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16 novembre 2009 1 16 /11 /novembre /2009 12:06
Dans quelle société vivons-nous ? (1/10)

La gauche est à reconstruire. Est-ce si certain ?
Ou pour le dire crûment, de quoi avons-nous réellement besoin ?
D’une Gauche ou d’une vraie Opposition ?
Quoi qu’il en soit, il nous faudra d’abord trouver de nouvelles narrations politiques pour y parvenir, au sein desquelles la question du pouvoir sera la question la plus urgente à poser. Or si partout l’on peine à repenser cette question, peut-être est-ce parce que l’on ne dispose pas de moyens adéquats pour décrire la société dans laquelle nous vivons.
Comment la décrire ? Avec quels outils théoriques ?
Le problème serait-il toujours celui d’une régulation des rapports entre France d’en haut et France d’en bas ?
Mais depuis 1789, l’Etat n’est plus identique à la société et ne peut en conséquence la représenter. Et parce qu’il ne lui est plus identique, tout le problème depuis aura été celui de la limitation de son pouvoir. Or c’est en divisant ce pouvoir entre gouvernement et opposition qu’on a fini par le limiter convenablement. La vérité d’un état démocratique réside là : dans la nécessité d’un sommet contingent, labile.
Cette déstabilisation fondatrice de la puissance suprême est l’essence même du caractère démocratique de nos sociétés
, qui inclut dans le pouvoir politique la particularité de valeurs nécessairement opposées.
De sorte que ce qui est fondamental, en politique, c’est la fonction d’opposition.
Or en France, cette fonction n’a pas été assumée par la gauche socialiste. On peut en outre interpréter l’ouverture sarkozyste comme la volonté de mettre fin à cette vertu d’opposition sans laquelle aucune démocratie digne de ce nom ne peut survivre.
C’est pourquoi l’électorat a dû récupérer et devra récupérer demain pour son propre compte ce principe d’opposition.
En attendant, faut-il reconstruire une Gauche capable d’opposition ? Quand la social-démocratie que la Gauche de pouvoir nous a accommodée n’aura été qu’un social-libéralisme en trompe-l’œil ? Que faire de cette Gauche qui s’était convaincue depuis longtemps qu’elle ne pouvait changer la vie ? Que faire de cette gauche qui avait tenté de battre la droite sur son propre terrain : plus de richesse, moins de protection sociale. Que faire d'une gauche qui avait cru que la classe moyenne avait définitivement triomphé non pas de la misère, mais des pauvres ? Qui affirmait presque que nous allions enfin pouvoir, entre nous, redistribuer les parts du gâteau ? Déjà elle rêvait de conduire une politique soustraite du fardeau des pauvres. Un vrai Speenhamland dont l’idéal se mesurait à l’aune de la poussée de la précarité en France et de son acceptation : la dissolution du peuple de gauche. Dissolution aidée, accentuée par les médias (à coups de sondages d’opinion), lesquels, pareillement, n’ont plus voulu assumer leur fonction d’opposition pour goûter à leur tour aux ors du pouvoir...

Bande à part, de Jean-Luc Godard, 1964.
Deux jeunes marlous se hasardent dans un hold-up minable en compagnie d'une jeune fille candide – à voir comme un hommage aux séries B hollywoodiennes, plutôt qu’une allusion aux tentatives d’escroquerie minables sur la vie politique française contemporaine.
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