LA COMEDIE DE LA LUTTE CONTRE LES PARADIS FISCAUX…
18 Mai 2010 , Rédigé par texte critique Publié dans #Politique
Les pouvoirs Publics donnent l’impression de vouloir lutter contre les paradis fiscaux, nous faisant oublier, rappelle Alain Deneault, que ce sont d’abord des juges qui furent mobilisés sur cette question dès 1996, à travers leur Appel de Genève. C’est que nos juges réalisaient qu’il leur fallait attendre des années pour obtenir une information juridique, sur des transactions exécutées en moins de 5 secondes…
Par la suite (en 2000), les paradis fiscaux devinrent un problème politique quand on s’avisa de mesurer leurs effets sur les économies du monde libéral. Les premières publications critiques virent alors le jour pour en dénoncer les dérives, dans le monde anglophone essentiellement. Puis furent établies les premières listes noires, dénonçant à la vindicte les places les plus stigmatisées. Mais très vite, Bush donna un coup d’arrêt aux investigations les plus sérieuses : dénoncer, on le pouvait, mais sanctionner, sûrement pas…
Dans la foulée et grâce à un lobbying subtil, méticuleusement démonté par Alain Deneault, les Bermudes et la Suisse se firent retirer de ces fameuses listes noires. Si bien qu’aujourd’hui la Suisse, par exemple, ne compte que 10 agents affectés à la surveillance des mouvements du tiers de la banque privée mondiale… Une farce.
Au cours de l’été 2009, la farce reprit : le G20 et l’OCDE exigèrent des états offshore, d’un ton commun et particulièrement virulent pour donner le change à une opinion publique agacée, l’accès à leurs comptes secrets. Mais du coup, l’on risquait de donner en pâture à la presse l’Europe des comptes à numéro… On se contenta alors de ramener la fameuse liste noire à une liste grise plus soft, dès la fin de l’été, et les Hedge founds (fonds d’investissements à risque), ceux-là même qui avaient ruinés nos banques, purent continuer à se faire enregistrer dans les paradis fiscaux assujettis à aucun contrôle d’aucun Etat constitué…
Enfin, le FMI de DSK édicta des règles dites de "bonnes pratiques", conditionnées à l’application volontaire des paradis fiscaux et autres acteurs offshore… On finit donc l’année sur une note optimiste : le FMI, l’OCDE et le G20 avaient fait leur boulot, ils avaient communiqué sur la question, laissant en sous-main des officines plus discrètes réduire le périmètre des comptes offshore aux occidentaux, autant qu’il était possible. Les listes noires, puis grises, furent soigneusement circonscrites, et dans les couloirs autorisés l’on se gaussait, ainsi que le rapporte Alain Deneault, parce que toutes ces grandes manœuvres n’avaient été en fait programmées que pour tenter de plumer la Suisse…--joël jégouzo--
Paradis fiscaux et souveraineté criminelle, Alain Deneault, La Fabrique éditions, avril 2010, 170 pages, 14 euros, ISBN-13: 978-2358720083.
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Pages
Catégories
- 511 Politique
- 486 en lisant - en relisant
- 292 essais
- 128 poésie
- 77 IDENTITé(S)
- 67 LITTERATURE
- 66 entretiens-portraits
- 53 DE L'IMAGE
- 50 essai
- 36 Amour - Amitié
- 16 théâtre
- 2 danse