invisible sous la terre.

 

Passer tout près, le croire, et puis un peu plus loin refermer la mémoire : on passe toujours si loin parmi ses gestes d’homme.

 

Non : commander aux choses, ne pas les laisser nous enfermer dans leur petit rire moqueur.

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