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La Dimension du sens que nous sommes

LA VOLONTE DU PEUPLE…

25 Novembre 2011 , Rédigé par texte critique Publié dans #Politique

aux-urnes-etc.jpgLa volonté du peuple, affirme-t-on, ne peut plus désormais, dans les démocraties modernes, s’exprimer que sous une forme politique. Le suffrage universel en serait même l’ultime, et peut-être la seule expression acceptable. Or, l’histoire a (trop) largement démontré déjà que le suffrage universel ne pouvait établir une identité entre la volonté des gouvernements et la volonté des gouvernés.

Mieux, ce que l’on ne cesse de nous asséner, cette forme exclusivement électoraliste de notre liberté politique, était défendue naguère par des théoriciens néo-fascistes tel que Carl Schmitt, affirmant par ailleurs que c’était pure folie que d’approuver la volonté du Peuple…

Pour ce même Schmitt, c’était l’identification et non l’identité qui caractérisait le mieux cette relation entre gouvernant et gouvernés. Et pour mieux rejeter toute identité de vues entre gouvernants et gouvernés, Schmitt dessinait les contours d’un pouvoir qui se serait énoncé à la première personne du singulier -Moi-je-, pour exprimer une volonté à ses yeux plus réelle que celle du Peuple, heureusement introuvable prétendait-il. Un pouvoir qui aurait su prendre des décisions personnelles et non publiques, pour incarner à travers cette décision privée la volonté populaire enfin révélée à elle-même…

Le décisionisme de notre actuel Président rappelle ainsi à bien des égards celui de Carl Schmitt, penseur du nazisme. Pour se parer de la tyrannie de la majorité, affirmait encore Schmitt, il faut subordonner l’idéal démocratique à des principes qui lui sont transcendants, seuls capables de garantir les libertés individuelles, y compris contre l’assentiment du Peuple. Ainsi pour Schmitt, mieux que la décision Publique, la voix du Chef d’Etat seule compte. Et surtout, espérait-il, qu’aucune astreinte démocratique n’impose de limites à l’exercice de son pouvoir, nécessairement placé au-delà des juridictions civiques, car ce n’est qu’à ce compte qu’un Chef peut régner et son Parlement fonctionner…

Et si l’on y tenait absolument, que l’opinion publique soit le lieu de la légitimité démocratique, plutôt que ces formes archaïsantes, complexes, chaotiques de l’expression populaire, telle une Constituante, ou la rue par exemple.

Or, faut-il le rappeler avec Guizot, que la souveraineté de droit n’appartient à personne ? Le parlementarisme, lors même qu’il répond encore à sa vocation première, ne peut conduire à aucune vérité : sa seule mission est le dialogue.

L’Etat français est aujourd’hui un système qui ne respecte plus ses propres principes et nous livre aux outrages de décisions iniques, autoritaires, prises dans le secret d’officines détachées de toute légitimité publique, celui d’un Etat qui ne cesse de mettre en avant sa prétendue morale mais qui a oublié toute morale, qui a surtout oublié que l’objet de l’intérêt moral c’est, ainsi que l’affirmait Emmanuel Levinas, l’Autre, "en tant qu’il figure non comme un élément à intégrer dans un système de savoir, mais comme un autre sujet ayant sa propre perspective et qu’il faut respecter". --joël jégouzo--

 

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