L’AMOUR COMME PASSION (NIKLAS LUHMANN)
12 Décembre 2009 Publié dans #Amour - Amitié
"L’AMOUR N’EST PAS SEULEMENT UNE ANOMALIE, MAIS UNE INVRAISEMBLANCE TOUT A FAIT NORMALE". (Niklas Luhmann)
L’étude de Niklas Luhmann est avant tout centrée sur l’analyse d'une sémantique destinée à illustrer sa théorie de la communication. L'auteur n'y fait ainsi pas l'histoire du sentiment amoureux, mais invite à comprendre comment les comportements amoureux sont inférés par des symboliques sociales et codifiés par des discours. Une problématique somme toute voisine de celle du Michel Foucault de l’Archéologie du savoir.
L'Amour est ici perçu comme un médium dont la tâche est d’opérer aux rétributions communicationnelles de l'individualité. Un médium dont l’évolution témoigne de l'émergence de l'intimité dans notre monde depuis le XVIème siècle. Evolution qui témoigne à ses yeux d'un "accroissement de vraisemblance de l'invraisemblable". Qu’entendre par là?
De l'Amour, Luhmann pose tout d’abord qu’il est une sorte de réponse à la logique de déliaison à l’œuvre dans toute liaison. Réponse qui normalise des structures culturelles et des liens sociaux toujours plus invraisemblables (la sociabilité facebook par exemple). Examinant l’évolution interne du médium — de l'amour courtois à l'amour romantique— Luhmann observe qu’à l'époque contemporaine, l'amour libre, indépendant, souverain, a fini par se confondre avec la quête de l’autonomie personnelle, voire de la revendication autotélique de son individualité, exprimant de la sorte avant tout la "validation de la présentation de soi". C’est réactualiser la thèse de Simmel, en l’approfondissant. L’horizon de l’amour-comme-passion serait ainsi celui de l’érection d’un Moi somptuaire où chacun, laissé seul face à lui-même, se trouve désormais aux prises avec un problème de communication obscur, sinon improbable (comment communiquer adéquatement sur ce Moi somptuaire ?). La société se trouve de la sorte confrontée aujourd'hui à une circulation des désirs où l'Amour-comme-passion impose un niveau d'exigence (de soi pour soi) toujours plus tendu, tout en produisant en retour des attentes presque toujours vouées à la déception (la passion amoureuse ne durerait que trois ans, selon certains). L'Amour-comme-passion, qui a permis ainsi le développement réflexif de l'intimité en la subsumant essentiellement sous son éclat sexuel, semble finalement peu apte à ‘soigner’ ce qui en est résulté…--joël jégouzo--.
Amour comme passion, de la codification de l’intimité, de Niklas Luhmann, Aubier Montaigne, janvier 1992, 300 pages, EAN : 978-2700734119, épuisé.
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