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La Dimension du sens que nous sommes

LA PATHOLOGIE SOCIALE DES ELITES SOCIALISTES

16 Avril 2013 , Rédigé par texte critique Publié dans #Politique

 

ayrault.jpg4,6 millions de chômeurs, 8,6 millions de pauvres. Plus de 2 millions de français au RSA…

10 millions de français touchés par la crise du logement, 3,6 millions de familles logées dans des conditions insalubres -chiffres communiqués par la Fondation Abbé-Pierre en janvier 2013. (Par parenthèse, l’INSEE a renoncé à faire ce genre de calcul depuis l’année 2004).

685 142 personnes "privées de domicile personnel" : 133 000 sans domicile, 18 142 en résidence sociale, 38 000 en chambre d'hôtel, 85 000 dans des "habitations de fortune" et 411 000 chez des tiers).

1 SDF sur 3 est un travailleur pauvre…

Et la grande parade maniaco-dépressive des patrimoines en petite tenue…

Au premier janvier 2013, le montant du Rsa a été augmenté de 1,75 %, pour compenser l’inflation. Ce qui veut dire qu’il n’a pas été augmenté. Une personne seule touche 483 euros, un couple avec enfant 870 euros. Manger ou se loger, il faut choisir…

Les inégalités se creusent –dixit le rapport sur la pauvreté remis au gouvernement en décembre 2012.

7 enfants de cadres sur 10 exercent un emploi d’encadrement quelques années après la fin de leurs études.

7 enfants d’ouvriers sur 10 occuperont presque toute leur vie un emploi d’exécutant sous-payé. Presque, parce que le reste du temps, ils connaîtront de longues périodes de chômage et de RSA.

Le même rapport évoque une situation dangereuse dans laquelle les situations d’exclusion explosent : "la massification de la précarité touche des ménages auparavant protégés"… "De plus en plus de jeunes adultes et d’enfants ne connaissent que la pauvreté comme condition et avenir"… "2 nouveaux pauvres sur 3 entre 2009 et 2010 sont des enfants de moins de 18 ans", "annuellement plus de 130 000 jeunes adultes de moins de 25 ans sortent du système scolaire sans aucune qualification"… "Avec des taux de pauvreté au-delà de 30 %, les familles monoparentales, les personnes immigrées et les personnes résidant en ZUS restent les plus exposées au risque de pauvreté monétaire ainsi que les chômeurs et les inactifs."

Inutile de poursuivre.

La transmission des inégalités est la norme française.

La grande transformation du capitalisme –la mondialisation- a engendré le chômage de masse, la paupérisation des classes moyennes, la polarisation des revenus, avec en haut de l’échelle des revenus qui explosent, et en bas une précarisation toujours plus grande.

Ce qui frappe au fond, c’est que tout cela s’est mis en place dans le début des années 80, quand les socialistes sont arrivés au pouvoir, portés par l’immense espoir social-démocrate qui tourna bientôt à la berlue social-libérale, avant de virer au cauchemar néolibéral.

Non qu’ils en soient responsables. Mais ce dont ils sont responsables, c’est de cette culture politique qu’ils ont contribué à asseoir.

Dans les années 80, il fallait rompre avec la rupture révolutionnaire, en finir avec la lutte des classes, réactualisée depuis par les nantis.

Leurrés par leurs propres ambitions et par des intellectuels à la remorque d’analyses sociologiques vite faites sur le coin des table du pouvoir, encouragés par des médias qui renonçaient à exercer leur rôle de contre-pouvoir, mystifiés par le mirage d’une société enfin "moyenne", ils n’ont pas voulu voir que la promotion sociale était finie, que le monde s’avançait vers un capitalisme plus sauvage que jamais.

Les Trente Glorieuses s’achevaient, les socialistes vivaient encore sur le mythe du rattrapage salarial et économique continu des classes populaires et moyennes, sur la chimère des théories du ruissellement selon lesquelles plus les riches s’enrichissaient, plus les pauvres voyaient leur condition s’améliorer.

toupie.jpgDes sociologues, Mendras en tête, leur prédisaient l’avènement d’une société sans classe, offrant de liquider non seulement l’emblématique lutte des classes, mais la compréhension de la société en terme de classes sociales. L’INSEE à la rescousse se mit à produire des modes de calcul farfelus pour valider l’hypothèse. Des outils conceptuels capables de tromper durablement les élites au pouvoir.

