L’impossible insertion des jeunes issus de quartiers sensibles
31 Mai 2013 , Rédigé par texte critique Publié dans #Politique
Une récente étude de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles attire l’attention des Pouvoirs Publics sur la situation des jeunes adultes de ces quartiers, qui connaissent depuis dix ans des difficultés d’insertion croissantes, avec l’apparition d’un nouveau levier de discrimination : l’effet quartier, qui joue désormais à plein et vient s’ajouter aux problèmes des origines sociales, ethniques et aux faibles niveaux de formation de ces jeunes en quête d’emploi.
Cette étude montre que la détérioration de l’économie française a d’abord sur-pénalisé les habitants de ces quartiers, écartés sans ménagement du pacte républicain d’une démocratie qui n’en peut plus de trahir ses principes. Parmi ces jeunes, se sont évidemment les enfants d’ouvriers qui se voient majoritairement condamnés. Des enfants dont l’environnement familial a été exilé lui-même du marché du travail : en 2007, 60% d’entre eux ne pouvait prétendre disposer que d’un parent en situation d’emploi, l’autre n’ayant plus l’espoir d’en retrouver un… Cerise sur le gâteau : les jeunes issus de l’immigration non européenne sont les plus durement touchés. Leur cursus scolaire esr, de beaucoup, plus abrégé que celui des autres : 30% d’entre eux par exemple entrent en sixième avec au moins un an de retard et après la troisième, plus de la moitié d’entre eux se voit orienter vers des filières professionnelles, sans espoir d’y réussir puisque les portes leurs sont fermées en apprentissage ! Et pour les rares d’entre eux qui accèdent aux études supérieures, ils sont deux fois plus nombreux que les autres à quitter cet enseignement sans autre diplôme en poche que le BAC… Les cursus de formation professionnelle pour jeunes adultes sont également raccourcis, et quant aux conditions d’accès à un emploi, elles se sont pour eux affaissées dramatiquement. Plus exposés que les autres aux variables économiques, le fonctionnement du marché français de l’emploi les pénalisent sans état d’âme. De plus en plus nombreux à pointer au chômage, leurs risques d’accumuler plus d’une année de chômage a crû vertigineusement depuis 10 ans. L’étude observe en outre là aussi, sur le marché de l’emploi, la diffusion rapide de l’effet quartier, particulièrement délétère en ce qui les concerne : les employeurs écartent systématiquement les candidatures en provenance des quartiers dès qu’ils sont identifiés comme sensibles… La ségrégation sociale (le mot est employé dans le rapport) génère ainsi des effets territoriaux dramatiques, qui remettent plus que jamais à l’ordre du jour la nécessité d’une réflexion politique sur la géographie des politiques de la ville en France !
Observatoire national des zones urbaines sensibles, rapport de l’ONZUS 2012.
Bref du Céreq, n°309, avril 2013 issn : 2116-6110.
Photo : Association quartier sans cible : http://quartiersanscible.wordpress.com/page/38/
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