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La Dimension du sens que nous sommes

LA VIOLENCE COMME CONSOLATION

10 Octobre 2009 Publié dans #en lisant - en relisant

Le retour des Cendres de Napoléon est l’occasion, pour deux officiers de son armée, de ressurgir du passé. L’un hante ses souvenirs de campagnes, l’autre les salons mondains. Moments obligeants qu’alimente leur correspondance, à travers laquelle le roman s’énonce. Celui-ci s’ouvre ainsi sur une lettre du Général Dewaeghe, narrant sa course vers un bois sombre à dos d’un Trakehner, cet incomparable cheval des hussards.

Cette course était comme la charge d’un monde qui lui était devenu obscur. N’avait-il pas gagné, en combattant pour l’Empereur, l’illusion d’un monde clos, parfait ? Mais sa charge tourna court : il tomba, se blessa, gravement. Les lettres qu’il écrit s’ouvrent alors à une prise de conscience. L’épopée napoléonienne achevée, il comprend que son monde n’existe plus. Celui, précisément, que le roman tente de saisir, non sans longueurs parfois, mais avec tellement de talent. En le lisant, on ne peut pas ne pas songer aux chevaux de la peinture de Delacroix. A cette fascination qu’il partage avec lui pour l’élasticité charnelle de leur musculature, leur inépuisable énergie. L’Histoire de Mougaburu ce vieux grognard rescapé des champs de bataille où l’horreur le disputait à l’atroce, emprunte les mêmes motifs. Il n’est pas jusqu’à la langue qui le raconte qui ne soit contaminée par ce vocabulaire, que l’on jurerait tout droit sorti du Zarathoustra de Nietzsche. La volonté de puissance ne fait que se viser elle-même et s’épuise dans l’illusion de son triomphe. Violent et fragile, Mougaburu se rue sur ses adversaires dans l’exaltation d’une force obscure : une violence démesurée, monstruosité enfantée par les guerres napoléoniennes. Et meurt sans livrer aucun secret. –joël jégouzo--.

 

Mougaburu de Antoine Piazza, Editions du Rouergue, septembre 2001, 348p., EAN : 978-2-841-56319-7

Aujourd’hui :

Mougaburu de Antoine Piazza, Lgf/Le Livre De Poche, 2004, 286p., 6 euros

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