Il n’est que d’éplucher son compte de la fameuse classe moyenne, étendue à la quasi totalité de la population française et de le comparer aux chiffres têtus de la misère réelle en France pour le comprendre.

C’est que la structure sociale elle-même des pays européens changeait. Mais ce changement ne convenait pas à nos chères élites : le déclassement grignotait cette structure sociale et tirait un pays comme la France vers le bas, dès le début des années 80. Et ça, ce n’était pas envisageable. Ce qui est arrivé dans la fin des années 70, ce n’était pas exclusivement la fin des Trente Glorieuses, mais l’explosion du compromis social du capitalisme industriel, qui fragilisa à la marge tout d’abord, puis rapidement précipita des contingents entiers de générations dans la misère.

Mais ça, ce n’était pas un discours porteur. On préféra évoquer l’entrée dans la société de l’intelligence, de la connaissance, porteuse d’emplois hautement qualifiés, auxquels nous devions préparer les générations à venir.

Ce qui arriva fut atroce, littéralement : dans cette société de l’intelligence, les emplois d’exécution ont en réalité explosé, pour voir MacDo devenir le premier employeur de France. Les emplois créés dans cette société dite cognitive n’auront été en réalité que des emplois précaires non-qualifiés, ouvrant au confinement social, non à la promotion sociale.

L’empreinte de la mondialisation des échanges est hautement visible là, dans cette polarisation de la structure sociale et du marché du travail, avec d’un côté des riches de plus en plus riches et de l’autre, des pauvres jetés par millions dans les affres de la misère (voir Robert Reich, 1990). La précarisation était déjà à l’œuvre quand les socialistes sont arrivés au pouvoir. Ils avaient déjà un temps de retard sur le glissement en profondeur de la société française vers sa paupérisation. Depuis, la polarisation sociale a complètement remodelé notre structure sociale. Mais le discours de la classe politico-médiatique n’a pas changé, et l’identification subjective aux classes moyennes, qui est le produit typique de la culture des sixties, est restée la même. Un gouffre s’est ouvert. On nous y précipite. 

 

 

http://www.onpes.gouv.fr/IMG/pdf/rapport-pauvrete_gouvernement-decembre2012.pdf

rapport sur la pauvreté de décembre 2012

image : la toupie de Mendras…

 

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M
Tout ce que vous dites dans cet article, mon frère Joël, est vrai, mais ces critiques justes ne serviront, si elles ont un effet heureux, qu'à modifier un peu la sinusoïde qui se trace entre<br /> bonheur et malheur. C'est l'homme qu'il faut changer en profondeur et à cet égard je rappelle le Sermon sur la Montagne et son extension moderne: La Révélation d'Arès. Nous ne naissons déjà pas<br /> égaux: les uns très intelligents et avec une grande mémoire, les autres sans intelligence ni mémoire, vous n'empêcherez les inégalités entre eux que par le cœur, l'amour, pas par une politique plus<br /> juste, parce que la politique, même la meilleure, reste dans la sinusoïde bonheurmalheur. Il faut passer à autre chose et ça, c'est le rôle de la foi que la religion, mère de la politique<br /> d'ailleurs, a complètement oublié.
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T
<br /> <br /> sur l'égalité, le problème est simplement de savoir si l'état soit-disant démocratique veut signer sa conformité avec ses principes, qui sont de compenser les inégalités de naissance. Même la<br /> philosophie libérale, dans sa doctrine, ne dit pas autre chose que la nécessité du soin des plus faibles -le fameux take care, qui n'est pas une invention socialiste, mais libérale. L'état a<br /> vocation à ne pas engendrer de nouvelles inégalités de chances. Et quant à la question du politique, on peut très bien ré-articuler de nouevau la question de la polis à celle de la zoe, sans pour<br /> autant ramener sur le devant de la scène publique la religion.<br /> <br /> <br /> <br />