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La Dimension du sens que nous sommes

LA RAISON D’ETRE DE LA LITTERATURE, GAO XINGJIAN

24 Novembre 2010 , Rédigé par texte critique Publié dans #LITTERATURE

gao.jpgLes éditions de l’Aube ont réédité en 2008 le discours prononcé par le Prix Nobel de Littérature, le 7 décembre 2000. Un discours mesuré, qui s’efforçait surtout, contre ce que Gao Xingjian nommait le fléau de l’engagement, d’affirmer «la voix d’un individu». Ce qu’il fallait comprendre par là, l’entretien qui suivait le précisait. Nourri de l’œuvre de Gombrowicz, qu’il citait à de multiples reprises, Gao Xingjian refusait de mettre la littérature au service d’autre chose que d’elle-même, quel qu’en fut le prix à payer. Et le Prix Nobel de Littérature de stigmatiser, comme conséquence nécessaire de la position qu'il défendait, la "frustration" du monde occidental, plus attentif aux conséquences politiques de la réception de son œuvre en Chine, qu’à son travail d’écrivain. Cela dit, tout ne paraissait pas aussi clair dans son esprit. Dans la hiérarchie qu’il construisait, Gao Xingjian plaçait certes l’écriture au-dessus de la littérature, mais ne lui reconnaissait pour seule valeur que celle de «la vie». L’écriture fonctionnait ainsi sur le modèle romantique conventionnel, comme pure consolation si l'on veut, tout en restant soumise au vieux principe de réalité. Détachée du devoir de prétendre dire d'une quelconque manière le monde, mais lige de ses réalités... La quête de l’écrivain dès lors, ne cessait d’être, à ses yeux, celle du «réel», sans que l’on sût jamais ce qu’il fallait mettre sous ce vocable. De fait, l’écrivain oscillait-il lui-même entre l’amertume du dernier Mallarmé et l’enthousiasme de l’aventure proustienne. D’un côté l’écueil de l’art pour l’art (expression à laquelle le contraignait inopportunément son dialogue avec Denis Bourgeois), de l’autre une mystique de la litérarité que ce dialogue ne parvint jamais à dessiner. Une suite à ce dialogue aurait été heureuse, mais elle ne vint jamais…--joël jégouzo--.

 

La raison d’être de la littérature, Gao Xingjian, traduit du chinois par Noël et Liliane Dutrait, suivi de : Au plus près du réel, dialogues avec Denis Bourgeois, éditions de l’Aube, poche, réédition janvier 2008, 180p., 8 euros, ISBN : 9782752604095.

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