L’IDENTITE RESIDENTIELLE DE LA PETITE BOURGEOISIE INTELLECTUELLE…
8 Mai 2010 , Rédigé par texte critique Publié dans #Politique
Le renouvellement urbain, lancé sous le gouvernement de la Gauche plurielle dans le cadre de sa politique de la ville, contribua largement à transformer sociologiquement la population du cœur des villes.
Ainsi, ce que décrit le livre de Jean-Pierre Garnier, c’est aussi bien la mue du PS qui est allée en s’accélérant jusqu’à l’arrivée de Martine Aubry à sa tête.
Une mue caractérisée par l’abandon des couches populaires, faisant suite au naufrage des discours de transformation de la société. Cet abandon eut pour conséquences leur isolement radical, et pour ces couches démonétisées, la perte de conscience de leur existence collective. Exit les luttes urbaines des années 70, qui avaient pour objet la solidarité sociale. Les classes moyennes intellectuelles désertaient ces luttes pour toucher leurs dividendes, tandis que les mandarins universitaires de la Seconde Gauche ne cessaient de vanter les charmes de la réhabilitation, dissimulant sous leur bon goût une vraie logique de classe, confisquant "les espaces qualifiés pour les réserver à des gens de qualité", ainsi que l’analyse J.-P. Garnier.
Dans le même temps, cette Seconde Gauche évacuait de ses préoccupations la question sociale -les discours sur l’abstention des quartiers sensibles en sont aujourd’hui la survivance (par parenthèse, pour qui voteraient-ils, bon sang, ceux qui n’ont rien vu changer dans leurs conditions de vie malgré les promesses de la Gauche, comme de la Droite ?).
Or, tandis que la petite bourgeoisie intellectuelle se ralliait à la grande bourgeoisie spéculatrice, les effectifs des couches populaires ne cessaient de croître. De fait, la pauvreté s’étendait sociologiquement, rattrapant les fanges les plus modestes de la classe abusivement nommée moyenne, tour de passe passe de l’INSEE permettant de subsumer l’ensemble de la population française ou peu s’en faut, sous un vocable indolore, gommant à grands traits forcenés des aspérités pourtant criantes.
La petite bourgeoisie intellectuelle aura ainsi été, selon J.-P. Garnier, l’arme fatale qui permit (presque) de liquider les classes populaires. Spéculation immobilière aidant, la défaite de ces classes allait être totale –n’était la crise et son prétexte, faisant basculer toujours plus de monde dans les affres de la pauvreté, à un point tel qu’il est devenu difficile aujourd’hui d’en contourner l’angoisse. Ne restait aux petits bourgeois intellectuels qu’à revêtir leurs nouveaux oripeaux, taillés à leur juste mesure, exhibant leur identité résidentielle en lieu et place de toute identité politique. Le concept est fort, intéressant, et mériterait d’être creusé…—joël jégouzo--.
Une violence éminemment contemporaine , Essais sur la ville, de Jean-Pierre Garnier, Agone éditions, coll. Contre-feux, mars 2010, 254 pages, 18 euros, ISBN-13 : 978-2748901047.
http://www.assemblee-nationale.fr/12/rapports/r3675.asp
ASSEMBLÉE NATIONALE, N° 3675, Avis portant sur le Droit au logement Opposable, présenté par PAR M. JÉRÔME BIGNON, Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 7 février 2007.
Photo : jardin du Moulin, Paris XIII, Paris Masséna, Rive Gauche.
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