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31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 04:10

Ce n’est certainement pas un exercice auquel se plie volontiers l’historien, que celui de vouloir prédire l’avenir.
E. J. Hobsbawm, le père du Court XXe siècle, s’y est livré avec tout le scrupule de sa science, au cours d’une conversation certes informelle, mais menée avec le plus grand sérieux. Et plutôt que de se hasarder à parier sur un avenir incertain, sagement, mais avec une clairvoyance surprenante, il s’est contenté de dégager les tendances structurante du siècle qui venait, inscrites dans le présent parfaitement identifiable du siècle finissant.
De tous les indicateurs retenus au cours de cet entretien, deux se dessinaient comme particulièrement fondamentaux.
Le premier tient au hiatus ouvert entre logique du développement économique et logique politique. Selon Hosbawm, la faillite du fondamentalisme du marché nécessitait l’intervention conjointe et unanime des Etats. Mais ces derniers semblaient avoir perdu leurs moyens de coercition. On assistait même à une sorte de renversement historique : l’Etat moderne, parvenu à son apogée lorsque la protestation sociale s’y institutionnalisa, ne s’imposait plus avec la même évidence. Comment, dans ces conditions, ces états si peu souverains pourraient-ils contrer efficacement cette faillite et lui proposer une sortie pertinente ?
Second indicateur fort, dont nous entrevoyons mieux aujourd’hui les contours : l’individualisme liberticide qui régit les marchés et qui ne saurait en rien convenir aux exigences de la politique internationale. A quelques années de distance, la crise financière survenue, on ne peut qu’admirer la clairvoyance de l’historien !


Les enjeux du XXIe siècle, Eric J. Hobsbawm, entretien avec Antonio Polito, traduit de l’anglais par Lydia Zaïd, éditions Complexe, coll Questions à l’Histoire, mars 2000, 200p., 14,50 euros, EAN : 978-2870278123.

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