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La Dimension du sens que nous sommes

LA DECOLONISATION COMME PRIVATISATION DE LA COLONISATION...

16 Mars 2010 , Rédigé par texte critique Publié dans #IDENTITé(S)

Petite-histoire-des-colonies-francaises.jpgUne BD d’un drolatique consommé. En quatre volumes, soit une conférence d’une heure chaque fois, avec pour guide la caricature du Général de Gaulle, plus rubicond et roué que jamais, expliquant comment la décolonisation s’avéra être en grande partie la privatisation de la colonisation.
Accessoirement, "LE" Général nous explique comment la France, qui était un Empire fort de 12 millions de km2, devint au début des années 60 un pays tout à fait ordinaire. Oubliant certes au passage l’invraisemblable ré-élaboration de l’imaginaire français par ce même Général, "nous" consolant en nous faisant passer du mythe de la Puissance de l’Empire à celui de la Grandeur de la France, un thème qui lui fut cher, et pour cause ! Grandeur toute morale, intellectuelle, culturelle, sur laquelle il y aurait évidemment beaucoup à redire, destinée à faire passer la pilule de la perte de son rang par la France, dans le concert des nations… Croyance donc, sinon religion que cette grandeur, qui se sera au final largement diffusée dans toutes les couches de la population, relayée frénétiquement par son personnel politique et intellectuel.

Désopilante gageure au demeurant, que celle d’une BD tentant de remettre les pendules à l’heure en brossant à grand traits, dans ce tome 3, un large pan de notre histoire coloniale, depuis 14-18 jusqu’à la fin de la Guerre d’Algérie. Une BD Décousant tout de même avec hardiesse les poncifs, défaisant les préjugés, basculant la perspective pour raconter l’histoire du XXème siècle sous les hospices d’un processus qui se nommait colonisation.

Un processus au fond toujours sensible aujourd’hui : il n’est que d’avoir à l’esprit les Lois de 2007 du Gouvernement Sarkozy, jetant la suspicion sur tous ces français nés dans les anciennes colonies ou nés d’anciens colonisés enrégimentés par la France et qui se comptent en millions. Songeons aux 600 000 soldats africains de 14-18, tirailleurs sénégalais jetés en chair à canon dans la boucherie de Verdun, songeons à tous ceux qui par la suite furent incorporés (quel résonance étrange, quand on songe à ce fameux «corps français traditionnel»), puis débarqués dans ces colonies du bout du monde pour servir un combat qui n’était pas le leur…

Le chapitre 2 de ce volume est consacré à L’Indochine. Une création française datant de 1887, assemblant plutôt mal que bien l’Annam, le Tonkin, la Cochinchine, le Laos et le Cambodge… Une Indochine dont le glas sonna le 13 mars 1954 par l’attaque de GIAP sur DIEN BIEN PHU. Une cuvette qui, un tant, fut le lieu à la mode des salonards parisiens, se faisant déposés dans leurs costumes blancs impeccables pour un petit tour d’opérette précédant, toute honte bue, les largages du petit peuple, soldat de toutes les négritudes prises au piège d’une promesse identitaire truquée. 25 000 morts dans la cuvette. Ce chiffre devrait tout de même nous dire quelque chose. De tous les coins du monde. Pour une guerre qui, au final, généra 1 millions de réfugiés. En attendant que les USA n’y ajoutent les leurs au soir du 30 avril 1975.
joël jégouzo--.

PETITE HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES, Grégory Jarry et Otto T., tome 3, la décolonisation, éd. FLBLB, déc. 2009, 13 euros, isbn : 978-2-914553-66-7
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