TUNISIE, L’UE A JOUE UN RÔLE CLE DANS LE MAINTIEN DU REGIME DE BEN ALI
Le Réseau Euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) a rendu public, fin 2010, un rapport sur Les relations entre la TUNISIE ET L’UNION EUROPÉENNE en matière de droits de l’homme.
Dans un langage prudent, il pointe tout de même, après les déclarations, voire les contorsions badines de notre Président sur la question, la sérieuse défection européenne à l’égard du Peuple Tunisien.
D’autant qu’il fut rendu public au moment où Ben Ali criminalisait purement et simplement les activités de sensibilisation menées par les Défenseurs des Droits de l’Homme en Tunisie, criminalisation qui, bien sûr, ne fit l’objet d’aucune désapprobation européenne…
Ben Ali s’était pourtant engagé à respecter les libertés fondamentales conformément à la Charte des Nations Unies et à la Déclaration universelle des droits de l'Homme, allant jusqu’à signer un accord d’association avec l’UE, la Tunisie convenant que le respect des droits de l’Homme et des principes démocratiques inspirerait désormais sa politique interne et internationale… Lors du Sommet de l’Union pour la Méditerranée(2008), la Tunisie s’était du reste déjà engagée "à renforcer la démocratie et le pluralisme politique par le développement de la participation à la vie politique et l'adhésion à l'ensemble des droits de l'Homme et des libertés fondamentales". Bien évidemment, aucun des engagements relatifs aux réformes démocratiques et aux droits de l’Homme ne s’était concrétisé. Le rapport démontre même qu’au contraire, les autorités tunisiennes violaient de "façon systématique et soutenue" la plupart des droits et libertés qui faisaient l’objet de la coopération UE-Tunisie. Quant à l’UE, si le rapport ne fait que très diplomatiquement s’interroger sur son attitude face aux autorités tunisiennes, il n’en conclut pas moins qu’elle "aurait dû adopter un ton beaucoup plus ferme vis-à-vis des autorités tunisiennes compte tenu des violations flagrantes des droits de l’Homme et des engagements envers l’UE commises par celles-ci". Le moins que l’on puisse dire en effet, c’est que l’UE n’a guère veillé à la mise en œuvre de ses engagements face aux autorités tunisiennes… A titre d’exemple, le rapport cite l’engagement financier de l’UE contracté avant la fuite de Ben Ali à hauteur de 240 millions d’euros auxquels s’ajoutaient les promesses d’un prêt à long terme de 900 millions de dollars en provenance de la Banque européenne d’investissement, engageant scellé par l’enthousiasme d’une Union Européenne manifestant sans retenue sa satisfaction pour "l’excellente coopération avec ce très bon partenaire" qu’était alors Ben Ali ! Cela, malgré le constat exprimé dans les rapports de suivi annuels successifs de la Commission Européenne elle-même, selon lesquels l’UE n’avait pu déceler aucune avancée significative dans les domaines des droits de l’Homme, voire même en dépit du fait que les subventions qu’elle-même accordait aux ONG des droits de l’Homme tunisiennes demeuraient bloquées par Ben Ali et ses proches. Enfin, malgré l’absence totale de respect de ses engagements vis-à-vis de l’UE en matière de droits de l’Homme, l’Europe, à la remorque du RMI, consentit à travailler en direction d’un partenariat avancé avec la Tunisie ! Le rapport, savoureux, conclut preuves à l’appui que l’UE aura joué un rôle clé dans le maintien du régime en place… On comprend le peu d’empressement de notre chef d’Etat à applaudir la Révolution du Jasmin…--joël jégouzo--.
Le rapport passe en revue les textes, les mécanismes et les instruments principaux en matière de droits de l’Homme entre l’UE et la Tunisie. Il dresse un état des lieux du respect des droits de l’Homme et des principes démocratiques en Tunisie (notamment les libertés publiques, la torture et la question de l’impunité, la dépendance du judiciaire et les procès politiques, la loi sur la lutte contre le terrorisme, l’égalité hommes-femmes, les droits économiques et sociaux etc.) en mettant à la disposition du lecteur une liste de 42 "liens" Internet. Le rapport analyse aussi la mise en œuvre des politiques européennes en matière de droits de l’Homme dans les relations avec la Tunisie depuis 2007.
http://www.euromedrights.org/fr/index.php/news/emhrn_releases/61/3962.html